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    Nouvelle Calédonie
  • Photos : Nicolas Petit Textes : Anne-Claire Pophillat | Crée le 17.06.2021 à 10h20 | Mis à jour le 17.06.2021 à 11h08
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    Les agents préparent les piles de journaux. photo Nicolas Petit
    Reportages, relecture et correction des papiers, impression et livraison chez les abonnés et les dépositaires. De sa conception à sa vente, le quotidien Les Nouvelles calédoniennes passe entre de nombreuses mains et nécessite l'intervention souvent insoupçonnée de différents corps de métier afin que les lecteurs puissent le découvrir chaque matin. Un processus long et complexe.Voici les principales étapes de son élaboration.

    15 170 numéros

    du journal ont été imprimés depuis sa création en 1971, ce qui fait, en moyenne, 303,4 parutions par an sur cinquante ans.

    Le brief de 9 heures et la réunion de une de 17 heures : deux moments clés


    Le brief du matin, à 9 heures, lance la journée. Il permet à la fois de revenir sur le journal de la veille et de faire le point sur les sujets du jour par service.

    L'organisation de la rédaction suit un rythme bien rodé chaque jour. Tout commence par le brief de 9 heures. Parfois élargi aux journalistes le lundi pour démarrer la semaine et resserré autour des chefs de service le reste du temps. La réunion présente un double objectif. "C'est le moment où l'on prend un temps pour se pencher sur le journal de la veille afin de voir ce qui a fonctionné et où l'on fait le point sur les sujets du jour", introduit Olivier Poisson, rédacteur en chef. Chaque service présente le menu de sa section en suivant le déroulé du quotidien. D'abord la Nouvelle-Calédonie, c'est-à-dire les sujets pays, politique, santé, économie, tourisme, etc., puis Nouméa/Grand Nouméa, la Brousse, les Îles, les pages Sorties avec l'agenda et le dossier réalisé par l'équipe des magazines, les Sports et enfin les pages Pacifique, France et Monde. "Le brief est très important pour se voir et penser ce qu'on va mettre dans le journal même si cela arrive qu'il ne ressemble pas à ce qui était prévu. C'est évolutif au cours de la journée en fonction de l'actualité."

    Décrypter le quotidien

    Le contenu du quotidien est cependant déjà évoqué à la fin de la réunion de une de la veille qui se tient à 17 heures. Ce rendez-vous, autre point fort de la journée, rassemble également les responsables autour de la rédaction en chef. Ensemble, ils retiennent les titres les plus forts pour construire la première page du quotidien, sorte de vitrine de ce que le lecteur pourra trouver à l'intérieur. "On recense les articles de chaque section et on réfléchit à ce qui est le plus concernant, ce qui va le plus parler aux gens. Aujourd'hui, par exemple, on estime que l'information la plus importante est celle sur le tiers payant. C'est elle qui va faire ce que l'on appelle le ventre de une, puis on choisit notre meilleure photo pour l'illustrer." Le lundi matin est également consacré aux réunions de service, qui permettent d'avoir une vision plus globale des jours à venir et donne l'opportunité à chacun de partager ses idées. "Un journal se construit comme ça. D'une part il y a l'actualité, à côté de laquelle on ne peut pas passer, et les thèmes du moment, comme la Cafat et le Ruamm, et d'autre part, les papiers d'initiative que nous traitons différemment sous forme de dossiers, comme aujourd'hui sur la hausse des prix. Nous essayons de décrypter et de vulgariser le quotidien pour le plus grand nombre."

    Le chemin de fer, la colonne vertébrale du journal


    Patricia Crezen réalise le chemin de fer du journal depuis cinq ans.

    "C'est un peu comme un Tetris", explique en souriant Patricia Crezen, journaliste éditrice et infographiste aux Nouvelles calédoniennes. Réaliser le chemin de fer est un exercice qui lui prend une bonne heure le matin contre environ une heure et demie avant, depuis l'arrivée du nouveau logiciel Melody en fin d'année dernière. Le chemin de fer est une sorte de maquette ou de plan du journal qui indique ce qu'il contient. Chaque service, la rédaction, la publicité, les petites annonces et le marketing demande le nombre de pages dont il a besoin. À charge pour Patricia Crezen de les satisfaire. Une gymnastique qu'elle apprécie. "C'est un petit challenge à chaque fois d'arriver à donner à tout le monde ce qu'il souhaite, les Sports veulent quatre pages et la section Nouméa trois, je dois jongler avec tout ça. Ensuite, je positionne les publicités, et tout cela doit rentrer dans un journal dont le nombre de pages doit obligatoirement être un multiple de huit."

    Un outil primordial

    Parfois cela nécessite des ajustements et certaines sections doivent sacrifier une page. "Je discute avec tous les services ainsi que la rédaction en chef quand il y a des points spécifiques." Une fois finalisé, le document est envoyé en fin de matinée aux journalistes à qui il sert de base de travail. Chaque rédacteur sait ainsi dans quelle page est prévu son article et de combien de place il dispose. Patricia Crezen monte ensuite les pages Services (cinéma, transports, etc.) et se consacre à la création d'infographies. "C'est quelque chose que j'aime faire. C'est intéressant parce que cela permet de faire comprendre en un clin d'œil l'essentiel du sujet. C'est un aspect de mon travail que je souhaiterais vraiment développer notamment sur le Web pour proposer des illustrations plus interactives."

