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    Nouvelle Calédonie
  • Julien Mazzoni | Crée le 15.02.2025 à 13h05 | Mis à jour le 15.02.2025 à 13h05
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    L’utilisation de l’intelligence artificielle en milieu professionnel se développe. Photo Julien Mazzoni
    De plus en plus de personnes font appel à l’IA (intelligence artificielle) dans le pays comme dans le reste du monde, que ce soit pour effectuer de simples recherches ou pour les aider dans des tâches professionnelles. Une pratique qui est appelée à se développer sur le Caillou dans les prochaines années.

    Depuis quelques années, l’intelligence artificielle est au cœur de débats parfois passionnés. Outil révolutionnaire qui libérera l’humanité de tâches contraignantes et fera faire des bonds en avant à la recherche pour certains, source d’inquiétude pour d’autres qui l’associent à l’essor des fausses informations et de dérives sociales et éthiques. L’IA prend de plus en plus de place dans tous les domaines : au bureau, dans les administrations, à la maison et même dans les cabinets médicaux. Alors que vient de se tenir à Paris un Salon international sur l’intelligence artificielle, quelle place occupe cet outil en Calédonie ?

    La plupart d’entre nous avons déjà demandé à Chat GPT (le plus utilisé des robots de conversation) de nous donner la recette du porc au sucre ou de répondre à la question "quel est le sens de la vie ?". Des usages personnels qui se développent de plus en plus, et qui tendent même à détrôner Google pour effectuer des recherches simples. Selon une enquête du site The Information, en septembre 2024, 77 % de ses abonnés privilégiaient des produits d’IA générative à Google pour certaines requêtes.

    Mais l’intelligence artificielle est de plus en plus présente dans le monde professionnel. Le Caillou n’échappe pas à la tendance.

    "Ça me fait gagner un temps fou"

    Lucile, responsable d’exploitation dans une société numérique, l’utilise quotidiennement pour ses recherches personnelles et plusieurs fois par semaine dans le cadre de son activité. "Souvent c’est quand j’ai besoin de rédiger des contrats, je lui demande de me préciser des clauses, raconte la jeune femme. Il faut être assez précis dans sa demande, mais ça me fait gagner un temps fou."

    Cependant, elle n’est pas encore convaincue par toutes les fonctionnalités, notamment lorsque les demandes concernent des particularités locales. "C’est quand même devenu pour moi un outil incontournable, l’IA me fournit énormément de contenu que j’adapte à la Calédonie", poursuit Lucile.

    Nous n’en sommes qu’aux balbutiements de l’utilisation de l’IA en milieu professionnel, mais je suis convaincu qu’elle va fondamentalement changer la façon dont on travaille dans certains métiers.

    À la Chambre de commerce et d'industrie, on l’appelle "Monsieur simplification". Le vice-président de la Chambre, Stéphane Yoteau, ne tarit pas d’éloges sur l’intelligence artificielle. "Nous n’en sommes qu’aux balbutiements de l’utilisation de l’IA en milieu professionnel, mais je suis convaincu qu’elle va fondamentalement changer la façon dont on travaille dans certains métiers."

    La CCI organisera à ce sujet un séminaire "d’introduction pour l’utilisation de l’intelligence artificielle pour les professions juridiques". Il aura lieu le mardi 18 février en l’auditorium de la Chambre. "On va travailler sur des thématiques professionnelles. Une cinquantaine d’avocats, de notaires et autres professions juridiques vont y assister. On évoquera d’abord ce qu’est l’IA et ensuite les cas d’usage appliqués aux métiers concernés", annonce Stéphane Yoteau.

    Une autre rencontre sera organisée par la CCI le jeudi 20 février, dans le cadre de ses Rendez-vous de l’économie, sur le thème "Optimiser la performance de votre entreprise grâce à l’Intelligence artificielle générative". Cet événement sera ouvert au public (à 18 heures, en l’auditorium). Enfin, un séminaire sur l’utilisation de l’IA dans la gestion administrative se tiendra le 6 mars à la Station N, avec la présence d’un expert qui présentera des cas d’usage précis.

