- Anthony Tejero | Crée le 04.06.2025 à 11h56 | Mis à jour le 16.06.2025 à 14h15ImprimerMaéva et Manu sont "fiers" d’avoir participé à la conception des onze distributeurs de serviettes hygiéniques au lycée Jules-Garnier. Photo Anthony TejeroC’est l’aboutissement de trois ans de travail. Des élèves du lycée Jules-Garnier ont conçu onze distributeurs de serviettes hygiéniques qui seront installés dans des établissements de tout le pays. Une initiative impulsée par le gouvernement qui vise à lever certains tabous et libérer la parole autour des règles dans un contexte de crise où de plus en plus de jeunes femmes subissent la précarité menstruelle.
"Plusieurs jeunes filles ont des règles abondantes mais elles n’ont pas toujours les moyens d’acheter suffisamment de protections. La plupart d’entre elles ont même honte de venir en cours." Si Maéva Pacthé regrette les embûches que peuvent encore représenter les menstruations pour certaines adolescentes, cette étudiante en BTS au lycée Jules-Garnier n’est pas du genre fataliste. La jeune femme de 22 ans est "très fière" d’avoir contribué, dans le cadre de son cursus, à un projet innovant : la création de onze distributeurs de serviettes hygiéniques qui seront installés dans une dizaine d’établissements scolaires du pays. Une initiative portée depuis 2022 par de nombreux élèves et professeurs dont la présentation a officiellement eu lieu ce mardi 3 juin.
"C’est un dispositif important qui était vraiment nécessaire dans les lycées. La machine est très discrète, ce qui permet aux jeunes filles de pouvoir se fournir sans se sentir trop gênée, poursuit Maéva Patché, pour qui ce travail entre les différentes filières permet aussi de libérer la parole et ainsi lever des tabous, persistants, autour des menstruations qui posent encore bien des difficultés à certaines élèves. Il y a toujours de la honte sur ce sujet et pour certains cours comme le sport, ça devient compliqué à gérer. Lorsque leur famille ne peut pas acheter de protections, les filles se débrouillent avec les moyens du bord (du papier ou autre). Et avec la crise qu’on connaît depuis le 13-Mai, cette précarité s’est aggravée."
Parmi les élèves rencontrées au lycée Jules-Garnier, si les jeunes femmes saluent cette initiative, certaines ne cachent pas leurs réticences à l’idée même de devoir demander un jeton à l’infirmerie, démarche préalable nécessaire avant de pouvoir utiliser le distributeur. "C’est une très bonne idée car c’est vrai que ça manquait mais je ne suis pas sûre de m’en servir, confie Esméralda, 18 ans. Ce n’est pas facile d’aller en parler. J’aurais préféré que ce soit en libre-service." Un témoignage, loin d’être isolé, signe qu’il y a encore un long chemin à parcourir avant de banaliser le sujet du cycle menstruel.
"Un acte citoyen"
Et c’est tout l’enjeu de ce projet, impulsé par le gouvernement, qui a octroyé une subvention d’1 million de francs pour lancer la conception de ces distributeurs. "On a voulu proposer une démarche transversale au lycée Jules-Garnier, avec à la fois un aspect technique à travers la construction de ces distributeurs, mais aussi tout un volet de sensibilisation, avec notamment l’intervention d’associations venues dans les classes évoquer ce sujet de la précarité menstruelle mais aussi de l’éducation à la sexualité. Quelque part, ce travail est un acte citoyen qui permet de mettre un savoir-faire au service de valeurs, estime Isabelle Champmoreau, membre de l’exécutif en charge de l’enseignement, selon qui, entre la pandémie de Covid et les violences insurrectionnelles, la précarité menstruelle s’accentue crise après crise. C’est devenu un problème très important. C’est pourquoi on a créé le programme "la santé au féminin" pour lequel on travaille sur différents droits, dont celui de pouvoir se former sans obstacle parce que lorsqu’on n’a pas de protections périodiques, on peut être absent à l’école ainsi qu’à son stage pour le cas des lycées professionnels. Il s’agit donc aussi du droit à être respecté dans son corps."

Une cérémonie officielle de présentation des distributeurs avant leur livraison a été organisée, mardi 3 juin, par l’équipe pédagogique et les élèves du lycée Jules-Garnier. Photo Anthony TejeroC’est dans cette optique, que depuis quelques années, le gouvernement tente de multiplier les dispositifs, dont l’exonération de TGC pour les serviettes hygiéniques considérées comme produit de première nécessité ou encore le kit premières règles distribué aux élèves de sixième.
Briser certains tabous
"Tout cela s’inscrit donc un programme global de lutte contre la précarité menstruelle, mais pas seulement. Ce qu’on veut, c’est toujours proposer une partie sensibilisation avec les filles comme avec les garçons qui doivent également être associés à ces sujets, insiste Isabelle Champmoreau, qui confirme que les idées reçues et les tabous restent tenaces autour des règles et plus globalement des rapports intimes. Dans les établissements scolaires, notre plus gros challenge, c’est de parler avec les élèves de la question du consentement, de la contraception et de l’éducation à la sexualité de manière générale, avec encore une problématique autour des règles, c’est-à-dire des filles qui se sentent mal à l’aise face à ça, qui peuvent manquer l’école, ou qui ne viennent pas dîner à table dans certaines familles lorsqu’elles ont leurs menstruations. Autant de choses qui paraissent assez étonnantes à notre époque."
Quels lycées seront équipés ?
- Lycée polyvalent Jules-Garnier (Nouméa)
- Lycée Blaise-Pascal (Nouméa)
- Lycée Do Kamo (Nouméa)
- Lycée commercial et hôtelier Auguste-Escoffier (Nouméa)
- Lycée polyvalent du Mont-Dore
- Lycée Dick-Ukeiwë (Dumbéa)
- Lycée Apollinaire-Anova (Païta)
- Lycée professionnel Père-Guéneau (Bourail)
- Lycée polyvalent Michel-Rocard (Pouembout)
- Lycée professionnel Augustin-Ty (Touho)
- Le lycée professionnel et hôtelier Saint-Jean 23 (Païta)
Quelles filières ont participé à la conception des distributeurs ?

Plusieurs élèves ont assisté à la cérémonie officielle de présentation des distributeurs. Photo Anthony Tejero- CAP réalisations industrielles et chaudronnerie (Ric)
- Bac pro chaudronnerie
- Bac pro sciences et technologies du design et des arts appliques (STI2A)
- Bac pro sciences et technologies de l'industrie et du développement durable (STI2D)
- BTS technico-commercial conseil et commercialisation de solutions techniques (CCST)
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