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  • Lucie Rabreaud / Radio 1 Tahiti | Crée le 01.04.2024 à 05h00 | Mis à jour le 01.04.2024 à 05h00
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    La société Aoa Polynesian Forests a la vaste ambition de régénérer une forêt native polynésienne sur 250 hectares, au cœur de la vallée de Mo’aroa sur la commune de Teva i Uta, à Tahiti. Photo Radio 1 Tahiti
    La société Aoa Polynesian Forests, présentée il y a tout juste un an, a inauguré en fin de semaine dernière ses premiers sentiers pédagogiques et sentiers de randonnée dans la vallée de Mo’aroa sur la commune de Teva i Uta (Tahiti). Ils sillonneront 25 hectares où le public pourra découvrir ou redécouvrir des plantes et des arbres endémiques et indigènes. 225 autres hectares seront fermés au public et entièrement consacrés à la régénération de la forêt. Reportage de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

    Représentants des autorités, cadres d’entreprises, élèves des MFR, une petite trentaine d’employés de la société Aoa Polynesian Forests… ils étaient nombreux à assister à l’inauguration de la première forêt éducative polynésienne en cette Journée internationale des forêts. Présentée il y a tout juste un an, la nouvelle société Aoa Polynesian Forests a la vaste ambition de régénérer une forêt native polynésienne sur 250 hectares, au cœur de la vallée de Mo’aroa sur la commune de Teva i Uta, à Tahiti. Les premiers sentiers tracés pour accueillir du public ont été présentés ce jeudi (vendredi en Calédonie). Des rondins de bois délimitent donc le passage avec, sur les platebandes, des espèces indigènes ou endémiques, tout juste replantées, avec leur petit panneau explicatif. La promenade est également enrichie de grandes pancartes sur la biodiversité, les différents types de forêts polynésiennes, les espèces d’oiseaux que l’on peut observer dans la vallée…

    Intervenir de manière progressive

    La société compte désormais une petite trentaine de personnes, dont beaucoup de jeunes originaires des communes alentour, qui œuvrent au quotidien sur le terrain et dans les bureaux. Ce sont environ 25 hectares sur 250 qui vont être consacrés à la sensibilisation, la création de sentiers pédagogiques et de sentiers de randonnée. Le reste, fermé au public, sera dédié à la restauration de la forêt. S’il est question d’arracher les espèces envahissantes pour les remplacer par des espèces indigènes ou endémiques, une stratégie a été mise en place, comme l’explique Marie Fourdrigniez, la botaniste du projet : " On fait les choses de manière très progressive : on essaye tout d’abord de restaurer le sous-bois car pour nous c’est la base, ça tient le sol, on a une vie dans le sol, qui enrichit et donne à manger aux plantes. On intervient en fonction des forêts dans certains cas, le sous-bois indigène et endémique est déjà présent, donc on va juste l’encourager en enlevant les espèces envahissantes en compétition avec lui. Dans d’autres endroits, nous n’avons plus de sous-bois et plus que des espèces envahissantes, on ne va pas intervenir tout de suite, on va recréer une base de sous-bois et mettre en place une stratégie sur plusieurs années. "


    Un public nombreux est venu assister à l’inauguration de la première forêt éducative polynésienne. Photo Radio 1 Tahiti

    Et les résultats sont satisfaisants, assure la botaniste : " Nous n’avons pas vu de retour des espèces éliminées l’année dernière, ni de perte d’espèces indigènes ou endémiques qui auraient pu être contrariées par nos interventions, ni d’apparition de nouvelles espèces envahissantes qui auraient profité d’ouvertures faites trop rapidement. "

    Un peu découragées par la liane parachute qui étouffait bon nombre d’arbres, les équipes ont été soulagées de voir qu’il était assez simple de s’en débarrasser, sans produits chimiques, et ravis de voir les arbres renaître une fois libérés. Le public pourra donc observer ce travail et revoir des espèces devenues rares. " Les sentiers pédagogiques sont des dispositifs novateurs et ambitieux pour une expérience immersive au cœur de la forêt, où les guides raconteront son histoire, ses usages et les dangers qui pèsent sur elle. Le public doit apprendre, comprendre et s’approprier la forêt qui deviendra un sanctuaire de la biodiversité, un lieu d’étude et un environnement profitable aux populations ", explique Christophe Balsan, ingénieur en agriculture et fondateur de ce projet.

    Éviter le greenwashing

    Le financement du projet reste évidemment au cœur des préoccupations de son fondateur, qui appelle les particuliers et les entreprises à participer tout en souhaitant éviter le " greenwashing " ou l’art d’utiliser une participation financière pour " verdir " son image. " Effectivement c’est un gros sujet, on essaye de faire très attention à ça. On a eu des discussions entre nous et on a demandé : toi, tu souhaiterais que qui ne vienne pas ? On te donne un nom. Tu demandes à quelqu’un d’autre, tu as un autre nom. Au final, personne ne vient et on fait comment ? Non, soyons prudents sur la manière de communiquer avec ces entreprises, trouvons des modes de fonctionnement cohérents. On est en train d’écrire notre propre charte pour s’engager à respecter un certain nombre d’éléments dans la communication, dans nos actions, dans notre manière de travailler pour justement éviter au maximum ce greenwashing. "

    De la culture in vitro pour conserver la biodiversité

    Les projets de la société Aoa ne s’arrêtent pas là car en plus d’une pépinière qui permet de mettre à germer sous surveillance les graines récoltées sur le terrain, un laboratoire de culture in vitro va bientôt ouvrir ses portes. Il s’agit de mettre toutes les chances du côté des plantes endémiques et indigènes, qui étouffent sous la quinzaine de plantes envahissantes occupant 90 % de l’espace.


    25 des 250 hectares vont être consacrés à la sensibilisation, la création de sentiers pédagogiques et de sentiers de randonnée. Photo Radio 1 Tahiti

    Élodie Cinquin, chargée de la communication et de la vulgarisation scientifique, est également responsable de ce laboratoire : " L’objectif est de conserver la biodiversité génétique des espèces indigènes, endémiques, des vallées polynésiennes et de les multiplier pour ensuite les réintroduire. Les vallées sont tellement abîmées, les espèces envahissantes occupent tellement d’espace qu’il va falloir venir avec une quantité importante de plantes indigènes, endémiques, pour rétablir l’équilibre. "

    Élodie Cinquin cite l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) expliquant que les espèces envahissantes étaient responsables de 55 % des extinctions mondiales. Pour elle, il est temps de s’emparer du sujet et d’agir.

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