- AFP | Crée le 24.05.2025 à 16h16 | Mis à jour le 24.05.2025 à 16h18ImprimerSam Elsom, PDG de Sea Forest, s'est lancé en 2019. Il crée, dans sa vaste ferme marine en Tasmanie, des compléments alimentaires à partir des algues, sous forme d'huiles, de pellets et de pierres à lécher. Photo AFP / Gregory PlesseAu large de Triabunna, en Tasmanie, une exploitation de 1 800 hectares cultive l'asparagopsis, une algue destinée à réduire l'impact climatique des animaux d'élevage, comme les vaches, qui émettent beaucoup de méthane, 2e grand gaz à effet de serre à l'origine du réchauffement climatique, lors de leur processus de digestion.
Sous forme de complément alimentaire intégré au fourrage ou au grain, l’asparagopsis, une algue rouge qui est abondante sur le littoral de la Tasmanie, peut réduire le méthane que les ruminants, comme les vaches, émettent par leurs rots et flatulences. Ces derniers seraient à l’origine d’un tiers des émissions de méthane, le 2e grand gaz à effet de serre à l’origine du réchauffement climatique. Plus d’une quarantaine d’études scientifiques ont établi les bénéfices de cette algue, explique la chercheuse Fran Cowley. En laboratoire, l’asparagopsis pourrait même "supprimer 95 % de la production de méthane des animaux qui en ingèrent", souligne la scientifique, professeure à l’école de Science rurale et environnementale à l’université de Nouvelle-Angleterre.
Elle a aussi mené l’expérience la plus longue en la matière, selon elle. Après 200 jours dans des parcs d’engraissement de bovins du Queensland australien, les émissions des animaux ont été réduites de moitié sur la période, par rapport au bétail non supplémenté, d’après des résultats publiés en août 2024.
Il s’agit d’une amélioration par rapport à une précédente étude, qui n’avait révélé qu’une réduction de 28 % au sein d’un troupeau japonais. Fran Cowley estime que le bromoforme que contiennent les algues influe sur le système digestif en réduisant rots et flatulences, mais n’a pas d’impact négatif sur la santé des animaux, ni sur les produits qui en sont issus. "Le bromoforme peut être cancérigène. Mais il est administré en très faible quantité et entièrement dissous dans la panse, il n’y a aucune accumulation dans le lait ou la viande, dont par ailleurs, ni le goût ni la consistance ne sont affectés", explique la chercheuse.
Des discussions avec des producteurs de produits laitiers en France
À Triabunna, dans l’est de la Tasmanie, le PDG de Sea Forest crée dans sa vaste ferme marine des compléments alimentaires à partir des algues, sous forme d’huiles, de pellets et de pierres à lécher.
Après une quinzaine d’années dans l’industrie textile, Sam Elsom s’est lancé en 2019, souhaitant devenir "le catalyseur d’une agriculture durable, sans coût supplémentaire pour les éleveurs ou les consommateurs". Une partie de la production est assurée en pleine mer et une autre sur la terre ferme, dans des bassins alimentés en eau de mer. Il dit travailler déjà avec Ashgrove, un producteur laitier de l’île, la chaîne de hamburgers Grill’d, présente dans toute l’Australie, et qu’un accord a été signé l’an dernier avec Morrisons, une chaîne britannique de grande distribution. "Nous avons eu aussi des discussions très encourageantes avec des producteurs de produits laitiers en France, nous sommes en train de demander une autorisation pour nos produits auprès de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA)", précise-t-il.
Aucune incitation et des algues encore chères
Pour autant, cette solution reste aujourd’hui limitée. "En termes de régulation, il n’y a aucune incitation ni contrainte pour les éleveurs à réduire leurs émissions de méthane, pour le moins en Australie, mais à vrai dire aussi dans le reste du monde, explique Fran Cowley. Et les algues restent encore assez chères. Il faudrait en tirer une forte valeur ajoutée pour que ça vaille la peine, mais ce n’est pas le cas pour l’instant". Que faire en outre pour la vaste majorité des ruminants qui, dans le monde, sont élevés en plein air, ajoute-t-elle : "On ne peut pas ajouter ce complément alimentaire dans l’herbe qu’ils broutent". La chercheuse est cependant optimiste. "C’est un champ de recherche assez nouveau qui a énormément avancé en à peine dix ans, et je m’attends à ce que de nouveaux produits soient créés dans les deux à cinq prochaines années."
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