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    Grand Nouméa
  • Baptiste Gouret | Crée le 17.06.2024 à 11h42 | Mis à jour le 17.06.2024 à 11h42
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    À l’école Victorien-Bardou de Koutio, l’école a repris ce lundi 17 juin, dans un format en demi-journée. Les élèves ne seront accueillis qu’en matinée jusqu’à la fin de la semaine. Photo Baptiste Gouret
    Les enfants ont repris le chemin de l’école ce lundi, cinq semaines après l’avoir quittée précipitamment en raison du déclenchement des émeutes. Pour certains parents, cette rentrée inédite représente un début de retour à la normale et l’occasion de redonner un cadre à leurs enfants. À l’école Victorien-Bardou de Koutio, quartier où les détonations se font encore entendre chaque nuit, l’angoisse est toutefois encore bien présente.

    L’arrivée se fait au compte-gouttes, ce lundi matin, à l’école Victorien-Bardou de Koutio. Dans la cour, des enfants se sautent dans les bras, heureux de se retrouver après cinq semaines privés des copains, quand d’autres fondent en larmes à l’idée de se séparer des parents et de rentrer en classe. Devant le portail, la directrice accueille un à un les élèves et leur famille. Après plus d’un mois loin de l’école et dans un contexte insurrectionnel toujours brûlant, cette matinée de rentrée poursuit un seul objectif : "rassurer les familles et les élèves", lance Stéphanie Chalumeau, depuis deux ans à la tête de l’établissement de Koutio. "Déjà s’ils sont là, c’est qu’ils nous font confiance."

    Grégory vient de déposer sa fille et voit d’un bon œil la réouverture des écoles, après ces cinq semaines particulièrement pauvres en apprentissage. Pour lui et sa femme, cette reprise en demi-journée (7h30-11h45) fixée par la ville de Dumbéa dans les dix écoles qui rouvrent s’avère toutefois un véritable casse-tête. "Ce n’est pas simple de gérer le boulot et la rentrée, on est obligés de s’adapter." Mais le plus dur, pour Grégory, reste de déposer sa fille dans le contexte actuel. "On aurait préféré que cette reprise se fasse dans un climat plus apaisé."

    "Ici, ça ne dort pas la nuit"

    Dans cette partie de Dumbéa, le calme est en effet loin d’être revenu. "Ici, ça ne dort pas la nuit", lance Sonia, venue déposer Cassandre, 6 ans, et Bradley, 7 ans. Aux Palmiers et à Jacarandas, deux quartiers mitoyens, "ça pète tous les soirs", fait remarquer la mère de famille. Ça ne fait qu’une semaine qu’elle et ses enfants s’autorisent à ressortir de la maison. "Ils sont trop petits, je ne voulais pas qu’ils voient ça." Elle a finalement dû se résoudre à leur expliquer la situation, quand ils ont croisé les premières enseignes incendiées. "La Calédonie est en guerre", a répondu Sonia à leurs interrogations. Pour elle, cette rentrée particulière aura au moins le mérite "de leur changer les idées". "Ils vont pouvoir penser à autre chose" et retrouver les copains. Une parenthèse enchantée avant, probablement, une nouvelle nuit marquée par des détonations devenues familières dans le quartier.


    Stéphanie Chalumeau, directrice de l’établissement, a accueilli les élèves et leurs familles ce lundi matin devant l’entrée de l’école. Photo Baptiste Gouret

    "Je ne voulais pas les emmener ce matin, admet Lenka, habitante de Tonghoué, mère de six enfants, dont quatre ont fait leur rentrée ce lundi. Hier soir encore, on entendait les 'boums' autour de chez nous." L’insistance de son mari et de ses enfants, heureux de retrouver le chemin de l’école, a fini de la convaincre. "Mais si je suis bloquée pour venir les récupérer ce midi, hors de question que je les emmène demain." Pour assurer la sécurité du site, une patrouille de gendarmerie s’est positionnée le long de l’avenue d’Auteuil, en plus des effectifs de police municipale. "J’ai acheté des chaînes pour cadenasser les portails à partir de 8 heures", indique également Stéphanie Chalumeau, qui y voit davantage un moyen de rassurer les parents que d’empêcher une intrusion.

    Libérer la parole de l’élève

    Des dispositifs de sécurité pas suffisants aux yeux d’un certain nombre de parents. "Il y en a une partie qui n’étaient pas sereins et qui ont préféré garder leurs enfants avec eux", reconnaît la directrice. Un coup d’œil en direction de la cour permet de confirmer qu’on est loin des 230 élèves accueillis habituellement à Victorien-Bardou. Le personnel, lui, est au complet. La semaine dernière, "on a échangé à quatre reprises en visioconférence" pour organiser cette rentrée inédite. Ce lundi matin, "il y a beaucoup d’émotions à se retrouver", souligne la directrice.

    Pour l’équipe pédagogique, tout l’enjeu de cette matinée est d’offrir un espace de discussions bienveillant à des élèves certainement marqués par les évènements des dernières semaines. "On nous a fortement conseillé de tout faire pour libérer la parole de l’élève", poursuit Stéphanie Chalumeau. Les premières minutes de classe étaient ainsi consacrées à "les écouter, respecter ce qu’ils ont à dire tout en fixant un cadre". La dernière heure de la matinée était quant à elle réservée à des "jeux collectifs". Le thème du jour : "cohésion et coopération".

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