    Journaliste :  un métier au cœur de l'information


    Après le terrain, les journalistes écrivent leurs articles à leur bureau.

    Aller sur le terrain, effectuer des reportages et des interviews, écrire des articles et des publications pour le site Internet, ne pas compter ses heures, la semaine comme le week-end. Si le quotidien d'un journaliste repose sur le même principe, ce qui le rend si prenant, c'est la variété des sujets traités et des rencontres. Lundi, il est à la fois question de santé avec le tiers payant, que de travaux à l'Aquarium, de jeunes qui effectuent des travaux d'intérêt général, ou encore de la Polynésie qui souhaite tester le cannabis thérapeutique.

    "Transmettre la vie des gens"

    C'est bien le cœur du métier. "On raconte ce qui se passe, des histoires, des événements, on transmet la vie des gens", introduit Claire Gaveau, journaliste sportive, un service qui répond à un fonctionnement un peu différent de celui du reste de la rédaction. "Notre semaine est inversée, c'est le week-end que se déroulent toutes les compétitions, ce qui nous force les autres jours à chercher l'actualité et à rebondir sur un sujet par des portraits et des interviews ou à se projeter sur le calendrier à venir." Gilles Caprais, rédacteur du service Nouvelle-Calédonie s'attache à faire vivre un débat contradictoire. "C'est la base de notre fonction, le défi, donner la parole à tout le monde." Mais aussi évoquer les sujets de société du moment. "Il faut rendre accessible ce qui peut être compliqué, comme l'économie, et traiter de ce qui parle aux gens, que ce soit le champ ou les applications comme Tik Tok, il faut que le journal reflète ce qu'ils font." Les rédacteurs sont accompagnés par un photographe et, avec le développement du Web, d'une personne dédiée à la réalisation de vidéos.


    Le service Nouvelle-Calédonie compte dix personnes.

    Relecture, correction, scan : les filets de sécurité de la rédaction


    Carl Moncheny flashe le journal sur de grandes plaques en métal qui servent ensuite pour l'impression aux rotatives.

    "Je suis un peu celui que personne n'aime parce que je suis là pour détecter les défauts des papiers", s'amuse Julien Mazzoni, journaliste secrétaire de rédaction. Une partie du métier qui reste méconnue. Ceux qui sont appelés SR travaillent le plus souvent en horaires décalés, de 14 heures jusqu'au bouclage, aux alentours de 22 heures. Leur rôle ? "On relit nos collègues en prenant garde au sens de l'article et à sa forme. On est le premier lecteur en fait, si on bloque sur une phrase, ce sera sûrement aussi son cas, donc on voit avec le rédacteur qui a écrit le papier comment on peut le rendre plus lisible", détaille Julien Mazzoni. Le SR corrige également les fautes et met en scène l'information. Il réalise un travail d'éditing sur les éléments essentiels de l'article, le titre, les légendes, etc. "Ce métier me plaît parce que j'ai l'impression de mettre ma rigueur au service du lecteur, même si ce dernier a tendance à voir plutôt les défauts. L'idée est de faire au mieux pour faciliter le passage de l'information. On est un peu des travailleurs de l'ombre, mais ça ne me dérange pas."

    Gravé sur des plaques de métal

    Comme les autres membres de la rédaction, le SR est confronté à la révolution que représente Internet pour la presse écrite. Avec le nouveau logiciel Melody, il a désormais la charge de partager les articles relus et corrigés sur le site Internet pour les abonnés, ce qui n'était pas le cas avant. Les papiers étaient alors seulement accessibles le lendemain matin. Une fois traitées, les pages sont envoyées à Carl Moncheny, coordinateur service scan, qui fait le lien entre la rédaction et les rotatives. "J'envoie les pages à flasher. Il y en a quatre sur une plaque de métal. Un laser grave les couleurs - noir, bleu, rouge et jaune -, et il y a une plaque par couleur. Ce sont elles qui servent ensuite de base pour l'impression." Un maillon important de la chaîne. "Cela demande de l'attention, de la précision et de la concentration, estime Carl Moncheny, au scan depuis douze ans. J'aime bien quand c'est carré." Une fois l'ensemble du journal scanné, les rotativistes viennent chercher les plaques pour lancer l'impression.


    Avant le flashage, Carl Moncheny, coordinateur du service scan, vérifie les pages sur son ordinateur. photo Nicolas Petit

    Quand le journal prend corps


    Les imprimeurs surveillent le dosage des couleurs pendant tout le temps du tirage.

    Après trente-cinq ans passés derrière les machines, dont dix aux imprimeries IRN et vingt-cinq à Pacifique Rotative, elles n'ont plus de secret pour lui. "Je suis l'un des derniers mécaniciens de rotative du territoire", raconte Josia Kadim, chef d'atelier, intarissable sur le sujet. Lundi soir, il supervise le bon déroulement de l'impression dans le dock de Normandie, situé derrière les locaux du Gratuit. L'installation est impressionnante. Et le bruit des imposantes tours lancées à plein régime en est presque assourdissant. Il faut dire qu'elles peuvent sortir jusqu'à 25 000 journaux en une heure.

