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    Nouvelle Calédonie
  • Anne-Claire Pophillat | Crée le 24.04.2025 à 05h00 | Mis à jour le 28.04.2025 à 10h59
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    Samuel Hnepeune, membre du gouvernement en charge de la formation professionnelle, et Siaejë Antonio, collaboratrice, ont présenté les grandes lignes de la réforme à venir de la formation professionnelle. Photo A.-C.P.
    En charge de la formation professionnelle au gouvernement, Samuel Hnepeune a présenté un vaste plan de réforme du secteur, dont certaines structures ont été mises à mal lors des émeutes, qui souffre d’une baisse conséquente de budget et connaît une problématique d’inadéquation de certaines formations aux besoins des entreprises. Explications.

    Un constat alarmant

    Les chiffres sont "inquiétants". C’est ainsi que Samuel Hnepeune a introduit le point presse dédié à la formation professionnelle mercredi 23 avril. "Chaque année, environ 800 jeunes arrivent sur le marché de l’emploi sans aucune formation." L’autre élément "alarmant" porte sur l’âge de la déscolarisation, qui semble glisser de 16 ans à 13 ans. Autre problématique, poursuit le membre du gouvernement en charge de la formation professionnelle, le fossé "énorme" à combler entre la (non) formation de certains jeunes et les attentes des entreprises. "Le chemin à parcourir va être très compliqué." D’autant que la crise est passée par là. Plusieurs structures ont fermé leurs portes ou n’accueillent plus de public (CFA à Nouville, l’IFPSS, Institut de formation des professions sanitaires et sociales, le Centre de formation aux techniques de la mine et des carrières de Poro, le plateau du Giep à Bourail, etc.).

    Tout cela, alors que les moyens dédiés au secteur ont fondu. "Le budget a drastiquement baissé. Il était de 1,6 milliard en 2019. Il est tombé à 600 millions en 2025." Cela n’est pas sans effet sur l’offre de formation. En 2020, 25 actions étaient proposées pour plus de 450 stagiaires. En 2025, seules 6 à 8 formations concerneront entre 90 et 110 stagiaires, indique Samuel Hnepeune. Un point qui ne va pas forcément dans le bon sens, "quand on sait ce qu’il s’est passé le 13 mai avec une explosion sociale, en particulier de la jeunesse", considère le membre du gouvernement, qui a demandé au président de l’exécutif collégial, Alcide Ponga, de revoir ce montant à la hausse pour essayer d’atteindre un milliard de francs. "Il faut se consacrer de nouveau à la jeunesse, parce que si on ne s’en occupe pas, c’est une véritable bombe sociale".

    Une réforme d’ensemble

    Samuel Hnepeune souhaite réformer la formation professionnelle dans son ensemble. Le travail est engagé avec la DTEFP, direction du Travail, de l’emploi et de la formation professionnelle. Premier objectif : mutualiser les moyens, alors que les centres de formation "ont été démultipliés par le passé" et que "les outils sont éparpillés". Chaque organisme dispose de son propre plateau de formation, mais "aujourd’hui, on n’a plus les moyens de les faire fonctionner". Les autres orientations poursuivent le même but : rationaliser, réaliser des économies d’échelle et rechercher l’efficacité.

    L’autre point essentiel consiste à s’adapter à l’évolution de l’économie, alors que les secteurs historiques de la mine et de la construction sont en recul. Il s’agit de "renouveler les formations" en identifiant les secteurs en tension – le service à la personne, la santé – et porteurs, afin de les adapter au terrain, par exemple dans les domaines du numérique, de la maintenance, de l’économie bleue. Et ainsi répondre mieux aux attentes des entreprises. "On a un gros travail, qui est de faire coïncider l’offre de formation aux besoins du marché."

    Un Village des solutions

    Pour y parvenir, l’action phare consiste à créer un "Village des solutions", un guichet unique qui réunirait en un seul lieu l’ensemble des acteurs et des services nécessaires pour faciliter les démarches. La structure prendrait place à Nouville, au niveau du Centre de formation pour adultes et du Giep. Ce village visera notamment à lever les facteurs possibles d’échec, qu’ils concernent la mobilité, la santé, le logement, le bien-être, etc., en proposant un accompagnement qui "sécurise au maximum le parcours de l’apprenant et évite le plus possible les abandons en cours de route". Plus globalement, l’idée est de "sanctuariser Nouville comme étant la presqu’île du savoir", c’est-à-dire un écosystème consacré à la formation et au savoir, où se trouvent déjà université, lycée, centres de formation, tout "en valorisant le patrimoine historique du quartier".

    Afin de mener à bien ce projet, le gouvernement calédonien compte nouer deux partenariats. Un avec l’Afpa, Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes, et un autre avec l’AFD, Agence française de développement, pour un appui technique et financier.

    Des fermetures à venir ?

    La cartographie et l’utilisation actuelle de certains centres de formation pourraient être revues. Plusieurs options sont sur la table. Une réflexion est par exemple en cours concernant le devenir du CFA de Nouville. "Est-ce qu’on construit, est-ce qu’on regroupe ?", interroge Samuel Hnepeune. La décision n’est pas encore prise. En revanche, au vu des besoins, la question ne se pose pas pour l’IFPSS. "Il va falloir reconstruire. Il faudrait au moins deux promos de 35 élèves environ par an."

    Autre sujet examiné : la situation du Centre de formation aux techniques de la mine de Poro. "Le site a été monté spécifiquement pour le secteur minier, qui préfère aujourd’hui assurer ses propres formations parce que ça coûte moins cher. Le centre n’est pas utilisé, n’a pas d’activité, mais dispose d’équipements." C’est également le cas du plateau du Giep à Bourail, qui n’accueille plus d’apprenants.

    En chiffres

    • 47 % : c’est le montant de la baisse de l’enveloppe budgétaire dédiée à la formation entre 2024 et 2025.
    • 28,3 % : c’est le taux de chômage chez les jeunes de moins de 30 ans, soit 4 245 personnes.
    • 53 % : c’est le pourcentage de personnes non qualifiées qui recherchent un emploi, soit 5 565 individus.
    • 800 : c’est environ le nombre de jeunes qui sortent chaque année du système scolaire sans diplôme.

    Une enquête sur les besoins en main-d’œuvre


    Les services aux entreprises et aux particuliers concentrent 66 % des projets de recrutement (hors emplois saisonniers). Infographie DTEFP

    C’est une première. La direction du Travail, de l’emploi et de la formation professionnelle (DTEFP) a mené, entre le 5 novembre 2024 et le 8 janvier 2025, une enquête pour comprendre les besoins en main-d’œuvre des entreprises et anticiper les difficultés de recrutement dans un contexte économique tendu : 1 272 entreprises ont répondu et 274 ont exprimé des projets de recrutements pour cette année.

    L’enquête a été réalisée par le cabinet d’études Quidnovi, et l’analyse a été effectuée par l’Observatoire de l’emploi et de la formation. Il en ressort notamment que 40 % des recrutements sont anticipés comme pouvant être difficiles, en raison essentiellement de l’inadéquation du profil des candidats et du manque de candidatures.

    Cette étude doit être renouvelée chaque année, afin de suivre au mieux les tendances et les évolutions du marché du travail.


    64 intentions d’embauche concernent les métiers dans la sécurité privée. Infographie DTEFP

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