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    Nouvelle Calédonie
  • Anne-Claire Pophillat | Crée le 09.07.2025 à 18h29 | Mis à jour le 26.07.2025 à 18h17
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    Au centre, Mélanie Atapo, présidente de l'USTKE, estime qu'il est nécessaire "de ne pas seulement s'attacher à la relance économique, mais aussi à la justice sociale".  Photo A.-C.P.
    L'USTKE a fait le point sur les dossiers d'actualité lors d'une conférence de presse, ce mercredi 9 juillet. Le syndicat a d'abord expliqué les raisons de son absence à la rencontre économique et sociétale à Paris, qui n'était pas une priorité. "C'est ici qu'il faut faire des réformes", a insisté Mélanie Atapo, la présidente, qui a également rappelé l'enjeu de "l'urgence sociale" ainsi que l'importance de considérer "la jeunesse laissée-pour-compte". 

    Absence au collège économique et sociétal à Paris : une position de "cohérence"

    L’USTKE a fait le choix de ne pas participer à la rencontre dédiée à la situation économique et sociétale à Paris, qui a eu lieu jeudi 3 et vendredi 4 juillet dans le cadre du Sommet sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Il ne s’agit "ni d’un boycott, ni d’un désintérêt", a expliqué Mélanie Atapo, présidente de l’Union syndicale des travailleurs kanak et des exploités, mais "d’un acte de cohérence et de responsabilité vis-à-vis de nos populations", d’autant que l’invitation, reçue par mail, "a atterri dans les spams". "Il n’y a eu aucune considération pour l’USTKE, qui est quand même la troisième force syndicale du pays." La structure interroge la nécessité de se déplacer pour une journée et demie de réunion. "Si c’était pour aller faire du show pendant un quart d’heure et participer aux mondanités de l’Élysée, on a autre chose à faire", glisse Thierry Le Berre, 1er vice-président. Le syndicat estime surtout que ce n’est pas à Paris que peut se décider le cadre social et fiscal calédonien. "La priorité, c’est ici, au pays. C’est ici qu’il y a des problèmes, et c’est ici qu’il faut faire des réformes." En outre, alors qu’une grande partie de la population "peine à se nourrir, à se loger, à se soigner, il nous a semblé indécent de participer à ce déplacement aussi bien coûteux qu’éloigné des réalités locales".

    Les représentants syndicaux s’en réfèrent avant tout à l’accord-cadre signé le 12 mai entre le gouvernement et les partenaires sociaux, dans lequel ils mettent beaucoup d’espoir et qui vise notamment à équilibrer les comptes publics, améliorer le pouvoir d’achat des Calédoniens, créer de l’emploi et rendre le territoire attractif.

    L’urgence sociale

    Parmi les sujets abordés, l’USTKE s’est dite particulièrement préoccupée par l’urgence sociale, qui frappe une partie croissante de la population, "en particulier dans les quartiers populaires et les zones délaissées de la province Sud depuis les événements du 13-Mai". Mélanie Atapo regrette que la priorité soit seulement donnée à la relance économique, car cela "se traduit par une dégradation continue des missions essentielles du service public, désormais de plus en plus défaillantes dans de nombreux secteurs, tels que la santé, l’éducation, le logement, le transport". Le syndicat affirme également que, dans ce contexte, les décisions prises par la province Sud, "loin de réparer les factures révélées par la crise, ont renforcé un sentiment d’exclusion, de stigmatisation, voire de mépris particulièrement dans les quartiers populaires, les squats et au sein des populations kanak et océaniennes". L’USTKE appelle le gouvernement à ouvrir "un chantier sur la réparation sociale" pour une action concertée des différents acteurs du pays.

    Oui au gel de l’avancement des fonctionnaires

    Lors de la conférence de presse, l’USTKE s'est prononcée contre la suppression de postes budgétaires proposée par le gouvernement, sommé de couper dans les dépenses publiques, notamment en vue d’obtenir la deuxième tranche du prêt AFD octroyé par l’État. Le syndicat préférerait qu’ils soient gelés, "parce qu’il est toujours plus facile de remettre un poste budgétaire gelé qu’un poste budgétaire supprimé", appuie André Elia, secrétaire général de la fédération de la fonction publique.

    Concernant le gel de l’avancement, le syndicat y est favorable, mais pour tous, alors qu’il est question que les médecins soient exclus de la mesure, selon André Elia, ce qui serait "discriminatoire". Le représentant syndical souhaiterait cependant que, après la période de deux ans de gel, "le salaire des fonctionnaires retrouve le niveau équivalent à l’avancement de la carrière". L’USTKE prône aussi la suppression de l’avancement différencié, une mesure également jugée "discriminatoire".

    S'occuper de la "jeunesse laissée-pour-compte"

    Thierry Le Berre, 1er vice-président de l’USTKE, a insisté sur ce point, trouvant incompréhensible que le sujet de la jeunesse ne soit pas évoqué par les autorités. "Il ne faut pas oublier que le 13-Mai, il y a une révolte sociale, notamment des jeunes en très grande difficulté. Or, je ne vois pas cette prise en compte par nos politiques." Thierry Le Berre craint que la société reparte sur les mêmes bases qu’avant, mais avec en plus un "niveau social très dégradé" et donc que "la jeunesse soit encore laissée-pour-compte", ce qui pourrait à nouveau provoquer des débordements, estime le syndicaliste.

    "Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Il faut donc s’attendre à ce que les choses n’en restent pas là. Qu’est-ce qu’on fait et qu’est-ce qu’on propose ? Il va falloir changer le logiciel et innover pour que cette jeunesse puisse faire partie intégrante de notre société, on n’aura pas le choix." Une inquiétude partagée par Mélanie Atapo. "La seule réponse aux fractures de la société ne peut pas reposer uniquement sur la relance économique et le sécuritaire. Le véritable chantier, c’est celui de la justice sociale, de la reconnaissance et de la dignité. On ne peut pas continuer à ignorer les inégalités qui sont criantes, ni à gérer la crise à deux vitesses."

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