C’est depuis sa chambre d’hôtel à Honiara, capitale des îles Salomon, qu’Alcide Ponga a animé une conférence de presse, ce vendredi 12 septembre, pour dresser un premier bilan du 54^e Forum des îles du Pacifique (FIP). L’évènement a réuni, toute la semaine, 18 dirigeants des îles et des territoires de la région, dont l’Australie, la Polynésie française, les Fidji et la Nouvelle-Calédonie. Une grande première, pour Alcide Ponga, élu en janvier à la tête de l’exécutif. "J’étais un peu stressé", a-t-il admis, ce vendredi. Mais après plusieurs jours de rencontres, notamment en format bilatéral, "je suis satisfait de la façon dont la Nouvelle-Calédonie a été considérée".

Peser sur le rapport du FIP

L’accord de Bougival a, forcément, été au cœur des discussions entre le président et les autres dirigeants, qui suivent de près la situation politique calédonienne depuis les émeutes de mai 2024, et s’inquiètent de la mise à l’écart du FLNKS. "J’ai pris soin de leur expliquer la philosophie de ce compromis et leur dire qu’il est le résultat d’un moment où chacun a pu avancer ses pions." Il s’agissait notamment "de leur faire comprendre que depuis 2024, il s’était passé beaucoup de choses, et qu’il n’était pas utile de remettre de l’huile sur le feu".

Une référence au rapport très attendu de la mission du FIP en Nouvelle-Calédonie, qui s’était rendue sur le territoire en octobre 2024 afin de trouver une "résolution durable" au conflit. Toujours en cours de rédaction, il doit être conclu prochainement et distribué aux dirigeants du Forum. Alcide Ponga a veillé à "ce qu’on se mette d’accord sur les éléments de langage" afin d’éviter que ce document vienne s’ajouter aux tensions entourant le dossier calédonien. "À ma grande surprise, j’ai eu une très bonne audience de mes partenaires, s’est félicité Alcide Ponga. Eux aussi souhaitent qu’on s’engage sur le chemin du dialogue et de la paix."

Le président du gouvernement a également présenté l’accord de Bougival comme le seul moyen de sortir la Nouvelle-Calédonie "du marasme politique" et lui permettre de "jouer à nouveau son rôle dans le Pacifique". L’instabilité calédonienne a en effet eu pour conséquence, selon lui, d’éloigner le Caillou des préoccupations régionales pourtant essentielles. "On a quelque peu délaissé le Pacifique ces dernières années." Le retour de la Nouvelle-Calédonie sur la scène diplomatique régionale doit justement permettre de former une union des îles et des territoires "pour répondre aux défis qui se dressent devant nous".

Le réchauffement climatique, première menace

Alcide Ponga en a listé les principaux, qui ont concentré l’essentiel des échanges à Honiara : "le réchauffement climatique, qui représente la première menace pour l’ensemble des îles du Pacifique", mais aussi "la sécurité", alors que le trafic de drogue a explosé ces dernières années dans la région. Sans surprise, il a également été question d’ingérences étrangères, dans un contexte où la Chine tente d’étendre son influence dans le Pacifique.

"Il existe des enjeux stratégiques liés à des grands pays qui tentent de se faire une place, de s’implanter ici et là, a souligné le président du gouvernement. Mais, quoi qu’il arrive, et qu’importent les relations qu’entretiennent les uns et les autres avec les grandes puissances, le Pacifique doit rester un océan de paix." Pour limiter ces influences extérieures, Alcide Ponga mise sur "le développement économique" entre les territoires de la région. "L’océan nous lie. Il nous fait devenir un continent, un marché."

Le président sera de retour en Nouvelle-Calédonie ce dimanche.