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  • ENTRETIEN AVEC Pierre Quatrefages et Gwenaëlle des Cognets, auteurs de « Au cœur des Cagous »
    Propos recueillis par Anthony Fillet / anthony.fillet@lnc.nc | Crée le 03.09.2019 à 04h25 | Mis à jour le 03.09.2019 à 08h56
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    Pierre Quatrefages, 56 ans, passé par de grandes chaînes (TF1, M6, France 2), notamment à l’origine de la création d’émissions comme Capital ou Turbo, et Gwenaëlle des Cognets, sa compagne, journaliste de 51 ans. Photo G.d.C.
    Ce soir, à 20 heures, NC la 1ere diffuse un documentaire commandé par le CTOS et tourné dans les coulisses de la sélection calédonienne lors des Jeux du Pacifique en juillet aux Samoa. Pierre derrière la caméra, et Gwenaëlle à la prise de son, sont plutôt contents du résultat.

    Les Nouvelles calédoniennes :

    On vous a vu un peu partout durant ces Jeux. Pierre, notamment, vous avez mouillé votre chemise blanche, au sens propre comme au figuré... Ça a été compliqué de résumer ces deux semaines dans un documentaire de 73 minutes ?

    Gwenaëlle : On a rapidement su qu’on aurait beaucoup de matière !

    Pierre : La question n’était pas la durée, mais ce qu’on allait choisir au tournage et au montage. Il y a des sports qu’on n’a pas traités, des équipes qu’on n’est pas allées voir, parce que, heureusement et malheureusement, à chaque fois qu’on arrivait quelque part, dès le premier jour, il se passait un truc extraordinaire. Par exemple au va’a, en V12, avec la victoire contre les Tahitiens. Il y a une très jolie séquence, qui d’ailleurs commence le film... Et tout a été comme ça. Notre métier, ce n’est pas de raconter des performances sportives, mais des histoires, parce que les émotions sont le meilleur vecteur pour se souvenir, apprendre, comprendre. Et là, des histoires, on en avait trois par jour ! Par exemple, on va au basket, ce ne sont pas les meilleures du monde, elles le savent, elles sont en difficulté. Et là, il y a une des filles qui a perdu son grand-père, du coup elles mettent un brassard noir, se réunissent et toute la cohésion du groupe est très forte. On arrive à ce moment-là. Dans ces Jeux, on a eu beaucoup de chance, du flair aussi.

    Il faisait chaud, c’était dur, on trimait comme des ânes mais on était heureux. 

    Il y a donc des sports absents...

    Pierre : Oui, mais lors des diverses projections en avant-première, j’ai expliqué aux sportifs, et ils l’ont très bien compris, que même si ce n’est pas leur histoire, c’est le même esprit. Il y avait quelque chose dans ces Jeux d’assez extraordinaire, cette union, ce partage, qui nous ont terriblement enthousiasmés : on s’est retrouvé avec des gens qui ne sont pas désabusés, pas cyniques, qui pensent ce qu’ils disent et disent ce qu’ils pensent, qui dépassent tous les clivages, les clichés, les préjugés. Il y avait quelque chose de nivelant, mais nivelant par le haut. Il faisait chaud, c’était dur, on trimait comme des ânes mais on était heureux. Ça m’a rappelé la Calédonie qu’on aime.

    Gwenaëlle : En m’installant ici, ce qui m’avait fait tomber en amour c’est la générosité, notamment en milieu kanak, le partage, l’humour, le mystère aussi avec le monde coutumier, qui est fascinant. En cette année référendaire, on avait perdu cette proximité. On était en train de se poser des questions, comme pas mal de Métropolitains venus s’installer, mais là ça a été une piqûre de rappel vraiment forte. Ce que j’ai cherché en Calédonie, c’est cette simplicité. Des gens qui arrivent à vivre dans des dortoirs, quelle que soit leur origine, coach avec sportif... Voir Thierry Sardo (sélectionneur des footballeurs, NDLR) dans un lit superposé, au milieu de ses joueurs, je n’avais jamais vu ça !

    Vous avez pu filmer tout ce que vous vouliez ou presque ?

    Pierre : Oui, parce que les athlètes nous ont ouvert leurs portes, leurs dortoirs, leurs réunions, leurs discussions, leurs phases de concentration, ils nous ont tous laissé faire, ils nous ont accueillis, tout de suite, alors que ce n’est pas évident ! Souvent, ici, les politiques parlent de la jeunesse, c’est un peu la tarte à la crème de tous les gouvernements. Là, j’ai découvert des gens effectivement jeunes, décomplexés, des filles émancipées, des gens très accueillants. Le film leur doit beaucoup. Ça s’appelle « Au cœur des Cagous » : je suis rarement fier mais là pour le coup le titre est bien choisi parce qu’on y est vraiment.

