- Baptiste Gouret | Crée le 10.09.2024 à 16h43 | Mis à jour le 10.09.2024 à 16h43ImprimerLe collectif de Yaté, composé de membres des quatre tribus, a rencontré la présidente de la province Sud, Sonia Backès, ce mardi 10 septembre pour évoquer les difficultés engendrées par départ d’un médecin et d’un infirmier du CMS de Yaté. Photo Baptiste GouretLa commune va perdre l’un de ses deux médecins d’ici la fin du mois. Le second, âgé de 78 ans, pourrait lui aussi quitter le territoire. La province Sud va mettre en place des permanences menées par des médecins du Mont-Dore pour atténuer l’hémorragie. Mairie et coutumiers s’engagent, quant à eux, à assurer la sécurité du personnel soignant, cible d’insultes et de cambriolages ces derniers mois.
Le centre médico-social de Yaté va-t-il connaître le même sort que celui de Thio, fermé fin juillet en raison d’une insécurité persistante qui a fait fuir les effectifs ? D’ici la fin du mois de septembre, un de deux médecins du dispensaire de Yaté va quitter son poste. Le second, âgé de 78 ans, pourrait prendre la même décision. Même tendance du côté du personnel infirmier : un des trois infirmiers a déjà annoncé son départ d’ici les prochaines semaines.
Ce mardi 10 septembre, la présidente de la province Sud, Sonia Backès, recevait le collectif réunissant les membres des quatre tribus de Yaté pour trouver une solution à cette situation et éviter la création d’un nouveau désert médical. Au terme d’une heure et demie d’échange, "nous sommes à peu près satisfaits", a réagi Victor Gouetcha, maire de Yaté, à la sortie de la réunion. "La province Sud va faire le nécessaire pour qu’on ait quand même deux médecins sur Yaté."
Des médecins insultés et cambriolés
Du personnel soignant du Mont-Dore Sud va en effet être mobilisé pour assurer une permanence. Des consultations à distance devraient également être mises en place. "C’était important qu’on se parle pour que le collectif comprenne que la situation ne concerne pas que Yaté", a tenu à souligner Sonia Backès à l’issue de l’entretien. Outre la fermeture du dispensaire de Thio, la province Sud bataille pour maintenir en vie le CMS de l’île des Pins, menacé par le départ prochain de son seul médecin. "On n’arrive plus à faire tourner ces dispensaires tout simplement parce qu’on a de grosses difficultés de sécurité dans ces zones. Les médecins sont pris à partie, insultés, cambriolés, et ils ne veulent plus rester", déplore la présidente de la province Sud.
À Yaté, trois cambriolages ont été commis sur les habitations du personnel soignant depuis le début de la crise, le 13 mai. "C’est déjà très compliqué de trouver des médecins à l’échelle de la Calédonie, mais quand en plus les conditions de travail sont dégradées, on n’y arrive pas." Les coutumiers et la mairie se sont engagés à "garantir la sécurité du personnel, pas seulement les médecins, mais aussi les enseignants", a indiqué Victor Gouetcha. "Je pense que ça va aider à trouver des médecins", remarque Sonia Backès, qui met toutefois en garde : "Il faut que ça tienne. Je leur ai dit [aux membres du collectif NDLR] que si les prochains qui arriveront sont à nouveau cambriolés ou insultés, on n’arrivera pas à en trouver d’autres."
Les aides à l’installation ne suffisent plus
Depuis le déclenchement des violences il y a bientôt quatre mois, la province Sud a déjà recensé quinze désistements de médecins qui s’étaient engagés à venir en Nouvelle-Calédonie avant la crise. Le phénomène est toutefois loin d’être nouveau. À Yaté, "on a eu onze médecins en 2022, huit en 2023 et cinq depuis début 2024", dévoile Sonia Backès. Mais les actes de délinquance à l’encontre du personnel soignant renforcent sérieusement ces difficultés.
Et les aides à l’installation ne suffisent plus à attirer. "On fait à peu près tout ce qu’on peut pour l’installation des médecins : on leur paie le billet d’avion, la prime d’arrivée, on leur offre le logement… Mais ça ne suffit pas, regrette Sonia Backès. Les médecins veulent aussi une qualité de vie, et ça, ça n’appartient pas à la province Sud de la garantir, mais plutôt à la mairie, aux coutumiers et à la population."
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