- Anne-Claire Pophillat | Crée le 30.07.2025 à 19h16 | Mis à jour le 04.08.2025 à 14h18ImprimerLa convention de partenariat "Pro santé en sécurité" a été signée, ce mercredi 30 juillet, pour une durée de deux ans renouvelable. Un bilan de son application est prévu chaque année. Photo A.-C.P.L’État, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, la police nationale, la gendarmerie et les représentants des professionnels de santé ont signé une convention de partenariat, ce mercredi 30 juillet, visant à sécuriser l'exercice du métier de soignant. Parmi les mesures prévues : des formations, la mise en place de référents sûreté ou encore de bouton d’urgence dans les cabinets et officines afin d’alerter les forces de l’ordre situées à proximité. Explications.
"La première question que nous posent les médecins à leur arrivée sur le territoire, témoigne Bruno Calandreau, président de l’Ordre des médecins, est : 'Est-ce que je pourrais travailler en sécurité ?'" Cette interrogation, elle revient aussi chez les professionnels de santé qui exercent déjà sur le Caillou. La thématique de l’insécurité était d’ailleurs ressortie en tête des préoccupations des professionnels libéraux de santé interrogés dans le cadre d’une enquête de la Fédération, rappelle son président, Patrice Gauthier. "C’est un besoin de base pour travailler efficacement", pose Benjamin Bommart, président de l’Ordre des pharmaciens. Et un facteur d’attractivité.
"Les professionnels de santé exercent souvent dans des conditions difficiles, marquées par des actes de violence et de vandalisme à leur encontre, affirme le haut-commissaire, Jacques Billant, ce qui renforce la désaffection pour ces métiers." Car l’insécurité s’ajoute à un contexte peu favorable, marqué par la destruction de "60 structures" de santé pendant les émeutes, le départ de soignants, des difficultés économiques et sociales rencontrées par les collectivités et la population, sans compter une problématique forte de transport pour les patients.
Formations et sécurisation des déplacements et des lieux d’exercice
Alors pour garantir une meilleure sécurité des professionnels de santé sur le terrain, des représentants de l’État, du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, de la police nationale, de la gendarmerie ainsi que des professionnels de santé ont signé une convention de partenariat, ce mercredi 30 juillet, intitulée "Pro santé en sécurité". Le document prévoit la mise en place de plusieurs mesures visant à soutenir les soignants. D’abord sur le plan de la prévention, avec des formations à la désescalade des tensions, qui seront menées par le Raid et le GIGN, une sensibilisation à la culture kanak, son histoire, ses codes culturels et son approche de la maladie, et la possibilité de participer aux groupes opérationnels de la police (GPO) dans les quartiers sensibles.
L’autre axe concerne la sécurisation des déplacements et des lieux d’exercice. La police nationale est par exemple intervenue récemment à Rivière-Salée dans ce cadre. "On a eu des alertes sur des rassemblements à proximité du cabinet médical, témoigne la commissaire Anne-Gabrielle Gay-Bellile, directrice territoriale adjointe de la police nationale. Dans ce cas, on met des patrouilles une semaine durant sur le créneau mentionné pour rassurer les personnes." Dans le même quartier, un besoin similaire a émané de la pharmacie, celui "de pouvoir bénéficier de la présence des forces de l’ordre au moment de la fermeture de l’officine le soir", complète Jacques Billant. Bruno Calandreau, le président de l’Ordre, compte également sur la convention pour permettre à SOS Médecins, "qui a dû renoncer aux visites de nuit entre 22 heures et 5 heures", de pouvoir élargir ses horaires d’intervention.
Référents sûreté et aménagements de boutons d’urgence
La convention de partenariat instaure des référents sûreté au sein de la police et de la gendarmerie, listés dans un annuaire qui va être diffusé à tous les professionnels, afin que chacun puisse identifier son interlocuteur pour le contacter en cas de nécessité. Ces référents pourront procéder à des visites des structures médicales en vue de conseiller les professionnels sur les aménagements possibles, comme la mise en place d’un bouton d’urgence, "qui permet d’alerter directement le commissariat ou la brigade de proximité", précise le haut-commissaire. Les soignants pourront également s’inscrire sur les listes prioritaires de réponses aux appels, et un accueil privilégié leur sera réservé pour leur dépôt de plainte.
Une crise sanitaire "profonde"
Le haut-commissaire Jacques Billant considère que la Nouvelle-Calédonie traverse une crise sanitaire "profonde". Le territoire "souffre d'une baisse d'attractivité pour les personnels soignants, en particulier en province Nord et sur la côte Est, et la crise de 2024 n'a pas manqué d'amplifier cette situation", en provoquant des départs de professionnels qui n'ont pas été remplacés. Jacques Billant évoque, depuis mai 2024, la perte de plus de 17 % des médecins, soit une baisse de 145 praticiens recensés entre avril 2023 et juillet 2025. Et la tendance se poursuit au premier semestre, ajoute le représentant de l'État, "ce qui renforce les difficultés rencontrées par les hôpitaux et les services de santé provinciaux". Concernant les infirmiers, il en manquerait 200 sur l'ensemble du territoire. 30 chirurgiens-dentistes sur 230 se sont également radiés de l'Ordre. Cela a entraîné une réduction de l'offre de soins, en particulier en province Nord et aux Îles. Dans le Grand Nouméa, certains quartiers populaires "ne sont pas épargnés" et se retrouvent sans offres de proximité, indique le haut-commissaire, qui rappelle que 60 structures de santé ont été détruites pendant les émeutes.
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