- AFP | Crée le 29.05.2025 à 17h57 | Mis à jour le 31.05.2025 à 14h55ImprimerUne manifestation, le 23 mars à Hobart, contre la coupe des arbres endémiques en Tasmanie. Photo AFP / Gregory PlesseÀ l’orée d’une forêt dense de Tasmanie, une souche énorme émerge à environ deux mètres du sol : "C’est celle d’un eucalyptus de plus de 500 ans" qui a été scié, explique Jenny Weber, de la fondation environnementale Bob Brown. Sur l’île, l’industrie du bois peut puiser dans les espèces endémiques. La grande majorité est ensuite transformée en copeaux.
En Australie, un pays continent dominé par le désert, la Tasmanie fait figure d’exception. La moitié de l’île, soit 3,4 millions d’hectares, est couverte de forêts. Et l’industrie du bois est autorisée à puiser dans les espèces endémiques pour sa production, en majorité des copeaux destinés à l’exportation. "Le pire, c’est qu’une fois coupé, comme cet eucalyptus de 500 ans était trop gros pour être débité et chargé sur un camion, le tronc a été laissé là et abattu pour rien", "c’est vraiment choquant", déplore la directrice de la campagne "forêts" de la fondation, sur un chemin de randonnée de la vallée de Huon. La Tasmanie est l’État où la part des arbres endémiques dans la production de bois est la plus élevée : 18,5 % en 2022-2023, selon le Bureau australien de l’économie et des sciences de l’agriculture et des ressources (Abares), contre moins de 10 % à l’échelle nationale.
La coupe des espèces endémiques est interdite dans le sud de l’Australie depuis la fin du XIXe siècle, et depuis l’an dernier dans les États du Victoria et d’Australie-Occidentale. Signe que cette pratique irrite de plus en plus en Tasmanie, plus de 4 000 personnes ont manifesté dans les rues de Hobart, la capitale, le 23 mars, pour demander que cela cesse. En 2024, plus de 70 % des coupes de bois endémiques ont été transformées en copeaux, exportés en grande majorité vers la Chine et le Japon, pour y être ensuite transformés en papier, en carton ou encore en papier toilette.
Danger d’extinction
Parmi les manifestants, plusieurs portaient des costumes d’animaux – diable de Tasmanie, effraie masquée ou perruche de Latham – des espèces locales menacées d’extinction. Cette dernière est classée "en danger critique d’extinction" depuis 2015 par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). "Ces oiseaux ont besoin des cavités formées dans les vieux arbres pour se reproduire. S’il n’y a pas de cavités, il n’y a pas de nid, donc pas de petits, et au final, c’est l’espèce qui disparaît", souligne Charley Gros, un écologue français, conseiller scientifique de la fondation Bob Brown.
L’organisme public Sustainable Timber Tasmania est en charge de la gestion des 812 000 hectares de forêts disponibles pour la production de bois dans l’État. L’objectif est d’exploiter le bois tout en "équilibrant conservation et gestion responsable des terres", a déclaré à l’AFP l’une de ses responsables. Suzette Weeding, en charge de la conservation, mène un programme pour la protection des perruches de Latham. Elle met en avant une "gestion adaptative des forêts" afin de "minimiser les perturbations potentielles pour l’espèce et son habitat". Les coupes portent chaque année sur 6 000 hectares, soit moins de 1 % des surfaces gérées, note l’organisme dans son rapport annuel. Et l’an dernier, 149 millions de graines ont été plantées sur environ 5 000 hectares pour "régénérer les forêts endémiques".
Wallabies abattus
Mais Jenny Weber, objecte et désigne le site d’une coupe récente : dans la zone entièrement rasée, ne subsistent que des souches d’arbres calcinées. "Avant de replanter, il faut d’abord nettoyer la zone de coupe." Les forestiers l’aspergent avec un liquide répandu depuis un hélicoptère qui produit une fumée très toxique, dit-elle. Et une fois les semences effectuées, "des chasseurs sont alors recrutés" pour abattre les wallabies ou les opossums qui sont friands de jeunes pousses.
À la place de l’écosystème d’origine, avec des lilas, sassafras ou mimosas, poussant sous la canopée des eucalyptus, et représentant "autant de sources de nourriture et d’habitats pour de nombreuses espèces animales", "seuls des eucalyptus sont replantés", observe Jenny Weber. Un ravage environnemental pour un bénéfice économique qui reste limité. Selon l’Abares, les coupes d’arbres endémiques de Tasmanie ont rapporté 80 millions de dollars (5,5 milliards de francs) en 2022-2023 et employé un millier de personnes environ, soit moins de 1 % de la population active de l’État.
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