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    Transports
  • Anne-Claire Pophillat | Crée le 28.08.2025 à 15h53 | Mis à jour le 03.09.2025 à 09h20
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    Avec Tiga transport, Alexandre Rigoud dessert l’île depuis Lifou en fonction de la demande des habitants, avec son bateau moteur (photo). Photo A.R.
    L’annulation d’une rotation d’Air Oceania vendredi 22 août en raison de mauvaises conditions météorologiques a remis en lumière les problèmes récurrents de transport pour accéder à la petite île de Tiga, joyau situé entre Maré et Lifou, même si des solutions se sont mises en place ces derniers mois.

    Jacques Wabete, originaire de Tiga et vivant à Nouméa, est en colère. Sa petite-fille n’a pas pu faire sa rentrée dans sa classe de 4e d'un collège de Nouméa lundi 25 août en raison de l’annulation d’une liaison aérienne assurée par Air Oceania le vendredi 22 août. Une situation "scandaleuse", estime Jacques Wabete, qui "pénalise les habitants" de cette petite île isolée des Loyauté. L’usager regrette un manque d’informations de la part de la compagnie et l’absence de proposition alternative.

    Si le nouvel avion d’Air Oceania, le Tecnam F-Otok, n’a pu décoller vendredi dernier, c’est à cause des mauvaises conditions météorologiques, explique Michel Druet, directeur. "Nous avons reprogrammé le vol le lendemain, samedi, mais il n’a à nouveau pas été possible de quitter l’île pour des raisons de sécurité." Et cette semaine, ajoute le responsable, les pilotes participent à des mises à niveau. Une autre rotation est donc planifiée mardi 2 septembre.


    Le premier vol inaugural du Tecnam F-Otok d’Air Oceania, un appareil de 9 places, a eu lieu en mai. Il vise à désenclaver l’île, victime d’une triple insularité. Photo province des Îles Loyauté

    Cette affaire met surtout en avant une nouvelle fois la difficile desserte de Tokanod (en drehu), 80 habitants environ, située à équidistance entre Maré et Lifou, commune dont elle dépend. Un petit bout de terre auquel l’accès ne va pas de soi. Le Ieneic, catamaran de la SAS Mélita, filiale de la Sodil, a assuré le lien entre l’île et Lifou jusqu’en août 2022, date à laquelle le navire est tombé en panne, avant d’être vendu par la province des Îles en 2023.

    Neuf liaisons en trois mois par Air Océania

    La dernière rotation d’Air Loyauté, en décembre de la même année, a laissé les habitants de Tiga quelque peu désemparés. Un an et demi plus tard, Air Océania a pris la relève avec le Tecnam F-Otok, un appareil de 9 places, pour un vol inaugural en mai, auquel a notamment participé le chef de l’île, Hnakaune Kouriané. Depuis, neuf allers-retours ont été effectués, indique Michel Druet, avec trois passagers à bord en moyenne à chaque fois. "Nous faisons cela à pertes, pour la population. On a même fait des vols à vide simplement pour aller chercher des gens. Il s’agit d’une ligne déficitaire à faible trafic et aucune institution ne nous aide. Une entreprise privée ne le ferait pas." Et les annulations, quand il y en a, ne sont pas de leur fait, poursuit le directeur. "Elles sont liées à l’absence de passagers, aux conditions météorologiques, à la panne des moyens incendies sur l’aérogare de Tiga, mais pas à la compagnie…"


    L’aérogare de Tiga en fête lors du vol inaugural d’Air Oceania en mai. Photo province des Îles Loyauté

    Cette situation, Hnakaune Kouriané ne la connaît que trop bien. "On a toujours vécu comme ça." Et quand il n’y a plus de moyen de transport, par les airs ou la mer, c’est le système D. "On se débrouille autrement, on fait avec les moyens du bord, la famille, les amis ou les pêcheurs qui ont des bateaux, de Maré ou Lifou, nous emmènent chez nous", témoigne cet enfant de Tokanod. L’idéal serait "d’avoir un quai qui permette d’en réceptionner de plus gros". Mais, le principal problème reste selon lui l’alimentaire. À tel point que l’année dernière, en août, les Forces armées en Nouvelle-Calédonie (Fanc) avaient dû opérer une mission de transport de vivres, alors que l’approvisionnement n’était plus assuré "par liaison civile depuis le début de l’année".


    Faute de transport public, les Fanc avaient assuré une liaison de fret avec le Casa en août 2024. Photo Fanc

    "Sept enfants à récupérer"

    Ces derniers mois, des solutions se dessinent. Malgré des annulations, Air Oceania procède désormais à des liaisons directes avec Magenta. Et la province des Îles réalise des trajets entre Lifou et Tiga avec deux de ses bateaux, Eötr et Sumu, chaque semaine, même s’il s’agit "d’une ligne communale", indique Étienne Waneissi, directeur des ports et aéroports à la PIL. "C’est l’équipement nautique de la province des Îles qui fait la continuité de service. La commune n’en ayant pas les moyens, c’est nous qui prenons le relais."

    Les deux bateaux convoient du fret, mais aussi le personnel provincial et communal pour le dispensaire, ou des agents de l’OPT, etc. Pour transporter des passagers, la province doit demander une dérogation aux Affaires maritimes, ce qu’elle fait notamment lors des vacances ou en cas de gros événement comme un mariage. "La météo nous a plombés la semaine dernière", confirme Étienne Waneissi. En conséquence, deux traversées sont prévues aujourd’hui et demain. "Nous devons récupérer sept enfants scolarisés sur Lifou et Nouméa. Ce qu’il s’est passé est vraiment une accumulation de facteurs pour lesquels personne n’est responsable."

    Des prestataires privés proposent également leur service. C’est le cas d’Alexandre Rigourd. En plus de son activité de pêche pour les touristes, Drehu Fishing, qui pâtit ces dernières années des différentes crises qu’a subies le secteur depuis le Covid, Alexandre Rigourd opère des voyages entre Wé et Tiga. Si, au départ, il s’agissait surtout de "dépannage", les allers et retours sont devenus "plus réguliers depuis la fin du Ieneic", souligne le responsable, avec, en moyenne, au moins une rotation par semaine et quatre à six personnes à bord. Un service qui reste "difficilement rentable", les passagers étant peu nombreux. Alors Alexandre Rigoud fait aussi du fret. "Je fais les courses pour eux." Mais, reconnaît le pêcheur, c’est quand même "la galère". Ces derniers sont en plus confrontés à bien d’autres problèmes. "Déjà, on n’a pas d’eau au robinet, lâche Hnakaune Kouriané. Et on est en train de remettre en place internet avec l’OPT." Pour autant, estime Alexandre Rigoud, "les habitants de l'île sont résilients".

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