Sous une pluie battante, les coups de klaxon répondaient aux drapeaux agités le long de la RP1. Ce mardi 13 mai, à l’entrée de la route de la mission de Saint-Louis, une trentaine d’habitants s’est réunie, un an jour pour jour après le déclenchement des émeutes. Dans ce fief indépendantiste, les souvenirs des longs mois de violences entre des jeunes et les forces de l’ordre sont encore douloureux. "Saint-Louis a payé un lourd tribut", lance André Forest, membre de l’USTKE, désormais intégré au FLNKS.

Sur les 14 morts des émeutes, trois militants, âgés de 29, 30 et 38 ans, ont perdu la vie à Saint-Louis, abattus par les gendarmes entre juin et septembre 2024 – tandis qu’un militaire est mort à La Coulée d’une balle dans la tête. "On est là pour ne pas oublier", souligne Hélène, 36 ans. Ne pas oublier "nos morts, mais aussi nos prisonniers détenus en France". Une mobilisation que les militants comptent bien poursuivre le temps qu’il faudra. "Si on est toujours sur la route, c’est qu’on ne s’est pas fait comprendre."

"On est optimistes"

Le rassemblement, sous haute surveillance des forces de l’ordre installées de part et d’autre de la tribu, s’est déroulé dans le calme, suivant le mot d’ordre donné la veille par les leaders du mouvement. "En ce 13 mai, choisissons l’apaisement, la dignité, l’intelligence collective", a souligné la CCAT, dans un communiqué relayé le 7 mai. Pour autant, "le combat continue", insiste Marie-Pierre Goyetche, présidente du Parti travailliste. "C’était important d’être présents partout dans le pays, montrer que, plus que jamais, notre détermination est entière."

L’échec des négociations pour un accord ne semble pas affecter la volonté des militants. "On est optimistes, affirme une maman. On a confiance en la suite, elle va continuer de s’écrire pour la pleine souveraineté de Kanaky." La mobilisation du jour devait également rappeler une ligne rouge à l’État et aux adversaires loyalistes : "Nous sommes opposés au dégel du corps électoral, redit André Forest, en réponse aux velléités loyalistes. C’est contre ça, le 13-Mai, que le peuple kanak s’est soulevé. Dorénavant, cette date est inscrite à jamais dans notre combat et il sera important de la commémorer chaque année."