fbpx
    Nouvelle Calédonie
  • Anthony Tejero | Crée le 17.12.2025 à 17h31 | Mis à jour le 17.12.2025 à 17h31
    Imprimer
    Virginie Barreau, déléguée syndicale, et Nicolas Nielville, délégué du personnel, tous deux employés à l'OPT, ont convié la presse mercredi 17 décembre. Photo A.T.
    Les élus du Congrès doivent examiner, jeudi 18 décembre, un projet de loi "pour une meilleure connectivité", qui vise notamment à ouvrir la voie aux opérateurs satellite comme Starlink sur le Caillou. Sauf que ces offres pourraient bien s’emparer de la téléphonie mobile en plus de l’Internet fixe, sans que ces sociétés ne génèrent aucune activité et aucun revenu localement. C’est ce que dénonce l’UT-CFE-CGC, selon qui un tel modèle pourrait rapidement sceller "la fin" des services publics de l’OPT et menacer ses 1 200 emplois, à moins d’accepter que le contribuable paie plus d’impôts pour maintenir à flot les infrastructures de télécommunication du pays. Explications.

    Le projet de loi pour "une meilleure connectivité", qui sera examiné jeudi 18 décembre par les élus du boulevard Vauban, est-il une fausse bonne idée pour la Nouvelle-Calédonie ? L’UT-CFE-CGC en est plus que convaincue, redoutant en cas de vote de ce texte porté par Christopher Gygès, un effondrement de l’OPT et de ses services publics. En clair, ce projet de loi qui vise à autoriser l’arrivée d’opérateurs satellite haut débit tels que Starlink dans le pays, validé par le gouvernement en novembre 2023, a suscité une levée de boucliers de la part des syndicats, ce qui explique notamment pourquoi le texte a mis plus de deux ans avant d’atterrir sur le bureau du Congrès. Le texte a ainsi évolué par rapport à sa mouture initiale, protégeant notamment l’OPT pour la partie téléphonie mobile. Mais, ces changements ne changeront rien au fond du problème, à en croire l’UT-CFE-CGC.

    "Ouverture totale, frontale et brutale de la concurrence"

    "Le texte prévoit que Starlink puisse seulement opérer librement son service d’Internet fixe, sauf que cet opérateur satellite proposera bientôt des services de téléphonie mobile accessible à n’importe quel smartphone avec des performances similaires à la 4G. Une convention entre Starlink et Apple est d’ailleurs en cours de discussion afin que les derniers Iphone aient une connexion satellitaire intégrée. L’amendement du projet de loi qui vise à protéger le service mobile de l’OPT devient donc caduc, alerte Virginie Barreau, membre du syndicat et représentante du comité d’entreprise de l’OPT, qui n’y va pas par quatre chemins : si ce texte est voté par le Congrès, c’est la mort de l’OPT à terme, car cela va acter une ouverture totale, frontale et brutale à la concurrence avec des conséquences qui n’auront pas été anticipées."

    Pour le syndicat, l’ouverture sans garde-fou à des opérateurs satellitaires comme celui d’Elon Musk menace à moyen terme les 1 200 salariés de l’office et les mille emplois indirects qui en dépendent, puisqu’ils pourraient provoquer "la fin" de ses missions et services de proximité, alors qu’il faudra toujours financer le maintien des infrastructures de télécommunication dans le pays jusque-là entretenues par l’OPT sur fonds propres.

    Vers une hausse des impôts pour le contribuable ?

    Pour étayer son argumentaire, l’UT-CFE-CGC s’appuie sur une étude indépendante réalisée avant les émeutes par le Cabinet DME, de l’économiste Olivier Sudrie, sur les effets à long terme de cette ouverture totale du marché calédonien aux opérateurs satellitaires tels que Starlink. Résultats, d’ici 2030, le gain en termes de pouvoir d’achat pour les Calédoniens serait d’1,8 milliard de francs. Néanmoins, il faudrait lever près de 7,4 milliards de francs d’impôts supplémentaires pour subventionner les services et infrastructures de l’OPT. Et ce, à l’heure où le pays et les collectivités sont frappés par une crise économique sans précédent. "Au final, la promesse ne sera pas tenue pour le consommateur qui sera perdant. Car l’augmentation de la fiscalité nécessaire pour financer les subventions d’équilibre serait quatre fois plus importante que la baisse des tarifs d’accès à l’Internet induite par la concurrence, insiste Virginie Barreau. Autrement dit, demain, il faudra lever bien plus d’impôts auprès du contribuable. Or, les foyers imposables étaient au nombre de 50 000 avant les émeutes. Aujourd’hui, on estime ce chiffre à 30 000 foyers imposables, sur qui reposera cet effort."

    Le syndicat plaide pour un partenariat

    Pour autant, l’UT-CFE-CGC n’est pas opposée à l'ouverture à la concurrence, en particulier pour améliorer la couverture dans les zones blanches, mais le syndicat plaide plutôt en faveur d’un modèle qui contraindrait les opérateurs satellitaires à travailler en partenariat avec l’opérateur public. Un choix déjà fait par l’OPT en Polynésie française avec la société européenne One Web, pour garantir des "retombées économiques suffisantes" au Fenua. "OneWeb vend ses services d’accès à Internet à haut débit aux gouvernements et aux opérateurs télécoms. C’est un modèle plus vertueux pour sécuriser les rentrées fiscales et l’emploi local, tout en générant de nouveaux revenus via l’hébergement et la maintenance de relais de communication, détaille Nicolas Nielville, délégué du personnel de l’Office au sein de l’UT-CFE-CGC, qualifiant ce partenariat de "gagnant-gagnant" à la différence du modèle de Starlink, qui ne génère aucun revenu et aucun emploi localement en entrant en "concurrence frontale avec les opérateurs historiques sans contreparties."

    "On perdrait notre souveraineté dans les télécommunications"

    Pour l’UT-CFE-CGC, s’opposer à ce projet de loi de pays est aussi "essentiel" pour conserver la "souveraineté" de la Nouvelle-Calédonie sur ses télécommunications, à l’heure où les géants mondiaux tels que l’opérateur Starling d’Elon Musk ont une emprise grandissante sur le marché planétaire. "Imaginons que demain, on laisse Starlink opérer librement dans le pays et que les consommateurs basculent tous vers cet opérateur. L’OPT n’aura tout simplement plus les moyens d’entretenir ses infrastructures et on perdrait notre souveraineté, insiste Virginie Barreau, pour qui le pays ne doit pas être à la merci de telles sociétés. Imaginons maintenant, dans ce contexte, que le modèle économique de Starlink s’écroule. L’opérateur s’en va et nous laisse tomber. On n’aura plus du tout les moyens d'entretenir à nouveau nos infrastructures. Ce serait une catastrophe pour l’économie, les consommateurs, les utilisateurs, pour tout au final."

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS