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    Nouvelle Calédonie
  • LNC | Crée le 14.04.2024 à 04h00 | Mis à jour le 14.04.2024 à 05h00
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    À gauche : le "mangle" ressemblait à une essoreuse, mais il servait bel et bien à repasser les grandes pièces de linge comme les draps et les serviettes. Et même le calicot que les Broussards utilisaient pour rentrer le bétail sauvage. À droite, de haut e Photo DR
    Les fers à repasser d’aujourd’hui sont de véritables usines, avec semelle ultra-glisse et centrale à vapeur pour défroissage vertical. Mais nos grands-mères n’utilisaient que la fonte et le charbon, à la limite le fer à essence. Voyage rétro au pays de la blanchisserie.

    Les fers à repasser du début d’un siècle n’étaient guère plus qu’une semelle de fonte en forme de barque, dont la partie inférieure était polie et la partie supérieure équipée d’une poignée, fondue dans la masse ou en fer plat vissé. Évidemment, on y enroulait un chiffon pour ne pas se brûler puisqu’il fallait, avant de repasser, mettre le fer à chauffer sur un "potin" à charbon, une sorte de petit poêle portatif. Il fallait aussi, à chaque fois, nettoyer la semelle à la cire d’abeille sur un chiffon propre.

    Chauffer, nettoyer, repasser, re-chauffer, re-nettoyer…

    C’était bien long, sauf à jouer avec plusieurs engins comme un bon chef d’orchestre. Certains de ces fers étaient cependant plus malins : ils étaient eux-mêmes des récipients à charbon ardent, ce qui évitait les allers-retours sur le potin. Ils étaient donc plus gros, et certains étaient même surdimensionnés et équipés d’une petite cheminée tournée vers l’arrière.

    Essence, puis électricité

    Et vinrent les temps modernes. Oh, n’exagérons rien. Il ne s’agit encore que des fers à essence, qui font leur apparition entre les deux guerres. Leur semelle en fonte nickelée est chauffée directement par une rampe de brûleurs, alimentés par un petit réservoir d’essence blanche fixé derrière la poignée. Comme pour les lampes Coleman, il fallait mettre le liquide en pression avec une pompe miniature. De l’essence comprimée et des brûleurs : les accidents étaient fréquents, et sérieux. Repasser, Mesdames, fut une mission périlleuse jusqu’à l’arrivée de la bonne fée électricité et des premiers fers à résistances, qui fonctionnaient en 110 volts.

    Une presse pour les draps

    À charbon ou à essence, les fers n’étaient que bien rarement utilisés à cette époque pour le linge de maison. Draps, nappes, serviettes et vêtements sans boutons passaient plutôt au "mangle", un appareil que l’on trouvait plutôt dans les familles d’ascendance anglo-saxonne. Son nom, "mangle", vient du verbe anglais qui signifie essorer.

    En français, les "mangle" seraient donc des "essoreuses à rouleaux". Mais ils servaient bien à repasser. Le "mangle", qui pouvait exister en plusieurs tailles, était une presse sur châssis, composée de deux cylindres en bois horizontaux, entraînés par un volant manuel et un jeu de pignons. La pression était assurée par un jeu de lames de ressort, réglable par vis manuelle centrale. Les rouleaux, enfin, étaient gainés de tissu, pour ne pas salir les pièces à repasser. En brousse, les "mangle" furent longtemps utilisés pour repasser les rouleaux de calicot qui servaient aux rentrées de bétail sauvage.

    La grande blanchisserie Boissery


    La grande blanchisserie Boissery.

    Dès le début du siècle dernier, il existait à Nouméa des blanchisseries industrielles, si l’on peut dire. La plus connue, et sans doute la plus importante, fut celle créée par Joseph Eugène Boissery, à la 2e Vallée-du-Tir. Sous trois générations de Boissery, elle se maintint jusqu’en 1965.

    La blanchisserie Boissery comprenait la maison principale d’habitation, ici photographiée en 1930 et qui fut détruite par un cyclone deux ans plus tard. Le rez-de-chaussée comprenait la réserve de savon, d’amidon, le bleu à linge et les bonbonnes d’eau de javel.

    D’autres bâtiments accueillaient les bassins, les cuves et les dortoirs des employés. Les étendoirs étaient dans la cour. Dans les années 1930, la maison Boissery lavait et blanchissait le linge de l’hôpital, de la caserne d’Infanterie et de la Marine, celui des Messageries maritimes et de la Société Le Nickel. Les deux grandes lessiveuses étaient chauffées au bois, des bûches de niaoulis calibrées, livrées par le train à la gare du rond-point du Pacifique. Deux hommes étaient chargés d’alimenter les feux, et 14 femmes, des Javanaises sous contrat, lavaient et repassaient. Les bassins de lavage étaient vidés et désinfectés tous les samedis.

    Les livraisons s’effectuèrent par tombereau à cheval jusqu’en 1929, date à laquelle la maison Boissery acheta sa première voiture automobile. Occasionnellement, le week-end, elle servait au coup de chasse à Karikaté ou Ouinané.

    Note

    Cette série d’été est réalisée en collaboration avec l’Association témoignage d’un passé.

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