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  • Françoise CHAPTAL / AFP | Crée le 02.02.2024 à 09h06 | Mis à jour le 02.02.2024 à 09h07
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    Le Français Michel Jazy (à droite) devance l’Australien Ron Clarke, le 24 juin 1965, lors d’un meeting à Melun, au cours duquel il a établi deux nouveaux records du monde, le 2 milles en 8'22"6/ 10 et le 3000 m en 7’49". Photo AFP
    Auteur de neuf records du monde, 18 d’Europe et 49 de France, l’éclectique Michel Jazy, brillant du 800 au 5 000 m, n’est jamais parvenu à toucher l’or olympique mais reste l’une des premières stars de l’athlétisme tricolore. Il est décédé jeudi à l’âge de 87 ans.

    Chasseur de records au palmarès garni de multiples titres de champion de France, de deux titres de champion d’Europe et d’une deuxième place olympique sur 1500 mètres, Michel Jazy était une icône dans les années 1960, adorés des Français qui suivaient ses exploits scotchés à leur radio ou rassemblés devant les rares postes de télévision.

    "Michel Jazy est décédé ce jeudi 1er février à Dax à l’âge de 87 ans", a indiqué la Fédération française d'athlétisme (FFA) tandis que son président André Giraud s’est dit "atterré" par la nouvelle. "Pour le monde de l’athlétisme et pour la FFA, c’est une perte énorme pour tout ce qu’il représentait, notamment en cette année des Jeux olympiques à Paris", a-t-il réagi auprès de l’AFP. "Par ses résultats, son élégance, son talent et son sens de l’effort, il aura transmis à des millions de Français de magnifiques émotions", a-t-il ajouté plus tard dans un communiqué.

    Mauvais élève mais redoutable sportif

    Michel Jazy nait en 1936 dans une famille de mineurs polonais d’Oignies, non loin de Lille, et grandit dans la même rue où, quelques années plus tard, un autre champion d’athlétisme, Guy Drut, fera ses premiers pas. Le premier vivra ses déceptions olympiques en 1960, à Rome, puis en 1964 à Tokyo, deux éditions où il était parmi les favoris, quand le second triomphera du 110 m haies en 1976, à Montréal.

    Enfant, Jazy – vite surnommé le "zèbre des corons" par ses camarades de classe, en référence à sa pointe de vitesse mais aussi aux stigmates des coups de baguettes infligés par les instituteurs à cet élève turbulent – excelle en football et court pieds nus, excepté lors de sa première course officielle qu’à dix ans, il accomplit en… sabots, au milieu des adultes, pour terminer avec les honneurs.

    Après la mort de son père, vaincu en 1948 par la silicose, et l’obtention à l’arraché de son certificat d’études, le jeune Michel rejoint sa mère à Paris où il continue de s’adonner au foot et à la course tout en enchaînant les petits boulots, notamment un emploi de typographe à L’Equipe.

    Licencié au CO Billancourt, il devient à 17 ans champion de France cadet du 1000 m, un titre non reconnu car il ne possède toujours pas la nationalité française.

    Polonais puis Français à 18 ans

    En 1956, il décroche son premier titre national sur 1500 m, officiel celui là, devançant pour la première fois de sa carrière son rival de toujours Michel Bernard. Retenu pour les Jeux de Melbourne, il y noue une relation filiale avec Alain Mimoun qui deviendra en Australie champion olympique du marathon à 36 ans. "C’était un exemple pour moi", avait réagi Michel Jazy au moment du décès de son mentor en 2013. "Un modèle dans la rigueur et le sérieux."

    Pris sous l’aile de Gaston Meyer, patron de l’Equipe, Jazy peut concilier un emploi aménagé et un entraînement spécifique qui l’amène en état de grâce et en outsider de poids aux Jeux de Rome, en 1960.

    Sur 1500 m, il est dominé par l’invincible australien Herb Elliott dans une course folle lancée par Michel Bernard. Mais sa médaille d’argent et son record de France provoquent un véritable engouement populaire dont il profite allègrement pendant quelques semaines.

    De Perrier au Parc des Princes

    Champion d’Europe du 1500 m en 1962, il établit le premier de ses neuf records du monde sur 2 000 m, puis enchaîne par le 3 000 et arrive en favori du 5 000 m aux Jeux de Tokyo, dont il a fait son objectif. Gourmand, trop rapide pour engager le sprint, Jazy doit céder dans les derniers mètres et, quatrième, laisser les médailles à l’Américain Bob Schul, suivi de l’Allemand Harald Norpoth et de l’Américain Bill Dellinger, sous les yeux de nombreux Français qui ont veillé tard dans la nuit pour suivre la course de leur idole à la radio ou à la télévision. "On allait au bistrot pour voir ses courses à l’époque", se souvient Pierre Weiss, ancien directeur à la FFA et ami de la famille. "Avec (le patineur artistique) Alain Calmat, il déplaçait les foules là où il y avait des écrans de télé, c’était quelque chose."

    Son échec au pied du podium à Tokyo et sa stature de perdant magnifique ne font que renforcer la "jazymania" qui entoure le demi-fondeur.

    Frustré par sa défaite aux JO, il passe son année 1965 à battre des records, dont quatre du monde, cinq d’Europe et neuf de France durant le seul mois de juin, dans un fabuleux mano a mano avec l’Australien Ron Clarke. Tout cela devant les chaînes de télévision qui n’hésitent pas à bousculer leurs programmes pour retransmettre en direct les tentatives de records du monde de "l’ange de la piste", du jamais vu.

    Champion d’Europe du 5 000 m et médaillé d’argent sur 1 500 mètres en 1966 à Budapest, il quitte les pistes en octobre de la même année, à Saint-Maur, en améliorant le record du monde du 2 000 m.

    Commence alors une reconversion commerciale réussie, chez Perrier, Adidas puis à la direction de la Société du Parc des Princes, si intense qu’elle lui vaut une alerte cardiaque dans les années 80.

    Ces dernières années, il était installé à Hossegor, dans le sud-ouest de la France, où il était toujours passionné d’athlétisme. "Je ne suis pas un sectaire du demi-fond", racontait-il au journal Le Monde en 2016, lors des JO de Rio. "J’adore le suspense des concours de sauts et de lancers."

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