"On peut faire société à travers le sport." C'est la conviction portée par la nouvelle Fondation Roger Kaddour. Ses membres ont présenté leur projet jeudi 18 septembre dans les locaux des Kimonos du Cœur, aux Tours de Magenta. Le lieu retenu n'est pas un hasard. Laurent Calleja, ancien entraîneur de Teddy Riner et président de l'association, est une des personnes à l'initiative de la fondation, aux côtés notamment de Benoît Naturel, directeur de la SIC, qui met des locaux à disposition des Kimonos du Cœur.

La démarche vise à utiliser le sport "comme outil de cohésion et de développement", déclare Benoît Naturel. Pour ce faire, la Nouvelle-Calédonie peut compter sur un "important héritage sportif et tissu associatif", et se servir des grands événements à venir, notamment les Jeux du Pacifique en 2027 et les Jeux Olympiques de Brisbane chez nos voisins australiens en 2032, pour fédérer le plus grand nombre autour de cette même ambition. "Les champions font rêver, ce sont des sources d'inspiration, une fierté collective aussi, estime Benoît Naturel. Les JO peuvent servir de pouvoir d'attraction pour emporter ces sujets de politique publique, d'inclusion, de lutte contre les discriminations, d'éducation, de santé, etc., et ainsi proposer un nouveau récit collectif." Le sport est apparu comme "une réponse concrète", un "sujet qui suscite l'adhésion", face à l'urgence sociale qui s'est notamment manifestée lors des émeutes de mai 2024.

Embarquer la jeunesse

La fondation s'est donc entourée d'ambassadeurs pour porter ce message. Titouan Puyo, Laurent Gané, Diane Bui-Duyet, Yolaine Yengo, Pierre Fairbank, etc., mais aussi le CTOS (Comité territorial olympique et sportif), se sont naturellement engagés dans l'aventure. S'il n'est pas question de performance, précise Benoît Naturel, "on a besoin de ces moteurs, ces champions calédoniens, notamment pour les jeunes". Car c'est bien la jeunesse que la structure veut "embarquer". Comment ? La fondation veut agir de deux façons. D'une part en se donnant pour vocation de financer, via le mécénat, des "actions", que ce soit la formation d'animateurs de proximité dans les quartiers par exemple, mais aussi l'accès au sport, le soutien de manifestations portées par des clubs et des associations, l'aide à de jeunes sportifs prometteurs, etc. D'autre part, en assumant un rôle de "lobbying", en poussant des idées sociétales, comme l'adaptation du système éducatif calédonien au modèle anglo-saxon. "On pourrait proposer des activités sportives l'après-midi, développe le directeur de la SIC. Tout le monde convient que c'est adapté à la chronobiologie des enfants, tout le monde est d'accord sur le principe, mais on ne le fait pas. On pourrait lancer des projets pilotes sur des groupes scolaires et des collèges pour voir."

"Il n'y a pas de couleur, pas de religion"

Pour ce faire, la Fondation Roger Kaddour s'appuie sur la Fondation du Sport Français, mais aussi sur un autre partenaire, l'Agence pour l'éducation par le sport, acteur de l'inclusion professionnelle, "qui permet à des jeunes peu ou pas diplômés de s'insérer durablement dans le monde du travail". Alors y participer, "c'était une évidence", témoigne Christophe Dabin. Pour le président du CTOS, le sport "c'est aussi du loisir, de la fraternité, un moyen pour se réunir et travailler ensemble. C'est le message qu'on doit faire passer".

Diane Bui-Duyet est également déterminée à le porter. L'ancienne nageuse est convaincue que c'est un levier d'émancipation. "C'est un domaine où il n'y a pas de couleur, pas de religion, qui fédère vraiment. Le sport mériterait vraiment une attention plus particulière." Laurent Gané, ancien coureur cycliste champion du monde et médaillé olympique, invite "les élus à investir davantage dans le sport" et pourquoi pas créer dans les quartiers "des espaces pour que les jeunes puissent s'exprimer et ensuite intégrer des clubs". Il faut "pouvoir faire vivre les structures sportives, qu'il y ait des éducateurs le soir, que les gens soient encadrés", renchérit Titouan Puyo, ancien champion du monde de paddle.

Afin de lancer son action, la fondation propose une conférence au centre Tjibaou le 9 octobre, parrainée par Antoine Kombouaré, qui rassemblera les différents acteurs et doit déboucher sur de premiers engagements.