- Baptiste Gouret | Crée le 09.05.2025 à 12h01 | Mis à jour le 12.05.2025 à 10h36ImprimerLes représentants des Loyalistes-Rassemblement (en haut à gauche), Milakulo Tukumuli (en haut à droite) de l’Éveil océanien, Emmanuel Tjibaou (en bas à gauche), président de l’Union calédonienne et les membres de Calédonie ensemble (en bas à droite) n’ont Photomontage LNCTrois nouveaux jours de discussions n’auront pas permis aux délégations calédoniennes de s’entendre sur l’avenir institutionnel du pays. Au lendemain du départ de Manuel Valls, les formations politiques oscillent entre optimisme, fermeté et inquiétude. Réactions.
Calédonie ensemble : "Renoncer au consensus, c’est renoncer à la paix"
Jeudi 8 mai, Manuel Valls a acté l’échec des négociations entre l’État, les indépendantistes et les non-indépendantistes, après trois jours de discussions menées à Deva. "Un échec collectif", juge Calédonie ensemble. Le parti, dont la délégation était composée de Philippe Gomès et Philippe Dunoyer, fait état, dans un communiqué diffusé dans la soirée de jeudi, d’une "impasse politique qui se doublera immanquablement, dès demain, d’une impasse économique et sociale, et qui fragilisera encore davantage le vivre ensemble".
S’il reconnaît des progrès sur un certain nombre de sujets, le parti déplore une situation qui va obliger à convoquer les élections provinciales au plus tard en novembre 2025. "Des élections qui se tiendront avec des institutions à bout de souffle, sans que le corps électoral ne soit ouvert, sans que les modalités d’exercice du droit à l’autodétermination ne soient définies, dans un contexte d’instabilité politique et, par là même, de renforcement de la crise économique et sociale que traverse notre pays."
La crainte de Calédonie ensemble : une radicalisation des positions. "Chez nous, renoncer au consensus, c’est renoncer à la paix." Pour autant, le parti assure ne pas lâcher la recherche d’un compromis : "Nous prendrons des initiatives dans les prochaines semaines pour tenter, une ultime fois, de convaincre les forces politiques du pays, qu’un accord est possible."
FLNKS : "Ce n’est qu’une étape"
Invité du journal de NC La 1ère, jeudi 8 mai, le député et président de l’Union calédonienne, Emmanuel Tjibaou, a exposé la position de la délégation du FLNKS. "Même si aucun accord n’a été trouvé aujourd’hui, ce n’est qu’une étape, il y a eu d’autres échecs des discussions auparavant, ça n’a pas empêché la signature des différents accords." Pour le leader indépendantiste, "il faut garder confiance". Emmanuel Tjibaou préfère noter les "points de convergence" auxquels sont parvenus les deux camps depuis la reprise des discussions, fin février.
Un optimisme qui s’explique notamment par l’enthousiasme des indépendantistes autour du projet d’accord. "La proposition de l’État n’est pas la nôtre, néanmoins, avec l’ensemble des composantes du FLNKS, on considère que ce projet répond aux aspirations puissantes de notre mouvement à intégrer les éléments de souveraineté, et à la préservation des intérêts de nos compatriotes qui souhaitent rester dans la France."
"Avec cette proposition, le FLNKS estime que l’État a franchi un pas dans sa responsabilité et ses engagements devant les Nations unies de décoloniser le pays", s’est également félicité le Front dans un communiqué envoyé ce vendredi 9 mai.
Loyalistes-Rassemblement : "On a évité le chaos que proposait Manuel Valls"
À l’inverse, les membres des délégations Les Loyalistes et Rassemblement-Les Républicains ont rejeté le projet d’accord du ministre des Outre-mer, voyant se dessiner dans ce document les contours d’une "indépendance-association". "On a évité le chaos que voulait proposer le ministre d’État à la Nouvelle-Calédonie. Avec son projet d’indépendance association, Manuel Valls a complètement tué les chances de réussite de négociations", ont affirmé les représentants des deux mouvements, lors d’une conférence de presse commune organisée jeudi 8 mai.
Ils s’étaient rendus à Deva avec un projet bien différent : celui d’un fédéralisme interne qui permettait aux provinces de choisir leur propre statut, entre maintien dans la France et Etat-associé. Une vision séparatiste, pour Manuel Valls, qui a rejeté l’idée. Les élus non-indépendantistes notent toutefois une victoire dans l’échec de ces négociations : "La Nouvelle-Calédonie demeure française." Reste la question des élections provinciales, qui doivent se tenir au plus tard en novembre avec un corps électoral gelé. "Les Loyalistes et le Rassemblement-LR utiliseront tous les moyens à leur disposition pour que les prochaines élections provinciales se tiennent avec un corps électoral dégelé", préviennent les délégations.
L’Éveil océanien : "La Nouvelle-Calédonie va plonger dans un abîme économique et social"
Partisan d’un "partenariat programmé" avec la France, l’Éveil océanien était plutôt favorable au projet d’accord porté par le ministre des Outre-mer. "Manuel Valls a réussi sa mission, qui consistait à réunir tout le monde autour de la table, ce qui était impensable il y a un an. Quant à nous, partenaires calédoniens, nous avons échoué", réagit Milakulo Tukumuli, à la tête du mouvement. L’élu se dit "très déçu" par l’incapacité des délégations à "concilier les volontés des deux camps". "Un accord, c’est abandonner une partie de soi, et c’est ce qui n’a pas été fait", reproche-t-il. Il note toutefois le pas fait par les indépendantistes du FLNKS qui, en approuvant le document de Manuel Valls, "sont sortis de leur projet de souveraineté pleine et entière".
S’ouvre désormais, à ses yeux, une période d’instabilité politique, institutionnelle et économique inquiétante. "La Nouvelle-Calédonie va plonger dans un abîme économique et social", alerte Milakulo Tukumuli, qui anticipe déjà une "campagne très violente" pour les élections provinciales.
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