Si le braquage de la station-service Mobil de Koutio, lundi soir, a fait couler beaucoup d’encre*, cet acte est loin d’être isolé selon la gendarmerie, qui déplore des "violences urbaines" encore récurrentes dans ce quartier. Les nuits y sont particulièrement "agitées", ponctuées de caillassages, d’entraves à la circulation, d’incendies et de nombreux cambriolages dans les secteurs résidentiels. Dans ce contexte, un dispositif spécifique de forces de sécurité est déployé depuis ce jeudi 5 juin dans cette partie de la commune de Dumbéa, avec un renfort d’une trentaine de militaires déployés en permanence sur les principaux axes et "points de passage" de la zone.

Cela vient en complément des patrouilles habituelles de gendarmerie et de police ainsi que de l’équipe cynophile. "Koutio fait l’objet d’une attention vraiment particulière. Nous menons un effort supplémentaire de présence, de couverture du terrain et de contrôle. C’est un dispositif adapté de jour comme de nuit, explique le général Nicolas Matthéos, commandant de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie. Nous faisons face à une jeunesse qui, la nuit, n’est pas rentrée à la maison et qui entretient un bruit de fond, et dont une partie vient également de la ville de Nouméa. Cela nous oblige donc à être présents et à être capables de réévaluer notre dispositif en permanence."

"La délinquance n’a pas de frontière"

Des moyens supplémentaires et une nouvelle stratégie plus que bienvenus pour le maire de Dumbéa, qui interpellait, ce mercredi encore, le haussariat pour disposer de davantage de forces de l’ordre dans la commune "face à une recrudescence de l’insécurité" dans le Grand Nouméa. "C’est une excellente nouvelle pour les Dumbéens en général ainsi que pour le secteur économique qui attendaient une réponse de l’État sur la sécurité à toute heure et notamment durant la nuit et les week-ends, se félicite Yoann Lecourieux, qui confirme ce phénomène de bandes évoluant dans les différents secteurs de l’agglomération. La délinquance n’a pas de frontière et elle circule. Tout le Grand Nouméa est concerné. C’est donc d’autant plus important que les forces de l’ordre, que ce soit gendarmerie, police nationale et municipale, travaillent ensemble parce que cette situation pourrit la vie des habitants qui, pour la plupart, veulent rebondir et vivre en sécurité."

"Être là où il le faut, quand il le faut"

Un discours partagé par le haut-commissaire, présent ce jeudi 5 juin dans la commune afin de mieux appréhender ce dispositif, et qui rappelle que de telles opérations sont également menées dans d’autres quartiers sensibles comme le secteur voisin de Rivière-Salée. "Nous préparons des opérations coordonnées qui vont être montées entre la gendarmerie et la police nationale, et donc avec les villes de Nouméa et de Dumbéa, car on voit bien qu’il y a des flux qu’il faut contrôler et gérer. Et c’est justement l’objectif de ces points fixes qui sont mis en place par la gendarmerie à Koutio", explique Jacques Billant, qui juge bon de préciser qu’un travail de proximité avec les riverains et une attention particulière aux abords des commerces sont également compris dans ce dispositif, dont le représentant de l’État résume la stratégie en une phrase : "être là où il le faut, quand il le faut".