- Anthony Tejero | Crée le 08.06.2025 à 05h15 | Mis à jour le 16.06.2025 à 14h19ImprimerLe calédonien Ethan Lepigeon, champion élite de motocross, est de passage sur le Caillou pendant près de deux mois. Photo Anthony TejeroDu haut de ses vingt ans, le Calédonien Ethan Lepigeon a réussi à se faire une place parmi les trente meilleurs pilotes de motocross (catégorie Élite) de France. Multipliant les belles performances et les titres depuis 2023, le Dumbéen a été stoppé net dans son élan à la suite d’un accident et d’une sérieuse blessure au dos en février dernier. Après une longue rééducation, où il en a profité pour rentrer au pays, ce "drogué" au sport peut enfin se remettre en selle en disputant sa première course depuis quatre mois, ce dimanche 8 juin à Païta. Une mise en jambes avant de retourner sur les pistes de l’Hexagone. Portrait.
Égratignures et griffures sur le bras, cicatrices sur la main, sur le genou… Sans oublier celles dissimulées sous les vêtements. S’il n’aime pas particulièrement les montrer ou les voir, ces marques sont autant de signes de sa "résilience": tomber, mais toujours se relever. À 20 ans, si Ethan Lepigeon est parvenu à se hisser parmi les meilleurs pilotes de motocross de France (catégorie élite), c’est autant une question de talent, que de persévérance et de rigueur. Et sans doute aussi une histoire de famille. Son père, Stéphane, déjà mordu de deux-roues, lui met dès l’âge de 3 ans sa première moto entre les mains. "On y avait installé des petites roues et j’ai appris à en faire avant même de savoir pédaler sur un vélo", raconte, sourire en coin, ce Dumbéen, qui ne tarde pas à attraper à son tour le virus. Au début, j’en faisais toutes les deux semaines, puis tous les dimanches, puis tous les week-ends, et ensuite, tous les mercredis en plus… J’ai commencé à 7 ans mes premières compétitions."
"Ce ne sont pas des sacrifices mais des choix de vie."
Un "amour" pour la discipline qui le conduit, à seulement 13 ans, à partir disputer une "saison" (un championnat) en Australie. En parallèle, Ethan se taille également une solide réputation en tant que coureur cycliste. Au total, le jeune homme cumule 9 titres de champion de Calédonie en vélo et treize en motocross. Un sport auquel il décide de se consacrer corps et âme. "Ce qui m’a toujours plus, c’est de progresser, encore et encore. Adolescent, je n’avais pas forcément beaucoup d’amis, je ne sortais pas sur les baies comme les autres. J’allais au motocross et d’une manière générale, je faisais du sport. Ce ne sont pas des sacrifices, mais des choix de vie. C’est devenu une drogue. Aujourd’hui, je ne peux plus m’en passer."

Ethan Lepigeon poursuit une carrière professionnelle dans l’Hexagone depuis 2023 en catgégorie 250cc. Photo DRUne fois son bac scientifique en poche, décroché au lycée Anova de Païta, le Calédonien entend élargir son champ des possibles pour prendre son envol. Direction l’Hexagone, en février 2023, où il s’installe dans la région toulousaine avec son père pour tenter d’embrasser une véritable carrière de pilote professionnel. Et ce, toujours avec le même objectif : se "frotter" à des adversaires plus forts que lui afin d’améliorer ses performances. Premières courses et premières déconvenues pour Ethan, échouant à plusieurs reprises à se qualifier au championnat national Élite, qui réunit le top 40 des meilleurs athlètes.
"J’ai baissé la tête et j’ai foncé"
"J’ai eu de gros échecs. Je savais que ce serait difficile, mais c’est là que j’ai vraiment compris ce qu’était l’élite. Je pense que ce terme est mal utilisé en Nouvelle-Calédonie car en France le niveau est bien plus élevé, ça n’a rien à voir, analyse le Dumbéen, qui confie avoir connu de "gros moments de solitude" lors de sa première année dans l’Hexagone. Avec mon père, on ne voyait personne en dehors des relations liées à la pratique du motocross. Mais je me suis dit que j’étais en mission et je ne me suis pas posé de questions. J’ai baissé la tête et j’ai foncé. J’ai fait le job pour avancer. J’ai beaucoup bossé et on a changé de méthode."
