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    Nouvelle Calédonie
  • Anthony Tejero | Crée le 28.02.2025 à 12h02 | Mis à jour le 28.02.2025 à 12h03
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    Entretien du ministre des Outre-mer Manuel Valls avec Véronique Roger-Lacan, ambassadrice de la France dans le Pacifique. Photo Anthony Tejero
    Le ministre des Outre-mer a rencontré, ce vendredi 28 février, Véronique Roger-Lacan, l’ambassadrice de France dans le Pacifique. L’occasion pour Manuel Valls de rappeler la détermination de l’État à "lutter" de manière "active" contre toutes les formes d’ingérences étrangères, à commencer par la "politique de déstabilisation" de l’Azerbaïdjan, qui a invité une délégation de journalistes ultramarins, dont deux Calédoniens cette semaine, pour les sensibiliser à la "répression médiatique" des "puissances coloniales".

    La septième journée de déplacement sur le Caillou du ministre s’est ouverte ce matin sur un "enjeu considérable", à savoir celui de la diplomatie dans la région. Manuel Valls s’est longuement entretenu avec Véronique Roger-Lacan, l’ambassadrice de la France dans le Pacifique, de plus en plus exposé à l’expansion chinoise et à des rivalités entre les principales puissances mondiales. "Grâce à la Nouvelle-Calédonie, la France se déploie et développe les relations dans cette région", lance d’emblée le ministre, pour qui les coopérations doivent couvrir un large spectre, du réchauffement climatique, de l’énergie et de l’économie, au plan universitaire et "bien évidemment" diplomatique.

    "La France est là, présente dans cette région du monde pour faire valoir évidemment ses intérêts stratégiques et politiques et nous entendons bien les exercer", appuie Manuel Valls, qui en profite pour mettre en garde les élus Calédoniens tentés de transgresser "les règles du jeu très claires, dans une très grande transparence" du travail mené conjointement entre l’État et le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Une allusion on ne peut plus claire aux ingérences et tentatives de déstabilisation de la France et plus particulièrement de ses territoires ultramarins, par l’Azerbaïdjan. Un État qui tente de nouer des liens particulièrement étroits avec la mouvance indépendantiste du Caillou, multipliant les invitations à Bakou et les coopérations, comme lors de la création, le mois dernier, du Front international de décolonisation (FID), à Nouméa.

    "C’est inacceptable"

    "La France est très déterminée à lutter contre toutes les ingérences étrangères. Que chacun le comprenne bien : l’opinion, la liberté de parole et de pensée, d’action, de réfléchir sur les questions internationales sont totalement préservées. En revanche, participer à des forums, à des actions dont le but est de nuire aux intérêts stratégiques de la France, ici comme ailleurs, c’est inacceptable. Et l’État français mettra tous les moyens pour l’empêcher", martèle Manuel Valls, qui insiste sur le côté contreproductif de ces participations. "Nous n’accepterons pas que des élus ou des responsables politiques participent avec des pays qui nuisent aux intérêts stratégiques de la France, à nos intérêts vitaux, avec la volonté de diviser et de créer des conditions où on cherche à nous affaiblir. C’est tout le contraire qui en découlera, c’est-à-dire l’affirmation très forte d’une présence ici en Nouvelle-Calédonie, d’un lien étroit entre la Nouvelle-Calédonie et la France, d’une coopération, d’une présence dans le Pacifique, y compris en Polynésie ou à Wallis-et-Futuna."

    Des journalistes ultramarins et calédoniens à Bakou

    Des mises en garde loin de faire reculer le groupe d’initiative de Bakou, qui a invité officiellement plusieurs journalistes ultramarins, cette semaine, en tant que "représentants des médias issus des territoires autrefois sous domination coloniale française". Parmi eux, figurent deux Calédoniens : André Qaeze, de la radio indépendantiste Djiido, et Kelinda Bouacou, reporter à la radio loyaliste RRB.

    Sur les réseaux sociaux, le groupe d’initiative de Bakou explique notamment que la délégation a tenu une réunion avec la direction du Conseil de la presse azerbaïdjanais, des experts des médias et des organisations de journalistes. "Les discussions ont porté sur les conséquences des politiques coloniales, en particulier leur impact négatif sur le secteur des médias. Les participants ont échangé leurs points de vue sur la sensibilisation aux médias, la répression médiatique et la manipulation des flux d’information par les puissances coloniales. Ils ont exprimé leur volonté de coopérer afin de faire entendre la voix des légitimes propriétaires des îles au sein de la communauté internationale", résume cet organe qui émane des autorités azerbaïdjanaises.

    Ce rapprochement, qui dépasse désormais l’unique sphère politique, a été vivement critiqué ce vendredi matin par Manuel Valls, interrogé à ce sujet : "L’Azerbaïdjan, en y mettant les moyens, cherche non seulement à influencer le débat politique, à utiliser des moments de crise, comme celui que la Nouvelle-Calédonie a vécu, mais cherche aussi à mener une politique d’ingérence et donc de déstabilisation, avertit le chef des Outre-mer. Que tous les acteurs économiques, sociaux, politiques, et dans quelques domaines que ce soit, soient bien conscients de cela : réclamer plus de démocratie, plus de protection, avec un pays qui ne pratique pas la démocratie, qui a mené une véritable épuration ethnique dans le Karabakh, montre bien que ses intérêts ne sont pas la protection de je ne sais qui ici, mais bien de nuire à la France. Je condamne donc toutes ces initiatives, mais il ne suffit pas de condamner, nous allons être actifs, et nous le sommes déjà."

    L’Azerbaïdjan ordonne la fermeture de plusieurs médias étrangers

    L’invitation de journalistes ultramarins français par Bakou peut sembler ironique lorsqu’on sait que l’Azerbaïdjan est situé à la 164e place sur 180 dans le classement de la liberté de la presse fait par l’ONG Reporters sans frontières (RSF). "Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a anéanti toute espèce de pluralisme. Il mène, depuis 2014, une guerre impitoyable contre les dernières voix critiques", écrit l’ONG sur son site internet.

    En témoigne une vague récente de fermeture de médias dans cette ancienne république soviétique. Bakou opère en effet un large tour de vis visant les titres étrangers. Les autorités ont ainsi récemment retiré l’accréditation du correspondant de la radio américaine Voice of America, mais ont surtout annoncé ce lundi 24 février fermer le bureau du groupe médiatique de l’État russe Rossia Segodnia. Cette décision intervient alors que l’Azerbaïdjan a déjà ordonné, la semaine dernière, la fermeture du bureau de la BBC à Bakou, un choix qualifié de "restrictive envers la liberté de la presse" par ce média britannique.

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