- Anne-Claire Pophillat | Crée le 04.03.2025 à 16h14 | Mis à jour le 26.03.2025 à 15h30ImprimerL’association Paroles, mémoires, vérité et réconciliation a rencontré le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, le 23 février, lors d’un dîner au centre Tjibaou. Photo Association PMVRAfin de faire "toute la lumière" sur les Évènements, l’association Paroles, mémoires, vérité et réconciliation a plaidé, lors d’une rencontre avec Manuel Valls, pour la création d’une commission d’information et de recherches historiques sur cette période charnière dans l'histoire du pays.
Lors de son déplacement en Nouvelle-Calédonie, le ministre des Outre-mer a partagé un dîner, dimanche 23 février au soir, avec le comité Paroles, mémoires, vérité et réconciliation (PMVR), constitué en association depuis le mois de décembre. La structure, mise en place fin 2021, réunit des experts, des personnalités qualifiées issues du monde civil, associatif et religieux, parmi lesquels Jean-Pierre Aïfa, le président, Christophe Sand, Marie-Claude Tjibaou, Clara Filippi, Pierre Welepa, Marie-Josée Michel, Élie Poigoune, Jacqueline Bernut, Gérard Pasco, Billy Wapotro, le père Roch Apikaoua, le pasteur Var Kaemo, etc.
Les membres de l’association ont saisi cette occasion pour demander la création d’une commission d’information et de recherches historiques sur la période dite des Événements (1981-1989), "afin de faire toute la lumière sur ce segment de l’histoire contemporaine de la Nouvelle-Calédonie" grâce à "un accès à des archives non consultables".
Cette volonté de pouvoir accéder aux archives classifiées n’est pas nouvelle. L’historien Olivier Houdan travaille dessus depuis des années et sa participation, notamment, à la nouvelle édition de l’Atlas de la Nouvelle-Calédonie, publiée en 2013. Dans l’ouvrage, un chapitre est consacré à l’histoire contemporaine de l’archipel et, bien sûr, à la période dite des Évènements, que d’aucuns préfèrent qualifier de guerre civile.
"Faire reculer l'ignorance le plus possible"
"L’idée était de proposer un récit à partir de la réalité historique tangible", raconte Olivier Houdan. Un exercice compliqué sans un accès aux archives. Depuis, l’enseignant au collège Louis-Léopold Djiet de Bourail a poursuivi ses investigations, interrogeant les familles des victimes, recueillant leurs témoignages, accumulant de la documentation. L’année dernière, l’historien a envoyé plusieurs demandes de dérogation afin de consulter certaines archives. "Cela nous a été refusé."
Cette fois, l’association PMVR espère que sa requête rencontrera un écho positif. "Manuel Valls a été réceptif à notre démarche", estime Jean-Pierre Taïeb Aïfa. Pourquoi avoir accès à des documents inédits, que le grand public n’a jamais pu consulter, est-il si important ? "Nous ne savons pas ce que nous allons y découvrir, mais peut-être en apprendra-t-on davantage sur la tentative d’assassinat de Roch Pidjot en 1982 ou sur la nature des ingérences libyennes à partir de 1985 par exemple", cite Olivier Houdan. Et ainsi disposer de données qui permettront de proposer une nouvelle lecture des faits au-delà "des rumeurs souvent infondées". "Même s’il ne s’agit que d’éléments infimes, cela permettra d’avoir une meilleure image globale, de faire reculer l’ignorance le plus possible." Mieux connaître le passé et mieux le nommer pour mieux comprendre le présent et ainsi mieux appréhender l’avenir.
Libérer la parole
Le sujet ne pourrait-il pas cependant raviver des tensions, rouvrir des plaies qui n’ont pas encore guéri quarante ans plus tard ? Ressasser le passé, après les émeutes de 2024 ? Il n’est pas dit que cette demande fasse l’unanimité. Et pourtant. "On dit toujours qu’il est trop tôt jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’il est trop tard."
L’autre effet serait de "tordre le cou à la politique de la peur qui repose notamment sur la méconnaissance", appuie Olivier Houdan, qui précise : "il ne s’agit en aucun cas de prendre une revanche ou de chercher à faire mal, à humilier, mais simplement d’une nécessité de savoir ce qu’il s’est passé. Cela pourrait avoir un effet libérateur". Jean-Pierre Taïeb Aïfa corrobore. "Il faut faire ce travail pour les générations à venir. Ce pays a vécu des souffrances, a été construit dans des violences qui ont traumatisé des générations. Il faut les évacuer. Ce n’est pas en enfouissant au plus profond de nous mais en libérant la parole que cela pourra se faire pour avancer." L’enseignant de Bourail en est convaincu. "Oui, l’histoire peut aussi guérir, apaiser les mémoires et réconcilier les êtres entre eux." Une démarche d’actualité qui pourrait influer positivement au moment où la Nouvelle-Calédonie réfléchit à son avenir.
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