Un travail qui finit par porter ses fruits. Dès le courant de l’année 2023, le pilote calédonien, se qualifie enfin au Championnat Élite où il se hisse dans le top 15 à plusieurs reprises. Un palmarès qu’il complète en 2024 par un titre de champion d’Occitanie (catégorie prestige) puis une victoire à la finale au championnat de "France Nationale". Des distinctions qui lui permettent d’être repéré et d’intégrer le "team" de compétition "FB Factory", synonyme d’une prise en charge complète de ses motos et de ses équipements par des sponsors.
"Je ne suis pas passé loin de devenir paraplégique"
Une route toute tracée semble alors s’ouvrir pour Ethan jusqu’à cette journée du 28 février 2025 où il chute lourdement. Un "gros choc" puis une douche froide après le diagnostic des médecins. Le jeune homme vient de se fracturer une vertèbre. Une blessure grave au dos qui lui vaut une opération et plusieurs semaines de soins au Cerc, le Centre européen de rééducation du sportif, basé à Cap-Breton, dans les Landes. "Je ne suis pas passé loin de devenir paraplégique. Quand on se casse une main ou une jambe, on sait ce que c’est, mais quand ça touche la colonne vertébrale, on est dans l’incertitude. On n’a aucune idée du nombre de mois d’arrêt, trois six, neuf… Et des conséquences."
Sauf que fin avril, le pilote peut se remettre en selle. Et enfourche de nouveau sa moto en terrain conquis : les pistes rouges du Caillou où il est rentré "se ressourcer" quelques semaines. Ce dimanche 8 juin, c’est donc à Païta qu’Ethan disputera sa première course depuis quatre mois, avant de repartir dans l’Hexagone, avec encore des rêves plein la tête. "Le temps passe très vite dans le sport de haut niveau donc on ne peut pas trop se permettre de s’arrêter sur une longue période. Ceci dit, quand j’ai eu mon accident, j’ai d’abord eu l’impression de perdre du temps, mais je me rends compte que c’est peut-être bénéfique car ça m’a changé. Je ne me prends plus la tête ou ne m’attarde plus sur des choses inutiles comme avant, confie le pilote, qui a déjà les yeux rivés sur 2026. J’ai envie de faire une saison complète l’an prochain, et après, on fera les comptes."
Carrière professionnelle ou études ?
En d’autres termes, le jeune homme, qui va intégrer dès cette année une formation d’entraîneur, choisira ou non de poursuivre sa carrière professionnelle. "Financièrement je m’en sors de mieux en mieux, mais si je n’avais pas le soutien des sponsors, d’entreprises calédoniennes et de ma famille, ce ne serait toujours pas suffisant pour en vivre, sachant qu’un pilote professionnel s’arrête vers l’âge de 30 ans en général, explique le Dumbéen, de plus en plus tenté de troquer les pistes de motocross contre les bancs de la fac. J’ai quand même la tête sur les épaules, donc j’aimerais reprendre mes études et avoir un diplôme. J’espère intégrer un domaine toujours en lien avec le sport comme la kinésithérapie ou l’ostéopathie afin de transmettre ce que j’ai appris et partager mon état d’esprit." Car avant d’être un pilote, Ethan se revendique avant tout comme un athlète : "Je ne suis pas devenu un crossman, mais un sportif professionnel. Mon délire, c’est vraiment de toujours dépasser mes limites physiques et mentales."
Note
Ethan Lepigeon, ancien licencié du club de Népoui, participera ce dimanche 8 juin à la première compétition de motocross de l’année, organisée par le club de Païta, à partir de 9 heures, sur le terrain habituel de la commune.
Aligné dans la catégorie Élite (incluant la catégorie Loisir), il sera au départ des trois manches prévues durant la journée. Le programme débutera dès 8 heures avec les essais libres.
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