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    Grand Nouméa
  • Anthony Tejero | Crée le 13.06.2024 à 04h55 | Mis à jour le 13.06.2024 à 07h48
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    Amelia est heureuse de pouvoir faire vacciner son fils Tayron, avec un mois de retard, avant de partir à Ouvéa, en fin de semaine. Photo Anthony Tejero
    Après un mois d’arrêt de l’offre de soins, le centre médico-social de Montravel, à Nouméa, accueille de nouveau les patients et notamment les mamans avec leurs bébés. Si la reprise est progressive, les professionnels de santé de ces établissements tirent la sonnette d’alarme : de nombreux patients n’osent pas encore se déplacer pour se faire soigner. Autre inquiétude : certains enfants commencent à perdre du poids, faute d’une alimentation suffisamment riche.

    Trois semaines qu’elle attendait de pouvoir reprogrammer la visite médicale de contrôle de son bébé. Bérénice, jeune maman de 23 ans, est soulagée. Ce mercredi matin, elle a enfin pu faire ausculter Djayan par l’équipe du CMS (centre médico-social) de Montravel, qui a rouvert ses portes mardi. "Au début de la crise, c’était stressant de se dire qu’on ne pourrait pas forcément consulter de médecin en cas de problème. Je m’inquiétais pour mon fils car il n’a que deux mois et demi. Il avait déjà eu une bronchiolite et il est encore un peu encombré", raconte cette habitante de Rivière-Salée, ravie de pouvoir se rendre dans la structure la plus proche de chez elle, faute de véhicule et de transports en commun.


    Bérénice, 23 ans, est soulagée que son fils de deux mois et demi, puisse enfin avoir sa visite de contrôle, au CMS de Montravel. Photo Anthony Tejero

    Situé dans l’un des hauts lieux des exactions, ce CMS est le dernier à de nouveau accueillir le public avec celui de Dumbéa-sur-Mer. Une reprise progressive, uniquement de 9 heures à midi, qui n’a été rendue possible que grâce à la sécurisation du secteur par les forces de l’ordre. Pour autant, de nombreux patients refusent encore de se rendre à Montravel. "Nous rappelons tout le monde depuis vendredi dernier, mais beaucoup de personnes nous disent avoir peur de venir consulter, constate Florence Branchu, la responsable de l’Upass (unité provinciale de l’action sanitaire et sociale) à la province Sud. Par exemple, pour le service de gynécologie, qui est habituellement surchargé avec un délai de deux à trois mois d’attente pour un rendez-vous, treize des quinze personnes que nous avons recontactées ont refusé de venir."

    "L’état de santé des Calédoniens risque de se dégrader."

    Cette difficulté d’accès aux soins ou cette crainte de se rendre dans les structures de santé n’est pas sans conséquences sur l’état des patients, qui peut vite se dégrader. "Au centre de Montravel, cela implique une perte de chance et un retard de prise en charge des cancers féminins pour la partie gynécologique, quant à la partie PMI (protection maternelle et infantile), ce sont des retards de vaccination et de pesée, des infections cutanées chez les nourrissons qui dégénèrent notamment parce que les gens n’ont plus de savon à la maison ou que les enfants mangent moins bien, pointe Florence Branchu, particulièrement inquiète des dommages collatéraux de cette crise. Dans nos centres, on reçoit déjà des gamins qui perdent du poids par manque d’accès à la protéine. Leurs parents ont des difficultés à s’approvisionner dans les magasins, ou même à faire des courses, quand ils n’ont plus leurs aides. D’une manière générale, l’état de santé des Calédoniens risque de se dégrader."


    Le CMS de Montravel dispose notamment d’un pôle PMI dédié à la protection maternelle et infantile. Photo Anthony Tejero

    À ces difficultés, s’ajoute la menace latente d’une détérioration de l’offre de soins dans les semaines à venir, par manque d’effectifs. "On craint d’avoir une vague massive de départs, y compris parmi le personnel de santé. Dès que l’aéroport va rouvrir, les gens auront envie au moins de faire une pause, si ce n’est de partir définitivement et nous perdrons des compétences, redoute la responsable de l’Upass, qui tient à passer un message à l’ensemble de la population.

