- Anthony Tejero | Crée le 15.05.2025 à 16h22 | Mis à jour le 19.05.2025 à 15h29ImprimerLe personnel de Petro-Attiti a débrayé, ce jeudi matin, devant le lycée et l’école Mauricette-Devambez, où les enseignements sont actuellement dispensés. Photo Anthony TejeroTentatives de car-jacking, agressions physiques, intrusions, vols d’effets personnels en plein cours, banalisation de la violence entre élèves… Depuis la réouverture partielle du lycée professionnel Petro-Attiti, à Rivière-Salée, le personnel de cet établissement travaille "avec appréhension" dans un "environnement anxiogène". Face à l’accumulation d’incidents, parfois graves, l’équipe pédagogique a débrayé, ce jeudi 15 mai, pour alerter les autorités et demander de pouvoir exercer "dignement" leur métier. Témoignages.
"On vit dans un climat anxiogène au quotidien. Avant les émeutes, on considérait le danger à l’extérieur. Dorénavant, on le considère aussi à l’intérieur de l’établissement et ça m’inquiète. J’enseigne ici depuis 25 ans, mais je n’avais encore jamais ressenti cette appréhension." Ce jeudi matin, l’équipe pédagogique du lycée Pétro-Attiti, à Rivière-Salée, a décidé de sortir du silence. Après une "accumulation" d’agressions et d’incidents à leur encontre ainsi que contre certains élèves, le personnel a décidé de débrayer près d’une heure pour interpeller les autorités.
En quelques semaines, ces salariés "qui conduisent avec les vitres fermées et les portières verrouillées" ont essuyé plusieurs tentatives de car-jacking aux abords immédiats de l’établissement. Mais ce sont les récentes violences survenues dans l’enceinte même du lycée qui ont poussé ces professeurs à alerter l’opinion publique. Alors qu’un professeur d’éducation physique et sportive a été frappé à coups de chaussure de sécurité par l’un de ses élèves il y a une dizaine de jours, mardi 13 mai, une enseignante s’est fait voler son sac en plein cours par un individu cagoulé s’étant introduit dans l’établissement. Et ce, avec la complicité d’un ou plusieurs élèves. Des jeunes qui ont, pour certains, également été victimes d’agressions et de violences sur le chemin de l’école par des "bandes rivales et en déshérence", qui rôdent toujours dans ce quartier frappé de plein fouet par l’insurrection.
"Il faut se réinventer"
Un environnement et des conditions de travail "défavorables" à l’enseignement que le personnel, souvent démuni, dénonce. "On voudrait plus de surveillance, peut-être une présence permanente de vigiles ou de forces de l’ordre, même si on sait que ce n’est pas viable sur le long terme et que cela ne réglera pas le problème de fond qui est sociétal", glisse cette professeure d’anglais, qui ne cache pas être décontenancée par l’attitude de certains élèves, de retour sur les bancs de l’école après avoir participé à la destruction de leur lycée lors de la crise insurrectionnelle. "On a perdu certains jeunes, mais d’autres sont revenus dans les décombres qu’ils ont eux-mêmes créés et ils nous le disent. Aujourd’hui, on est plus éducateurs qu’enseignants. Il faut parfois mettre les cours de côté pour discuter, car il y a une certaine excitation entre eux et on a du mal à retenir leur attention. Il faut se réinventer dans notre métier."
"Banalisation de la violence"
Un discours qui fait écho à celui d’Olivier : "Depuis les émeutes, on a des jeunes qui sont dans le confit et dans la provocation, avec une banalisation de la violence, estime ce professeur en atelier. Si on ne fait pas attention, nos élèves sont capables de se lancer des tournevis sur eux. Au final, on fait plus de surveillance que d’enseignement."
Alors que bon nombre de plateaux techniques et de bâtiments ont soigneusement été pillés et détruits les jours qui ont suivi le 13-Mai, dans ce lycée professionnel qui accueille encore 300 élèves (contre 800 avant les émeutes), l’équipe doit jongler entre un "outil de travail dégradé" et la "détresse" d’élèves plongés dans la précarité et dont certains confient même au personnel "avoir faim". C’est pourquoi, en dépit de ces difficultés en cascade, les équipes ne veulent pas baisser les bras et abandonner ces adolescents. "Tout n’est pas perdu. On a encore la passion de notre travail et on n’a rien contre nos jeunes, on ne serait pas là ce matin sinon, insiste Christophe. Tout ce qu’on demande, c’est de pouvoir continuer à exercer notre métier dans des conditions dignes."
"On doit repartir de zéro"
En juillet 2024, face à l’ampleur des dégâts, le proviseur du lycée ne cachait pas son découragement.Face aux dégâts importants (incendies, pillages, dégradations…) subis par le lycée Pétro-Attiti lors des émeutes, l’établissement n’aurait pas dû rouvrir cette année. C’est donc "miraculeux" qu’aujourd’hui, une partie des enseignements soit de nouveau assurés sur site, estime le chef de l’établissement, qui ne minimise en aucun cas les difficultés auxquelles est confronté au quotidien le personnel "sous pression". "On vit dans des conditions exceptionnelles" qui mettent à rude épreuve "la santé mentale et le bien-être de l’équipe", reconnaît Jean-Luc Barnier, qui préfère néanmoins se concentrer sur les réussites plutôt que les échecs. "Tout notre outillage a été volé et détruit, donc on doit repartir de zéro et cela complique l’enseignement. C’est déjà un exploit que nous soyons là, même s’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. Je pense néanmoins que le plus long a été fait pour retrouver de bonnes conditions de travail." Objectif : rouvrir entièrement le site du lycée l’an prochain.
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