    Dosage des couleurs et alignement du texte

    Pour en arriver là, les étapes sont nombreuses. Il faut perforer les plaques de métal, les fixer sur les cylindres des tours (chacune a un cylindre pour une des quatre couleurs), charger le papier (d'énormes bobines de 400 kg comportant l'équivalent de 12 km de papier) et, surtout, surveiller afin d'ajuster la couleur, leur bonne imposition et l'alignement du texte. "Le responsable tirage de la semaine contrôle la qualité des premières impressions. C'est ce que l'on appelle la gâche. On se permet une marge d'erreur le temps de trouver le bon dosage, développe Josia Kadim. C'est un travail de justesse qui n'est pas évident, il faut avoir l'œil imprimeur." Une opération qui est répétée deux fois, le quotidien étant tiré en deux cahiers qu'il faut ensuite encarter. Dernière étape avant le départ pour la livraison, le sarclage, qui consiste à faire des paquets de journaux en fonction du nombre demandé par chaque dépositaire.


    Un responsable tirage est nommé chaque semaine. C'est lui qui décide d'arrêter la machine en cas de problème. photo Nicolas Petit


    Le journal est tiré en deux cahiers distincts. photo Nicolas Petit


    Les rouleaux de papier pèsent plus de 400 kg. photo Nicolas Petit


    Après l'impression, une équipe s'occupe de l'encartage des deux cahiers à l'aide de l'encarteuse. photo Nicolas Petit


    Les agents préparent les piles de journaux. photo Nicolas Petit


    Les locaux de Pacific Rotative disposent de six tours, les seules du territoire. photo Nicolas Petit

    Il fait son bout de chemin la nuit


    Chauffeur livreur, Patrick Jouet est responsable de la Brousse. Il tourne sur le secteur Nouméa-Bourail.

    Chez Vigiplis, vingt-deux personnes travaillent à la livraison des Nouvelles. Quinze s'occupent des abonnés et doivent avoir livré pour 6h30. "C'est la contrainte horaire pour le Grand Nouméa", précise Alexandre Potée, directeur de la société. Quatre chauffeurs gèrent le circuit des dépositaires et trois exercent sur le reste du territoire. Les exemplaires pour les Îles, eux, sont amenés au fret, à Magenta. Patrick Jouet, chauffeur livreur responsable de la Brousse, descend de Bourail charger son camion à Normandie avant de remonter. Là, deux collègues prennent le relais. Un dessert la côte Est et l'autre la côte Ouest. Enfin, un autre descend à Koumac récupérer les journaux afin d'approvisionner Ouégoa et Pouébo. "Pour le reste du pays, il faut avoir terminé à 8 heures, excepté pour les deux communes les plus éloignées, pour lesquelles c'est 9 heures", complète Alexandre Potée. Seuls deux endroits ne sont pas livrés, Poum et Yaté. En général, les équipes de Vigiplis quittent l'imprimerie et commencent leur tournée autour de minuit. "Il faut vraiment être vigilant sur la route. En Brousse, le risque c'est vraiment les bêtes, il y a déjà eu de mauvaises rencontres."

    Distribué auprès de 400 dépositaires aux quatre coins du pays


    Antoine Ignace, à gauche, responsable réseau diffusion, aux côtés de Philippe Besson, dépositaire.

    C'est la dernière étape. La diffusion. Situé au Surcouf, à Nouméa, le service reçoit les lecteurs et propose également des exemplaires à la vente au numéro. Il gère à la fois les abonnés papier et Web, mais aussi les quelque 400 points de dépôt où est commercialisé le journal sur l'ensemble du pays.

    "Un lien social et un service"

    Stations-service, magasins, maisons de presse, etc. "Il faut s'assurer qu'ils l'ont bien reçu et être réactifs s'ils ont besoin de réassort", explique Antoine Ignace, responsable réseau diffusion, qui partage son temps entre son bureau et le terrain, au contact de ces établissements. "On regarde également comment est présenté le titre, s'il est mis en avant sur un présentoir et visible ou pas par les clients, on échange, on fait beaucoup de pédagogie. Et puis, on gère aussi les encaissements et les invendus, que l'on récupère." Ces rencontres permettent aussi de garder le lien avec les dépositaires, notamment les plus anciens comme Chez Marcel, à Ouaco, qui vendait déjà la France australe. C'est aussi le cas, à Nouméa, de Philippe Besson, gérant de la boutique Au Caillou située rue de Poitou, à la Vallée-des-Colons. Le journal est présenté au niveau de la caisse. "J'ai des fidèles qui viennent le chercher ici", note Philippe Besson. Les ventes se font essentiellement le matin. "Entre 70 et 80 %, indique Antoine Ignace. Cela reste une habitude. Il y a encore cette culture du papier, d'avoir le journal en main. Et puis, c'est vraiment un lien social et un service, notamment pour les anciens."

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