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    Nouvelle Calédonie
  • Gilles Caprais | Crée le 08.10.2018 à 04h25 | Mis à jour le 08.10.2018 à 06h45
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    Les bassins de Blue Lagoon Farm, à Koné. Photo archives Y. Harache/Ifremer
    AQUACULTURE. La production de la filière crevetticole peine à redécoller. Le problème récurrent de la mortalité des animaux occupe les fermiers comme les chercheurs.

    La saison de la crevette s’achève ; elle laisse un goût « mitigé » aux professionnels. L’année n’est « pas catastrophique », indique l’Observatoire économique aquacole de l’Erpa* : la production devrait connaître un léger rebond. La filière ne fait pas la fête pour autant.

    « Ce sont des années très moyennes qui deviennent la norme », constate Hélène Artufel, la directrice générale de la Société des producteurs aquacoles calédoniens (Sopac). À Koné, l’usine de transformation a traité 1 160 tonnes de crevettes depuis le début de l’année. « C’est 200 de moins que prévu », note John Kuhn. Le président du Groupement des fermes aquacoles, fournisseur de la Sopac, parle d’un bilan « mitigé ».

    Problème de mortalité

    Les écloseries « se sont remises à produire normalement », elles sont hors de cause. « C’est dû à une baisse de la densité de crevettes dans les bassins », explique John Kuhn. Plusieurs producteurs auraient ainsi choisi d’introduire moins de post-larves au mètre carré pour faire face à une mortalité trop importante - bien au-delà de 50 %, la norme locale en la matière. Un problème récurrent. En 2005, moisson inégalée, 2 339 tonnes de crevettes étaient sorties des lignes de production. « De nombreuses fermes pratiquaient le double ensemencement », rappelle Hélène Artufel. Deux cycles de production de crevettes dans l’année, un en saison chaude, un autre en saison fraîche. De quoi maximiser la production… et parfois les déficits.

    « En saison froide, le grossissement est très ralenti, c’est un premier problème. Et avec le développement de bactéries, le problème de la mortalité s’est révélé trop important », explique Cédric Grouhel, directeur du Centre technique aquacole de l’Adecal*, à Boulouparis. Résultat : le double ensemencement a été abandonné quasiment partout. Même si les conditions « propices » aux pathologies sont connues, « il n’y a pas de solution simple », admet Dominique Pham, chercheur en écophysiologie à l’Ifremer. L’apparition de la surmortalité, casse-tête classique d’une aquaculture en phase de développement, est notamment dû à l’accroissement de la densité de crevettes dans les bassins.

    Quelle densité ?

    Un abaissement de la densité (pour les élevages de géniteurs, moins de 5 animaux au mètre carré), permet de diminuer les risques de surmortalité, mais peut avoir un impact sur la rentabilité économique d’un élevage destiné à la consommation, dont la densité d’ensemencement oscille entre 20 et 25 animaux.

    La recherche s’active sur d’autres aspects. Une bactérie, baptisée « NC 201 » a été isolée. Ses vertus probiotiques pourraient améliorer le taux de survie des post-larves. Si l’expérience est concluante, si elle peut être appliquée à l’échelle industrielle, NC 201 pourrait remplacer les antibiotiques utilisés lors des premiers jours d’élevage. De son côté, l’Adecal travaille à de meilleures techniques de contrôle des bassins. Et depuis 2016, l’Agence s’est lancée dans la sélection génétique de crevettes plus résistantes, qui grossissent plus vite. « On commence tout juste à fournir les fermes privées, mais on place beaucoup d’espoirs dans ce projet », annonce Cédric Grouhel.


    Savoir +

    * Établissement de régulation des prix agricoles (Erpa), Agence de développement économique de la Nouvelle-Calédonie (Adecal).

     

    1 450 tonnes

    ont été produites en 2017. La performance devrait être très légèrement supérieure en 2018.

     

    Repères

    Aide à l’export

    Comme d’autres filières agricoles, la crevetticulture bénéficie de subventions dans le cadre de l’export, auquel est destinée la moitié de la production (dont 90 % vers le Japon). En 2017, les aides représentaient 12 % du chiffre d’affaires de la filière, qui s’élevait à 1,6 milliard de francs.

    Trompeur

    Une note de l’Institut d’émission d’outre-mer, relayée la semaine dernière dans nos colonnes, faisait état d’une grosse performance de l’export au 2e trimestre. Les chiffres, quoique justes, sont parfois trompeurs.

    « C’est principalement dû à un report. Des conteneurs prévus pour le 1er trimestre sont finalement partis après mars », explique Hélène Artufel, directrice de la Sopac.

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