- Radio 1 Tahiti | Crée le 11.09.2025 à 11h20 | Mis à jour le 11.09.2025 à 16h58ImprimerLes résultats de l'étude Mataea sur la santé des Polynésiens, qui a porté sur près de 2 000 personnes sur les différents archipels, sont alarmants. Photo Radio 1 TahitiEn Polynésie française, l’étude Mataea, menée sur 1 942 personnes âgées de 18 à 69 ans et réparties sur les cinq archipels, livre ses premières conclusions. Elle révèle qu’en 2021, 78 % de la population est en surpoids, 52 % est obèse, 40 % des hommes souffrent d’hypertension, et une personne sur quatre ignore qu’elle est diabétique. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
Menée sur un panel de 1 942 personnes réparties sur 18 îles, l’étude Mataea* expose les premiers résultats du bilan de santé des habitants des cinq archipels de Polynésie en 2021. Ce travail explore l’influence conjointe du mode de vie, de l’environnement et de la génétique sur la susceptibilité aux pathologies chroniques ou infectieuses. Son ambition : comprendre l’impact des spécificités locales, des comportements alimentaires et des facteurs individuels – âge, sexe, microbiote, patrimoine héréditaire – sur la santé des résidents âgés de 18 à 69 ans. Une attention particulière a été portée à la diversité environnementale des archipels : "Des gens habitent sur des atolls, d’autres dans des îles hautes, les environnements ou les ressources alimentaires qui y sont disponibles ne sont donc pas forcément les mêmes. Les maladies infectieuses auxquelles on est exposé non plus", indique le Dr Van-Mai Cao-Lormeau, directrice du laboratoire de recherche sur les infections virales émergentes de L’Institut Louis Malardé.
52 % de la population est obèse
Les premiers résultats sont alarmants. Une personne sur quatre ignore être atteinte de diabète. L’hypertension concerne 40 % des hommes et 31 % des femmes, avec une progression significative selon l’âge : de 13 % chez les 18-29 ans à 57 % chez les seniors. Le surpoids représente un enjeu majeur de santé en Polynésie, et la tendance s’aggrave : parmi les personnes interrogées, 78 % sont en excès de poids, et 52 % en obésité. 22 % des personnes en surpoids souffrent d’une forme pathologique d’obésité, c’est-à-dire associée à des troubles métaboliques, cardiaques ou rénaux.

Dr Van-Mai Cao-Lormeau, directrice du laboratoire de recherche sur les infections virales émergentes de l’Institut Louis Malardé. Photo Radio 1 TahitiLes différences environnementales entre les îles jouent aussi un rôle dans l’exposition à certaines maladies, indique le Dr Van-Mai Cao-Lormeau. C’est le cas de la ciguatera, ou "gratte", une intoxication causée par la consommation de poissons contaminés. Aux Gambier, 8,5 % des habitants en ont été victimes au moins dix fois, contre seulement 0,2 % dans les îles du Vent. À l’heure actuelle, il n’existe pas de moyens d’être immunisé et chaque nouvelle intoxication peut entraîner des symptômes similaires, voire plus violents que les précédents.
Certains gènes influencent le métabolisme ou les réponses immunitaires
Les chercheurs se sont également penchés sur les origines génétiques des Polynésiens, afin de mieux comprendre les liens qu’il pourrait y avoir avec l’état de santé actuel. Le séquençage du génome des participants a permis de retracer un métissage ancien, survenu "il y a environ 2 200 ans, entre des populations austronésiennes venues de Taïwan et des peuples papous. Ce groupe issu du croisement est ensuite arrivé en Polynésie orientale il y a environ 1 000 ans", explique le Pr Lluis Quintana-Murci, professeur au Collège de France et directeur de l’unité de génétique évolutive humaine à l’Institut Pasteur.
L’analyse génétique montre par ailleurs peu de différences entre les habitants des différents archipels. Malgré la diversité géographique, "plus ou moins tous les habitants de chaque archipel ont environ 80 % de leur génome qui est d’origine polynésienne", précise le chercheur. À cela s’ajoutent des métissages plus récents, "avec des Européens, des Asiatiques, et même, dans certains cas isolés, une trace génétique amérindienne observée notamment aux Marquises et aux Gambier".
En explorant les liens entre génétique et santé, les scientifiques ont pu identifier 16 gènes dont la variation influence certains aspects du métabolisme, notamment celui du cholestérol, ainsi que des réponses immunitaires, comme celle au virus de la dengue. Cependant, aucune mutation déterminante n’a été détectée pour expliquer les cas d’obésité ou d’hypertension. La génétique joue un rôle, mais reste secondaire par rapport à d’autres facteurs. "On n’a pas identifié des mutations qui ont un effet très fort sur l’obésité. On trouve que la génétique augmente un peu le risque, mais que l’interaction avec la nutrition est plus importante", souligne le Pr Quintana-Murci.
Meilleure alimentation et exercice physique
À la suite de ces résultats, le ministre de l’Agriculture et des ressources marines, Taivini Teai, dit vouloir "casser ce cliché sur la prédisposition génétique des Polynésiens à l’obésité". En revanche, il rappelle que les facteurs environnementaux, c’est-à-dire l’alimentation et l’exercice physique, lorsqu’ils ne sont pas remplis, vont "concourir au développement de ces maladies non transmissibles, d’où l’importance de notre politique qui est celle de l’alimentation saine et du sport pour préserver la santé". Des mesures concrètes sont déjà en cours, "notamment les programmes comme Tavivat : transition alimentaire du vivier au bénéfice donc de nos cantines scolaires. C’est-à-dire faire en sorte que plus de 50 % des alimentations que mangent nos enfants proviennent du fenua", souligne le ministre.
Note
*L’étude Mataea a été menée par l’Institut Louis Malardé en collaboration avec l’Institut Pasteur de Paris, le CHPF, l’université de la Polynésie française, l’ISPF, ainsi que l’Arass (Agence de régulation de l’action sanitaire et sociale).
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