    Le gouvernement veut "une stratégie IA en Calédonie"

    Car la CCI n’est pas la seule à s’intéresser de près à cette technologie et à son application dans le domaine professionnel. Christopher Gygès, membre du gouvernement en charge du numérique souhaite mettre "rapidement sur pied une stratégie IA en Calédonie. Car ça évolue très vite, de jour en jour". Il est convaincu que l’utilisation de l’IA, notamment dans les domaines de la mine et de la métallurgie permettrait d’y "améliorer la compétitivité sur leurs process, sur la qualité du métal en fonderie et d’optimiser la ressource".

    Une technologie que le gouvernement affirme avoir déjà expérimentée en interne pour synthétiser des rapports par exemple ou effectuer des recherches juridiques. "J’ai demandé il y a quelque temps à Chat GPT de retrouver une ancienne délibération pour laquelle on avait des problèmes d’application en Calédonie et de m’indiquer les points juridiques à régler. Il m’a sorti en dix secondes une note que ma direction juridique a mis trois mois à faire…", illustre Christopher Gygès.

    Alors l’IA est-elle amenée à remplacer progressivement les humains ? "Il faut garder son sens critique et vérifier ce qui est dit par l’IA, tempère le membre du gouvernement. L’humain restera important. C’est une nouvelle révolution industrielle que l’on vit. Il va falloir apprendre à utiliser cet outil, une adaptation des métiers est indispensable."

    Selon un récent rapport du Forum économique mondial, d’ici 2030, l’utilisation des IA devrait conduire à la suppression de 92 millions d’emplois dans le monde, notamment dans le secteur des banques, des services postaux, de la vente au détail, où les algorithmes automatisent des tâches réalisées jusqu’à présent par des humains. Dans le même temps, le rapport prévoit la création de 170 millions de postes, essentiellement dans les secteurs technologiques (métiers liés à l’intelligence artificielle, à la robotique, à la cybersécurité, à la gestion des données…).

    Le secteur médical en demande


    L'IA pourrait s'avérer utile et complémentaire de la télémédecine, notamment dans le Nord et les îles. 

    S'il est un domaine où l'IA prend de plus en plus de place dans le monde c'est aussi celui de la médecine. Au Médipôle, l'intelligence artificielle ne fait pas encore partie de l'usage mais la demande existe et on ne cache pas son souhait d'investir dans ce domaine.

    "C'est une aide qui va devenir essentielle par rapport à l'isolement et au manque de moyens des hôpitaux", explique une source hospitalière. "Ça permettrait de considérablement améliorer les process des hôpitaux, admet Christopher Gygès, et de renforcer la téléconsultation dans le Nord et les Îles, en situation de désertification médicale."

    Pour le 18e gouvernement, dans ce domaine aussi, "il faut bâtir des stratégies et répondre au plan mis en place sur le plan national pour être aux avant-postes sur l'IA. C'est une stratégie que je souhaite proposer très rapidement", promet le membre du gouvernement.

    Quel impact environnemental ? 

    Il est important de souligner un bémol qui rend l'utilisation massive de l'IA difficilement conciliable avec la lutte contre le changement climatique. L'IA nécessite en effet une puissance de calcul considérable, donc une consommation énergétique élevée. Par exemple, une requête Google simple génère environ 0,2 gramme de dioxyde de carbone et une requête ChatGPT, 0,382 gramme.

    Selon un rapport d'avril 2023 de l'Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) et de l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) "en 2020, le numérique a généré 17,2 millions de tonnes de CO2, soit 2,5 % du total des émissions de CO2. Ce chiffre devrait atteindre 25 millions de tonnes en 2030 et 49,4 millions de tonnes en 2050 si rien n'est fait pour faire baisser la courbe ".

    À l'horizon 2030, le trafic de données devrait être multiplié par six et le nombre d'équipements devrait être supérieur de près de 65 % par rapport à 2020. 

     

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