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    Nouvelle Calédonie
  • Julien Mazzoni | Crée le 25.06.2025 à 14h17 | Mis à jour le 30.06.2025 à 11h47
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    Une campagne d’information et de sensibilisation au don d’organes était organisée ce mercredi 25 juin, au Médipôle. Photo Julien Mazzoni
    À l’occasion de la Journée nationale de réflexion sur le don d’organes, le CHT accueillait ce mercredi 25 juin, au Médipôle, une action de sensibilisation. Objectif : inciter les familles à en parler avant d’être touché par le deuil.

    Environ 140 personnes sont en attente d’un rein en Nouvelle-Calédonie, pour seulement une dizaine de greffes par an. Si le don d’organes y est possible depuis 2012, les premières greffes locales ont eu lieu en 2019 et 145 ont été effectuées depuis, dont 13 en 2024. Si autant de personnes sont en attente d’un rein, c’est que le taux de prévalence de la maladie rénale chronique (MRC) aux stades 3-5 en Nouvelle-Calédonie, parmi les adultes, principalement liée au diabète et à l’hypertension, est estimé entre 5,3 % et 7,8 %, selon l’ASS-NC (Agence sanitaire et sociale). Ce taux, qui traduit le nombre de personnes atteintes par la MRC à un instant donné dans la population est deux à quatre fois plus élevé qu’en France, et c’est l’un des plus élevés au monde.

    Il revient toujours à la famille d’un décédé de donner son accord

    Régulièrement, le Réseau de l’insuffisance rénale (Résir), l’association des insuffisants rénaux et transplantés de Nouvelle-Calédonie (AIRT-NC) et la coordination hospitalière des greffes du CHT organisent des journées de sensibilisation. C’était le cas ce mercredi 25 juin dans le hall du Médipôle. "L’objectif de la journée du don d’organes, c’est de dire : parlez-en autour de vous, avec vos proches, et réfléchissez à votre position. Le but, c’est que quand vous arrivez dans le moment malheureux, vous sachiez ce que pensait celui qui est décédé", explique Noémie Baroux, épidémiologiste au sein du Résir. Si la loi considère que nous sommes tous potentiellement donneurs en cas de décès (sauf inscription explicite sur un registre de refus), il revient toujours à la famille d’un décédé de donner son accord. Il est donc primordial de savoir si le défunt aurait souhaité que ses organes puissent bénéficier à une autre personne. Souvent, faute d’en avoir parlé de son vivant, les familles refusent.

    "On laisse un temps de réflexion, puis on aborde la question du don, parce qu’on est obligé de le faire pour tous les receveurs potentiels et parce qu’il faut aller vite, on ne peut pas attendre."

    Au CHT, c’est le service de coordination des greffes qui a la délicate tâche de les solliciter dans ce moment douloureux. "C’est toujours un peu difficile d’aborder ce sujet à ce moment-là, confirme Elsa, infirmière de ce service. On laisse un temps de réflexion, puis on aborde la question du don, parce qu’on est obligé de le faire pour tous les receveurs potentiels et parce qu’il faut aller vite, on ne peut pas attendre." La plupart des refus sont motivés par des raisons culturelles. "Beaucoup nous disent que, culturellement, ça ne correspond pas à leur façon de faire, confirme Elsa. Nous respectons la volonté des familles, nous ne jugeons pas ceux qui refusent et nous n’essayons jamais de les convaincre."

    "J’ai toujours des frissons quand je pense à mon donneur, je respecte ce qu’on m’a donné. Ce don, c’est vraiment un geste pour aider son prochain."

    Pour ceux qui acceptent, soit parce qu’ils en ont parlé en famille avant le décès, soit parce qu’ils considèrent que le défunt aurait aimé faire don de ses organes, savoir qu’une partie de l’être cher continuera à vivre dans un autre corps et que son don aura sauvé une vie, peut aider à accepter le deuil. Quant à la reconnaissance des receveurs, elle est éternelle. "Cette année, je fête mes vingt ans de greffe, témoigne Christine Rakotoarivelo, présidente de l’AIRT-NC, et j’ai toujours des frissons quand je pense à mon donneur, je respecte ce qu’on m’a donné. Ce don, c’est vraiment un geste pour aider son prochain." Une aide pour son prochain, mais également pour la société, puisqu’un greffé coûtera toujours moins cher qu’un dialysé en termes de prise en charge.

    Briser des tabous

    Parmi les personnes qui traversent le hall du Médipôle ce mercredi, Aude, Kanak originaire de La Foa, est sensible au message. Des membres de sa famille ont été sauvés par des greffes de rein, elle en éprouve toujours de la gratitude, même si elle reconnaît que c’est un sujet qui se heurte encore à des tabous lorsqu’il s’agit de l’aborder en famille. "C’est quelque chose dont on ne discute pas facilement, reconnaît la jeune femme. Il faut y être confronté dans la famille pour se mettre à table, pour en discuter ouvertement. Pourtant, il faut en parler quand tout va bien, pas seulement quand un décès arrive. Il ne faut plus que ça soit tabou chez nous. La vie est importante, il faut amener ces sujets en tribu, dans les villages, sur tout le territoire."

    Le don d’organes est anonyme, aucun lien n’est établi entre le donneur et le receveur, et il est gratuit. Aucun paiement ni aucune compensation ne sont autorisés. Un don au sens noble du terme.

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