"Cet outil était vraiment ouvert à toute la population calédonienne. On ne comprend pas cet acharnement contre ce centre qui sert aussi aux plus démunis." Après la sidération, Élizabeth Rivière, à la tête de la CMA (Chambre des métiers et de l’artisanat) veut aller de l’avant et envoyer un message positif aux quelque 250 jeunes en alternance, qui ont perdu leur CFA (Centre de formation des apprentis) de Nouville, pillé, saccagé puis incendié par les émeutiers.

Si l’établissement est "détruit à 90 %", les équipes de la chambre consulaire l’assurent : "nous ferons tout pour que ces jeunes puissent retrouver la voie de la formation dans les prochaines semaines. Nous avons besoin qu’ils reviennent dans un cadre scolaire car certains sont démunis et ont besoin d’un accompagnement rapidement".

Comment reconstruire ?

Quant aux élèves qui doivent être évalués en juillet prochain ? "Nous allons tout faire pour que ces sections qui ont des examens puissent les passer dans les meilleures conditions. Aujourd’hui, ce qui nous manque, ce sont des ateliers, explique la patronne de la CMA. Nous mettons donc tout en œuvre pour essayer de reconstruire certains d’entre eux rapidement ainsi que pour trouver des locaux."

Une volonté qui se heurte néanmoins à deux difficultés de taille : la pénurie de matière première et le recul du nombre d’entreprises, également frappées de plein fouet par les destructions, capables de se substituer aux salles de cours pratique du CFA.

Dans ce contexte, l’inquiétude demeure pour certaines filières : la reconstruction, le BTP, l’électricité, la plomberie, le secteur du froid et des climatisations, etc. "Tous leurs bâtiments ont été complètement pillés et brûlés. Or nous aurons besoin de tous ces métiers de l’artisanat et donc de toute cette main-d’œuvre qualifiée pour reconstruire le pays dans les prochains mois", rappelle Élizabeth Rivière.

"Une deuxième chance pour les jeunes"

La présidente de la CMA est d’ailleurs choquée par l’ampleur des destructions et par les "messages blessants" qui ont été tagués sur les murs.

"Ce CFA sert de deuxième chance pour les jeunes les plus éloignés de l’emploi, dont certains ont eu un parcours carcéral et qui viennent parfois se former avec un bracelet électronique. Il n’y a pas de honte à le dire. Grâce à cet outil, ils peuvent s’insérer dans la société et trouver un travail partout sur le territoire, insiste Elizabeth Rivière. On fait aussi en sorte que tous les jeunes du pays puissent venir apprendre dans ce CFA en essayant de trouver des solutions d’hébergement pour les jeunes du Nord et des îles afin que tous les Calédoniens bénéficient de ce centre de formation qui est un véritable outil d’insertion."