- Anthony Tejero | Crée le 09.10.2025 à 13h14 | Mis à jour le 14.10.2025 à 10h32ImprimerEntre 700 et 1 000 personnels de la Ddec étaient mobilisés devant le Congrès, ce jeudi matin, selon les organisateurs. Photo Anthony TejeroPlusieurs centaines de professeurs et personnels de la Direction diocésaine de l’enseignement catholique (Ddec) se sont mobilisés, ce jeudi 9 octobre, devant le Congrès, alors que les établissements sont menacés de fermeture d’ici à la fin de l’année, faute de financements. Un déficit de 630 millions de francs met en péril l’instruction de plus de 10 000 enfants. Une délégation a été reçue par les élus dans la matinée. Témoignages.
"Si rien n’est fait, on ne pourra plus payer les salaires au 30 novembre." Raphaël Telliez, directeur des ressources humaines à la Ddec (Direction diocésaine de l’enseignement catholique) n’y va pas par quatre chemins : l’avenir de quelque 500 personnels et 10 000 élèves scolarisés dans ces établissements privés est plus qu’incertain.
Le déficit de la Ddec, en proie depuis de nombreuses années à des difficultés financières, s’est creusé dangereusement, au point qu’il manquerait près de 630 millions de francs à l’enseignement catholique, rien que pour boucler l’année. C’est pourquoi la direction a lancé une mobilisation, ce jeudi 9 octobre, devant le Congrès, en vue d’interpeller les institutions et les enjoindre à débloquer en urgence les fonds nécessaires. Plusieurs centaines de salarié(e) s, tous postes confondus, ont répondu présent, venus de toute la Grande Terre et des îles.

Les équipes du siège de la Ddec sont venues en force. Photo Anthony TejeroParmi les manifestants, l’inquiétude est palpable. "Depuis 2023, on sent qu’on a vraiment une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Qui sera mis au chômage et qui sera gardé ? En fonction de nos contrats, on est plus ou moins exposés, glisse Géraldine, en charge du recouvrement aux bureaux de la Ddec. On arrive vraiment au bout de ce qu’on peut faire en termes de remaniements, de calcul des heures, etc."
"Ce serait difficile de retrouver un travail"
Ces menaces de fermeture d’établissements scolaires sont d’autant plus redoutées dans les petites communes de Brousse, où l'’enseignement privé est un pourvoyeur d'emplois non négligeable. Une raison qui a poussé les équipes de l’école Sainte-Thérèse, à Canala, à venir en nombre ce jeudi matin dans le centre-ville de Nouméa. "C’est essentiel pour les enfants, mais c’est aussi important pour l’économie locale, car la Ddec emploie vingt personnes et donc autant de familles, dans une commune où ce serait difficile de retrouver du travail, confient Micheline, aide maternelle, et Marie, agent de cantine, qui ont toutes deux fait leur scolarité dans cette école "fondée par les anciens" à laquelle elles se disent très "attachées".

Personnels et parents d’élèves de l’école Sainte-Thérèse, à Canala, sont venus en force, ce jeudi matin à Nouméa. Photo Anthony TejeroTout comme les parents d’élèves qui ont décidé de faire le déplacement avec elles : "Je crains vraiment que Sainte-Thérèse ferme par manque d’élèves, notamment si à la rentrée prochaine, les parents inscrivent davantage les enfants dans le public, tant il y a d’incertitudes sur l’avenir des établissements de la Ddec, redoute Carine. Je soutiens tous les personnels, car grâce à eux nos enfants ont un cadre. L’enseignement catholique est plus strict et je trouve que c’est mieux pour nos enfants. Cela me rassure."

Sidony, enseignante à l’île des Pins, n’a pas hésité, avec des collègues, à poser deux jours sans solde pour venir "soutenir" et "défendre le patrimoine" de la Ddec. Photo Anthony TejeroParmi la foule, certains employés n’ont pas hésité à poser des jours "sans solde" et prendre l’avion, notamment depuis l’île des Pins. "On ne saucissonne pas l’enseignement catholique. On ne peut pas faire de différence entre personnels et enseignants et se séparer de certains. On est tous ensemble, martèle Sidony, enseignante à Vao. On est là pour sauver un héritage que nos anciens ont choisi avec les frères et les sœurs missionnaires. On a le même taux de réussite que le public, donc on ne peut pas faire disparaître l’enseignement catholique de ce pays. Il faut juste plus d’équité. Et à l’île des Pins, c’est tout simplement impensable, car notre école et collège sont les seuls établissements scolaires. Nous sommes venus dire notre espoir, pas notre pessimisme."
Quelles sont les doléances de la Ddec ?

Pendant qu'une délégation de la Ddec était reçue au Congrès, les personnels manifestaient devant l'institution.Le 12 mai 2023, les équipes de la Ddec s’étaient déjà mobilisées dans les rues de Nouméa, rassemblant près de 7 000 personnes, pour alerter sur la situation financière délétère de l’enseignement catholique en Nouvelle-Calédonie. Dans la foulée, le Congrès avait adopté une délibération, visant notamment à accompagner les besoins en financement pour les dépenses d’investissement et de fonctionnement, de restauration et d’internat.
Dès 2024, la Ddec avait alerté le gouvernement sur l’insuffisance des contributions arrêtées à cet effet par les collectivités. Un nouveau cri d’alarme a été poussé à la rentrée 2025 pour demander une aide exceptionnelle, qui n’est jamais arrivée. Dans ce contexte, le défaut de trésorerie conduira au chômage technique des personnels de l’enseignement catholique à partir de décembre, et donc à l’arrêt des cours pour les enfants.
C’est pourquoi la Ddec réclame notamment une subvention de 630 millions de francs pour boucler l’année 2025 et mettre en place, d’ici là, un comité de travail pour redéfinir les financements au regard des besoins réels de ces établissements pour les années à venir.
Une délégation a été reçue ce jeudi 9 octobre par les élus du Congrès. La direction communiquera sur la teneur de ces échanges cet après-midi, lors d’une conférence de presse.
Plus d’informations à venir sur www.lnc.nc
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