- Anthony Tejero | Crée le 13.12.2025 à 13h22 | Mis à jour le 13.12.2025 à 13h39ImprimerEn Nouvelle-Calédonie, de nombreuses structures de soins et services d’établissements sont fermés, faute d’effectifs suffisants. Photo Anthony TejeroÉcœurés, lassés, en colère, en souffrance… Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier l’état des personnels soignants encore en poste dans les établissements de santé du pays qui font face à une "pénurie cataclysmique". Pour "stopper l’hémorragie", une intersyndicale interpelle les élus du Congrès pour sortir de leur "immobilisme" afin qu’ils votent enfin une mesure d’urgence proposée par le gouvernement depuis près de cinq mois. Sans quoi les Calédonien(ne)s en paieront "le prix fort".
"Pendant plus d’un an, nous avons absorbé et porté à bout de bras tous les maux de la santé en Nouvelle-Calédonie. Malgré la saturation hospitalière, les sous-effectifs et une qualité de soins indigne. Après la Covid, les émeutes, nous continuons de faire notre devoir, mais à quel prix ?" Ce énième cri d’alarme, ou plutôt de douleur de la profession, est poussé par Yannick Roudaut, au nom du Syndicat des infirmiers et aides soignants des urgences (SIASU) mais plus globalement de tous les personnels de santé, "épuisés et écœurés par le manque de considération des décideurs". Aux côtés de la Fédé et de l’UT-CFE-CGC, cette intersyndicale a convié la presse, ce vendredi 12 décembre, pour interpeller les élus, "lassée de leur immobilisme" face à une offre de soins qui, jour après jour, s’effondre un peu plus dans le pays.
60000 heures travaillées non récupérées
Pour étayer leurs propos, ces représentants de personnels en grande souffrance, ne manquent pas de chiffres qui ont de quoi donner le vertige. Rien qu’au centre hospitalier territorial (CHT), près de 65 000 heures de récupération n’ont toujours pas été prises cette année par les salariés(e) s, dont 30 000 heures rien que pour les infirmiers (soit 180 semaines de congés en attente). Un surmenage lié à la pénurie d’effectifs et à une désertion totale de soignants dans certaines communes de Brousse. À l’hôpital de Koné par exemple, dernière structure de soin digne de ce nom en province Nord, 60 % de la capacité d’accueil n’est plus assurée, faute de personnel. Un phénomène loin d’être isolé, puisque des dizaines de lits sont actuellement fermés dans tous les établissements territoriaux.

Nicolas Labenski (Fédé), Sonia Kabar (Fédé), Emmanuel Soria (UT-CFE-CGC), Michaël Crépin (UT-CFE-CGC) et Yannick Roudaut (SIASU) ont animé une conférence de presse, ce vendredi 12 décembre, au Médipôle. Photo Anthony TejeroUne situation connue de tous, pour laquelle les personnels de santé, tous secteurs et toutes spécialités confondus, se mobilisent de longue date, n’hésitant pas, en mai dernier, à faire grève pour interpeller les institutions. Huit mois plus tard, l’intersyndicale dénonce donc de nouveau "l’inaction" des élus, et plus particulièrement du Congrès, où repose un texte qu’attend avec impatience le secteur pour tenter de "stopper l’hémorragie". Car en juillet dernier, après avoir reçu des délégués syndicaux, le gouvernement a élaboré une première mesure d’attractivité en vue de maintenir en poste les soignants les plus expérimentés, également de plus en plus nombreux à partir. Et ce, à travers une bonification d’ancienneté pour les agents recrutés avant 2017, qui bénéficieraient également d’une prime de stabilité.
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Sauf que ce texte n’a toujours pas été adopté par le Congrès et n’est même pas inscrit à l’ordre du jour des prochaines séances prévues boulevard Vauban.
"Les soignants expérimentés vont perdre espoir"
De quoi susciter la colère et l’incompréhension des soignants. "Les élus doivent prendre leurs responsabilités au vu de la situation catastrophique que nous subissons tous, tant les patients que les personnels qui font face à une pénurie cataclysmique qui continue d’être extrêmement inquiétante, insiste Emmanuel Soria, infirmier en réanimation et représentants UT-CFE-CGC, pour qui ce texte est central si le pays veut garder les derniers "piliers" encore en service dans les établissements de soin. "Les maintenir est essentiel car cela permet d’assurer la qualité des soins, mais aussi de former les nouveaux arrivants, qui sont souvent des personnels sac à dos, qui ne restent que plusieurs mois. On a aussi besoin d’eux, mais ce n’est pas du tout suffisant. Or ce texte sur le bureau du Congrès, travaillé de façon conjointe entre les organisations syndicales, les employeurs et les élus fait consensus. Il n’est pas parfait, mais c’est une première mesure vitale. S’il n’est pas voté, malheureusement, on va continuer à avoir cette hémorragie et les soignants les plus expérimentés vont perdre espoir."
Tentatives de suicides et maladies
Autre inquiétude palpable chez ces représentants du personnel : le risque grandissant des dommages collatéraux en cascade générés par ces sous-effectifs chroniques, qui se font déjà sentir : les démissions, mais aussi des tentatives de suicide ainsi que de longs arrêts maladies, à la fois mentales et physiques.
"Ce vote serait déjà le signe que l’on nous prend en considération pour sauver le système de santé, poursuit Emmanuel Soria, qui juge bon de préciser que ce "cri d’alarme" envers les responsables politiques est poussé au nom de toute la population : Si les élus n’adoptent pas cette première mesure d’urgence, c’est un choix qu’il faudra assumer car ce sont les patients les plus fragiles qui en paieront le prix fort : les enfants, les femmes enceintes, ceux qui ont des accidents, les victimes d’arrêt cardio-vasculaire, Sans oublier les patients souffrant de dizaines et dizaines de malades chroniques."
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