    Justement, la commande était, selon le président du CTOS, Charles Cali, d’entendre battre le cœur des Cagous à travers ce documentaire. Est-ce le cas ?

    Gwenaëlle : Le tchap (la danse chorégraphiée des sportifs calédoniens) permet déjà de provoquer ça.

    Pierre : On entend le cœur, c’est-à-dire l’énergie, la joie, les douleurs, les tristesses aussi, les échecs... On entend bien, je pense.

    D’habitude, on structure beaucoup. Là, l’idée c’était de ne pas faire de hiérarchie. C’est plutôt un cocktail d’émotions. 

    Comment est articulé le film ?

    Pierre : D’habitude, on structure beaucoup. Là, l’idée c’était de ne pas faire de hiérarchie. C’est plutôt un cocktail d’émotions, on mélange la première et la deuxième semaine, même parfois l’ordre dans les journées, ce n’est pas un problème, parce que le temps réel et le temps romanesque n’ont rien à voir. Ce film, c’est comme une balade, on passe d’un point à un autre, d’une ambiance à une autre.

    Quelle séquence a été la plus douloureuse ?

    Pierre : La finale de foot (perdue 2-1 contre les U23 néo-zélandais). Elle est exemplaire, parce qu’ils y croient, ils sont assez confiants.

    Gwenaëlle : Ils jouent très bien.

    Pierre : Et ça se passe mal, peut-être aussi parce que l’arbitrage n’a pas été en leur faveur.

    Gwenaëlle : On était à côté de Thierrry Sardo, on n’en croyait pas nos yeux : des fautes, des hors-jeu... Et ce coup de bambou terrible avec ce 2e but (en fin de rencontre).

    Pierre : Et ils l’ont très bien pris, avec dignité, avec respect, des mots qu’on galvaude un peu ici.

    Le souvenir le plus fort ?

    Gwenaëlle : Le volley des filles (médaillées d’or), le va’a aussi avec cette équipe tahitienne défaite.

    Pierre : C’est tout le film. Même le tir. On arrive et ils gagnent. Bon, on a du bol. On a découvert un monde entier, le tir, un milieu très feutré alors qu’ils font un vacarme de mort. Après, évidemment, on est tombés amoureux d’un sport qu’on ne connaissait pas du tout, la force athlétique, qu’on suit beaucoup dans ce film. A un moment donné, il y a Axel (Raymond) qui résume très bien en disant : « c’est un sport individuel, mais on est collectif ».

    Il y a pas mal de séquences émouvantes, dans ce documentaire. On rit ou on pleure ?

    Pierre : Il y a des moments très drôles, par exemple quand il y en a un qui drague à la cantine, ça fait rire tout le monde, et il y a des moments où on a la gorge nouée. Ça marche, car les gens sont vrais, on n’est pas tombés sur des personnes qui faisaient les marioles devant la télé.

    Y a-t-il une séquence dont vous êtes le plus fiers ?

    Pierre : (Jacky) Caie Caie, à la perche, est blessé. J’arrive et là, un volontaire samoan s’approche, lui parle et lui dit : « je vais prier pour ta jambe ». Caie Caie me regarde, tous les deux on ne comprend pas trop ce qu’il se passe, le kiné est un peu incrédule... Le Samoan commence à prendre un genou et à faire une prière, en anglais. Avant, Caie Caie n’arrivait pas du tout à marcher et là le volontaire lui dit : « Lève-toi, maintenant ! » Alors Caie se lève et, comme Lazare, commence à marcher. Il me regarde, incrédule, il regarde le kiné, qui n’y croit pas. Caie ne se met pas non plus à faire des bonds, il va quand même finir à l’infirmerie, mais ça, c’était surréaliste.

    Et une séquence très drôle ?

    Gwenaëlle : Quand les footballeurs nous ont piqué notre matériel.

    Pierre : Oui, on leur a prêté, alors ce sont eux qui tournent, ils font une interview avec une banane, il y a (Bertrand) Kaï qui fait semblant de filmer, un autre joueur prend le son... C’est le générique de fin...

    D’autres moments amusants ?

    Gwenaëlle : Le premier jour, on n’avait pas nos badges donc il a fallu ruser, à tel point que Pierre a dû enfiler un survêtement des Cagous pour la cérémonie d’ouverture.

    Pierre : Autant le dire, ce n’était pas ma taille (rire) ! J’avais les manches au coude, il y avait un truc moulant, j’ai fini par l’arracher et mettre ma chemise, je n’en pouvais plus !

    Gwenaëlle : Je riais tellement que je n’ai pas pu le photographier... Si quelqu’un a une image de Pierre en survêtement cagou, je prends !

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