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    Grand Nouméa
  • Anthony Tejero | Crée le 16.05.2024 à 20h05 | Mis à jour le 16.05.2024 à 20h17
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    Les barrages de résidents s’organisent dans tout Nouméa. Certains ont des pierres, d’autres des machettes. Mais de leur côté comme dans le camp des émeutiers, les armes à feu sont aussi prêtes. Photo Anthony Tejero
    À Nouméa, les barrages improvisés avec les moyens du bord s’érigent dans bon nombre de rues des quartiers résidentiels, où les voisins s’entraident et se préparent à faire front, si besoin, face à une éventuelle arrivée d’émeutiers pour défendre leur famille, leurs biens, mais aussi les commerces encore intacts. Reportage.

    Barrières, palettes, poutres, matériel de chantier, grillages, végétations et volets en tous genres ont envahi les rues de bon nombre de quartiers résidentiels de l’agglomération. Qu’importent les moyens du bord trouvés pour ériger ces barrages de fortune, le but reste le même : protéger les habitations face à des émeutiers qui n’en finissent plus de saccager l’agglomération.

    En ce quatrième jour d’émeutes, les voisins se relaient pour filtrer les véhicules la journée avant de barricader et surveiller les accès une fois la nuit tombée, souvent synonyme de montée en puissance des exactions. "Nous nous organisons simplement pour préserver nos maisons. Dans tout le quartier, il y a des responsables de secteurs avec qui nous sommes en lien pour suivre l’évolution de la situation, raconte Paul qui a veillé de 17 heures à 4h30, avant de reprendre son poste à 7h30. Mais ce jeune homme de 26 ans l’assure : il n’a pas envie d’en découdre. Mon but, c’est d’abord de faire acte de présence pour être dissuasif. Je ne suis pas formé à me battre donc l’objectif, c’est vraiment de ne pas en arriver là. Depuis ce matin, tous les gens du quartier sont contents et nous remercient de notre initiative."

    "Protéger les commerces encore intacts"

    Pour cet autre riverain, qui est père de famille et dont la femme est enceinte, la question ne s’est pas posée une seule seconde pour "venir prêter main-forte".

    "Au-delà de protéger nos familles, l’une de nos priorités, c’est aussi de protéger les points stratégiques des alentours dont les magasins encore intacts, et en particulier les supermarchés qui brûlent les uns après les autres, détaille ce Nouméen, qui à l’image de la plupart des personnes rencontrées sur ces barrages souhaitent garder l’anonymat pour ne "pas attirer l’attention". Et juge bon de préciser qu’il est important de garder son sang-froid. Nous sommes tous en lien entre voisins et il faut rester vigilants sur ce qui se dit, notamment de la part de certains qui ont tendance à vouloir galvaniser un peu trop les gens."


    Certains barrages ne laissent plus passer aucune voiture. Photo Anthony Tejero

    Et ce ne sont pas ces deux jeunes hommes, qui profitent du calme, du moins apparent, de cette journée pour se balader, qui le contrediront. "Dans notre quartier, cette nuit, c’était assez tranquille, mais il y avait des milices qui allaient trop loin et, pour être francs, c’était plus ça qui nous inquiétait." Avec 76 000 armes à feu déclarées sur le Caillou, aucun doute que les Calédoniens sont "équipés" de part et d’autres des barrages.

    "Cela me rappelle de très très mauvais souvenirs"

    Quant à Nicole, si elle vient volontiers aider les habitants à se relayer du haut de ses 67 ans, cette habitante observe la scène avec des yeux empreints d’une profonde tristesse. "Cela me rappelle de très très mauvais souvenirs que l’on croyait derrière nous, glisse cette Calédonienne, qui a vécu les Évènements, et qui reste sans mot face à l’actuelle flambée de violence qui secoue l’agglomération et qui se solde désormais par des morts. Je suis si désolée pour mon pays. C’est une jeunesse perdue et manipulée. Ils agissent sur l’instant présent, sans même penser à l’après, dont les conséquences vont se faire sentir pendant très longtemps."

    Les mises en garde du haussaire

    Ce jeudi, le haussaire Louis Le Franc a réitéré son appel à l’apaisement et à ne pas constituer des milices et des groupes d’autodéfense, "comme il y en a déjà beaucoup" sous peine d’être également en infraction, notamment pour non-respect du couvre-feu. "Les milices créent aussi les conditions de confrontations avec leurs agresseurs de la CCAT et c’est ce qui va mener vers une spirale mortelle".

    D’autant plus que trois personnes ont déjà été tuées par balle par deux civils.

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