    "Il ne faut surtout pas attendre pour consulter"

    "Il faut aller consulter et surtout ne pas attendre, même quand il s’agit d’un renouvellement de traitement ou d’ordonnance. Quand on voit que l’hôpital est encore vide ce n’est pas normal. Et lorsqu’il y a des difficultés de circulation, il faut se rendre dans les centres ou les cabinets médicaux les plus proches. Nos CMS prennent tout le monde en charge quitte à rediriger et accompagner les patients vers d’autres structures en fonction des diagnostics."

    Le cri du cœur des équipes du Médipôle pour venir se faire soigner

    A Kaméré, "nous avons perdu du jour au lendemain notre mission de proximité"


    La pharmacie, le CMS et le cabinet médical de Kaméré ont entièrement été incendiés.

    Dans l’agglomération, le centre médico-social de Kaméré a, lui, été totalement détruit par les flammes, tout comme la pharmacie et le cabinet médical voisins. Un choc pour les équipes, mais aussi pour bon nombre de riverains, privés de tout accès aux soins.

    "C’est dramatique. Nous avons perdu du jour au lendemain notre mission de proximité qui était à la fois médicale et sociale dans ce quartier. Le centre le plus proche est désormais celui de Montravel, sauf que c’est très loin pour ces gens qui, souvent, n’ont aucun moyen de transport, se désole Florence Branchu, en charge de ces deux CMS, préoccupée pour le devenir de ses patients de la presqu’île de Ducos. Il s’agissait de gens qui vivaient déjà dans la précarité, mais là, ils n’ont plus rien chez eux. Cela va ajouter encore de la précarité. Faute d’accès aux soins et même à la nourriture, puisqu’ils n’ont plus de commerces, je crains que certaines personnes très fragiles ne décèdent chez elles dans les semaines ou mois à venir. Sans oublier qu’on n’a pas encore mesuré l’impact de toutes les fumées des incendies qu’ils ont respiré."

    Toutes les informations pratiques sur les CMS en province Sud

    D'autres centres de soins sont ouverts en province Sud  :

    - le CMS de Dumbéa-sur-Mer, de 9 heures à 12 heures. Tél. 20 47 20.

    - le CMS de Bourail, 79, rue Sabot, de 7h30 à 12 heures et de 13h30 à 17 heures, sauf vendredi, fermeture à 16 heures. Tél. : 20 46 30.

    - l'UPASS de Vao, à l'île des Pins, de 7h30 à 12 heures et de 13h30 à 17 heures, sauf vendredi, fermeture à 16 heures. Tél. : 20 53 80.

    - le CMS de La Foa, 88, avenue Charles-de-Gaulle, de 7h30 à 12 heures et de 13h30 à 17 heures, sauf vendredi, fermeture à 16 heures. Tél. : 20 46 00.

    - le CMS de Boulari, 297, rue Antoine-Griscelli, au Mont-Dore, de 9 heures à 12 heures. Tél. : 20 53 53.

    - l'Espace Santé de Nouméa, 1 bis, rue Gallieni (Centre-Ville), de 9 heures à 14 heures. Tél. : 20 47 40.

    - le CMS de Païta, à l'angle de la rue des Anciens-Combattants et de la rue Louis-Pauty, de 9 heures à 12 heures. Tél. : 20 45 70.

    - l'UPASS de Thio, au village, de 8 heures à 12 heures pour les consultations. Les après-midi sont réservés uniquement aux urgences. Tél. : 20 46 60.

    - l'UPASS de Yaté, 40, lotissement municipal de Waho, de 8 heures à 12 heures pour les consultations. Les après-midi sont réservés uniquement aux urgences. Tél. : 20 53 70.

    Tous ces horaires sont soumis à évolutions, en fonction de la situation, indique la province.

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