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  • AFP | Crée le 26.10.2018 à 05h44 | Mis à jour le 26.10.2018 à 07h51
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    Pouvanaa A Oopa est mort en 1977, l’année où le Fenua accédait à son premier statut d’autonomie de gestion. AFP
    POLYNÉSIE FRANÇAISE. La condamnation en 1959 du député autonomiste Pouvanaa A Oopa, accusé d’avoir exhorté ses partisans à incendier Papeete, était-elle fondée ? Saisie d’une demande d’annulation, la Cour de révision devait se prononcer hier, 41 ans après le décès du parlementaire.

    Estimant qu’il existait « des faits nouveaux de nature à faire naître le doute » sur la culpabilité de Pouvanaa A Oopa, condamné à huit ans de prison et à l’exil il y a près de soixante ans, l’avocate générale avait préconisé, lors de l’audience qui s’est tenue le 5 juillet, l’annulation de cette condamnation. Selon elle, Pouvanaa A Oopa, de son vrai nom Pouvanaa Tetuaapua, n’avait pas eu « un procès équitable ». 

    Hier, la Cour de révision des condamnations pénales siégeait en audience publique à la chambre criminelle de la Cour de cassation et devait prendre une décision. Soit rejeter la demande, rendant difficile la possibilité de déposer un nouveau recours, soit réhabiliter le défunt, et un nouveau procès serait très peu probable.

    Amnistié

    La décision sera donc avant tout symbolique. « Si sa condamnation pour complicité d’incendie volontaire et détention d’armes est annulée, […] la Cour va décharger la mémoire du mort. C’est comme s’il n’avait jamais été condamné », explique Me Emmanuel Piwnica, désigné curateur à la mémoire de Pouvanaa A Oopa par la Cour de révision.

    « Ce qui est important, dans une affaire politique comme celle-ci, c’est de reconnaître que Pouvanaa A Oopa n’avait rien à se reprocher. […] C’était un coup monté. On avait annoncé son arrestation 48 heures avant qu’elle n’ait lieu. Il fallait le mettre à l’écart », souligne Me Piwnica.

    Considéré comme le père de l’autonomie et du nationalisme polynésien, Pouvanaa A Oopa était un fervent opposant aux essais nucléaires français en Polynésie. Déchu de son mandat de député en mai 1960, il était rentré à Tahiti en novembre 1968 après avoir bénéficié d’une grâce, puis avait été amnistié l’année suivante et élu sénateur en 1971.

    L’ancien exilé a toujours nié les faits et avait tenté en vain de faire réviser son procès, avant son décès en janvier 1977. En 1995, la Cour de cassation avait rejeté un recours déposé par ses descendants.

    C’est finalement le ministère de la Justice qui, sous Christiane Taubira en 2014, avait initié ce processus de révision, répondant à une demande de l’Assemblée de Polynésie qui avait voté à l’unanimité une motion en ce sens. La commission d’instruction avait jugé le dossier suffisamment solide pour saisir la Cour de révision après un supplément d’information. Parmi les éléments nouveaux figurent les témoignages de gendarmes qui ont reconnu que l’accusation s’était fondée sur des témoignages fabriqués ou extorqués par la menace ou la violence.

    Né en 1895 sur l’île de Huahine, Pouvanaa A Oopa devient le premier député d’origine tahitienne en Polynésie, en août 1949. Il occupe cette fonction jusqu’en 1958. Très vite, il devient l’homme fort de la politique en Polynésie, et est élu vice-président du Conseil de gouvernement grâce au statut résultant de la loi-cadre Defferre, en 1957. Ancien combattant de la Première Guerre mondiale, Pouvanaa joue un rôle majeur dans le ralliement des Etablissements français de l’Océanie à la France libre du Général de Gaulle.

    Revers électoral et condamnation

    Pouvanaa A Oopa porte des combats tels que l’océanisation des cadres ou encore, la souveraineté des Polynésiens dans la gestion des affaires de l’ancienne colonie. En 1958, il prône le non au maintien au sein de la République française lors du référendum constitutionnel. Essuyant son premier revers électoral, il est arrêté et accusé en octobre 1959 de « complicité de destruction d’édifices et détention d’armes et de munitions sans autorisation » et sera condamné à huit ans de prison et à quinze ans d’interdiction de séjour en Polynésie. Les 10 et 11 octobre 1958, deux incendies criminels avaient eu lieu à Papeete, mais les accusations à son encontre n’ont pas été prouvées.

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