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    Nouvelle Calédonie
  • ENTRETIEN AVEC Louis Aliot, député, membre du bureau exécutif du Rassemblement national
    Propos recueillis par Gilles Caprais | Crée le 05.10.2018 à 04h30 | Mis à jour le 17.10.2018 à 13h38
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    « On sent bien qu’il y a des tensions qui sont encore vivaces, on n’est pas là pour jeter de l’huile sur le feu, affirme Louis Aliot. On est là pour dire : la Calédonie, c’est la France, et le référendum doit bien se passer. » Photo Julien Cinier
    Le Rassemblement national (anciennement Front national), absent de la campagne référendaire audiovisuelle faute d’élu au Congrès, milite tout de même pour la « Calédonie française », pour le dégel du corps électoral et contre la tenue de la 2e et de la 3e consultations.

    Les Nouvelles calédoniennes : Le Rassemblement national est historiquement hostile à l’indépendance. Quelles sont, à l’heure actuelle, les principales raisons de cette opposition ?

    On a toujours été clair sur cette position. La Nouvelle-Calédonie, c’est la France, même s’il faut tenir compte d’un certain nombre de spécificités liées aux cultures locales et à la situation géographique. Nous sommes opposés à toute forme d’indépendance, évidemment, même si nous reconnaissons que la Calédonie peut se gérer d’elle-même avec ses populations, ses élus, mais dans le strict cadre de la Constitution et de la République.

    En Métropole, beaucoup considèrent que l’outre-mer est un boulet financier, qu’il ne nous apporte que des ennuis, et ils s’en désintéressent. Ce n’est pas notre cas. On considère que c’est un territoire de la République, qu’il y a un potentiel énorme et qu’on doit assurer deux choses : la prospérité et la paix.

    Concernant l’outre-mer, le programme du FN pour la présidentielle était plutôt ambitieux sur certains points. D’un autre côté, votre programme économique promettait une maîtrise de la dépense publique. Était-il réaliste de tenir ces deux discours ?

    Oui. La Creuse, en Métropole, c’est un département qui coûte cher, où il n’y a pas beaucoup d’économie, et il faut s’en occuper quand même. Ici c’est pareil, la France verse chaque année une dotation très importante au territoire, c’est bien pour assurer un certain nombre de missions. Au-delà de ce qu’elle a transféré, il faut bien assurer l’éducation, la sécurité, le statut de la France dans l’outre-mer. On ne peut pas faire des économies sur l’outre-mer, ça me paraît déraisonnable.

    Votre parti n’a pas d’élu au Congrès, il est donc absent de la campagne référendaire officielle. Mènerez-vous tout de même une campagne ?

    On est exclu de tout, et c’est assez paradoxal car nous sommes une force politique qui compte. Notre candidate est arrivée au second tour de l’élection présidentielle, avec un score particulièrement élevé (47,4 %, NDLR), et les législatives, quoi qu’on puisse dire, ne se sont pas mal passées du tout (11,7 % pour Bianca Hénin, 6,8 % pour Lina Balmelli, NDLR).

    Nous aurons notre propre campagne référendaire, en dehors du circuit officiel, car nous considérons que c’est une question nationale. Nous allons faire du terrain, sortir des affiches, un tract, et être actifs sur les réseaux sociaux.

    Malgré les bons scores enregistrés ponctuellement aux élections nationales, les candidats du FN ont très rarement été élus localement. Comment l’expliquez-vous ?

    Je pense qu’il y a un gros sujet de clientélisme politique. C’est-à-dire que l’on voit bien les affrontements fratricides qui ont complètement atomisé les Républicains, puisqu’ils étaient très amis, Philippe Gomès, Harold Martin, tous ces gens qu’on connaît bien, quand même. Et on voit bien que c’est une bataille de clientèle féroce sur un petit nombre (d’électeurs, NDLR).

    Et puis il y a des votes de réseau. Ça me fait beaucoup penser à la Corse : on fait d’énormes scores aux nationales, dès que vous tombez dans les élections locales, on ne réalise plus les mêmes scores. Il y a des gens qui votent national aux nationales, et localement, votent pour des personnes en place, qui gèrent les affaires depuis 30 ou 40 ans. C’est le plus difficile pour une structure comme la nôtre, d’exister au milieu de ces gens.

    Mais il faut continuer. Nous aurons une liste aux provinciales - au moins sur deux des trois provinces - et nous ferons campagne. Nous essaierons de rallier à nous des gens qui sont déçus, qui sont fatigués de toutes ces querelles entre les uns et les autres, mais qui sont tout à fait dans nos idées sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.

    Il y a une porosité des électorats. En Métropole, petit à petit, on est en train de remplacer les Républicains. Je regarde beaucoup les Républicains qui parlent, qui donnent des leçons. Nationalement, il y a eu une espèce de transfert, on a récupéré une grosse partie de leur électorat, et ça ne s'arrêtera pas là.

    Plusieurs politiques locaux ont soutenu le FN - plus ou moins directement - lors de la présidentielle. Un mois plus tard, le FN a soutenu Gomès face à Mapou et Backès face à Dunoyer, aux législatives. Quelles sont vos relations avec les partis politiques locaux ?

    Contrairement à la Métropole, il n’y a pas ici de sectarisme. C’est peut-être parce qu’il n’y a pas la gauche, et que finalement la gauche, ce sont les indépendantistes. Donc il y a toujours eu un dialogue avec l’ex-RPCR, avec tous ces gens qu’on connaît depuis longtemps. Lorsque Guy Georges siégeait au Congrès, notre groupe faisait la majorité, ou du moins l’appoint. Il n’y a pas de copinage, pas d’alliance mais il y a des relations, des discussions franches, et ce dialogue-là est important. Il n’y a pas cette espèce de barrage, de cordon sanitaire que l’on peut rencontrer en Métropole et qui est tout à fait détestable.

    Le FN a retrouvé des couleurs à l’approche du référendum. Historiquement, il était monté en puissance dans les années 1980. Vos scores électoraux se nourriraient-ils des périodes de tension ?

    On espère que non. C’est sûr qu’on a émergé avec les Événements, mais depuis, on a toujours existé. Et on voit bien que les fluctuations ont aussi tenu compte des fluctuations en Métropole. De ce point de vue là, on est plutôt un parti qui s’est installé dans la vie politique locale, même si le mode de scrutin est singulier. Les Métropolitains ne votent pas, ce qui est une anomalie absolument incroyable. Si tout le monde votait aux provinciales, le Front ferait très certainement des résultats plus importants. Il n’y a qu’ici que ça existe. Que vous soyez Français d’ici ou de Métropole, vous n’avez pas les mêmes droits. Est-ce que ça évoluera après le référendum ? C’est une question qui devrait faire partie des discussions.

    Quelle est votre vision de l’après-référendum ?

    Si le non l'emporte largement dans un mois, on voit mal comment la majorité pourrait changer d'ici au prochain référendum, dans deux ans. Peut-être faudrait-il économiser du temps et de l'argent en imaginant le scénario d'après, qui est le maintien de la Calédonie française, afin qu’on sorte enfin de ce conflit permanent qui n'a plus aucun sens au XXIe siècle. J'entends des discours, quelques fois, qui ressemblent aux discours anticolonialistes des années soixante. On n'en est pas là, quand même.

    La Calédonie se gère elle-même, on ne peut pas dire que la Métropole impose quoi que ce soit. Elle amène son milliard (d'euros par an, soit 120 milliards de francs, NDLR) et elle laisse faire les politiques locaux, elle assure la sécurité, etc.

    Il va bien falloir que les indépendantistes regardent les choses en face.

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