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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 06.03.2025 à 16h10 | Mis à jour le 26.03.2025 à 15h27
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    Jean-Christophe Cardeilhac, directeur de l’Agence sanitaire et sociale, Claude Gambey, membre du gouvernement en charge de la santé, et Dominique Megraoua, médecin, lors des portes ouverte du centre d’éducation thérapeutique de l’ASS, mercredi 5 mars. Photo Baptiste Gouret
    À l’occasion de la journée mondiale de l’obésité, l’Agence sanitaire et sociale a ouvert son centre d’éducation thérapeutique au public. Une structure rendue récemment accessible aux adolescents atteints d’obésité, afin de traiter dès le plus jeune âge cette pathologie qui touche près de 40 % des Calédoniens et coûte chaque année entre 10 à 30 milliards de francs à la collectivité.

    Après une brève visite des lieux, Christelle en est convaincue : "Tout ça m’aurait beaucoup aidé si ça avait existé quand j’étais en situation d’obésité morbide". Désormais guérie - même si elle continue de mener un "combat de tous les jours" -, c’est pour éviter à sa fille de 13 ans d’emprunter le même chemin qu’elle est venue découvrir le centre d’éducation thérapeutique de l’Agence sanitaire et sociale (ASS). Cette structure, inaugurée en 2000, s’est ouverte au public, mercredi 5 mars, à l’occasion de la journée mondiale de l’obésité.

    Longtemps réservée aux personnes souffrant de diabète, elle est devenue un lieu d’accompagnement des personnes atteintes d’obésité en novembre 2023, quelques mois après que le Congrès a fait de la lutte contre cette pathologie une priorité. Et, depuis octobre 2024, elle s’adresse également aux adolescents qui en sont atteints. En Nouvelle-Calédonie, 20 % des 12-18 ans souffrent d’obésité. Parmi eux, 90 % ne parviendront pas à en guérir avant l’âge adulte.

    Une "boîte à outils"

    Louane, la fille de Christelle, n’est "pas en énorme surpoids", juge cette dernière, mais son rapport à l’alimentation inquiète ses parents, bien conscients d’en être largement responsables. "Je lui ai légué un parcours génétique, donc j’ai un peu d’appréhension", pense Christelle. Chez la femme enceinte, l’obésité provoque en effet "une modification de la lecture génétique" exposant davantage le bébé à la maladie, confirme le docteur Dominique Megraoua, médecin à l’ASS et responsable du centre d’éducation thérapeutique. Un facteur inquiétant, quand on sait que les femmes sont deux fois plus touchées par l’obésité que les hommes en Nouvelle-Calédonie.


    Sous la houlette du docteur Dominique Megraoua, responsable du centre d’éducation thérapeutique, médecins, infirmiers, diététiciens, coachs sportifs et psychologues suivent des adolescents atteints d’obésité. Photo Baptiste Gouret

    Christelle compte sur les professionnels du centre pour enseigner à sa fille "les bonnes habitudes alimentaires", une solution qu’elle juge bien plus efficace que celle de "cadenasser le réfrigérateur" employée à l’époque par ses parents. Les adolescents accueillis par le centre d’éducation thérapeutique bénéficient d’un programme sur-mesure "et multidisciplinaire", précise Dominique Megraoua. La prise en charge et le suivi sont assurés par des médecins, des infirmiers, des diététiciens, des profs de sport et des psychologues. Le programme comprend trois ateliers, organisés sur les périodes de vacances scolaires, et s’étend ensuite sur douze mois avec des rendez-vous réguliers. "On avance pas à pas, on offre à l’adolescent une boîte à outils et charge à lui d’introduire progressivement ces solutions dans son quotidien", poursuit le médecin de l’ASS. Trois thèmes sont principalement abordés : "la malbouffe, la sédentarité et le stress associé au manque de sommeil", liste Dominique Megraoua. Les candidats sont, pour la plupart, repérés par des infirmiers scolaires. D’autres sont emmenés par des parents inquiets, comme Christelle.

    Taxer les produits malsains

    Dans les prochains mois, l’ASS devrait étendre le programme du centre aux enfants de 6 à 12 ans souffrant d’obésité. Une façon de traiter le problème à la racine et de tenter de mettre un terme à ce fléau. La Nouvelle-Calédonie compte environ 100 000 personnes atteintes d’obésité, sur une population de moins de 270 000 habitants. Cela représente 38 % des adultes (contre 16 % dans l’Hexagone). Suffisant pour qualifier cette maladie chronique et son lot de comorbidités (insuffisances rénales, diabète, problèmes cardiaques…) de "premier enjeu de santé publique", affirme Dominique Megraoua.

    D’autant plus que cette pathologie coûte cher à la société. Son impact représenterait "entre 10 et 30 milliards de francs par an", révèle Claude Gambey, membre du gouvernement en charge de la santé, venu en visite au centre à l’occasion des portes ouvertes. L’exécutif mise sur "un gros travail de prévention" pour tenter d’endiguer l’obésité sur le territoire. Mais il faudra également s’attaquer à un autre facteur : la précarité. Les ménages les plus pauvres se tournent vers les produits les moins chers, bien souvent de mauvaise qualité (ultratransformés ou trop sucrés). "L’alimentation est responsable à 60 % de l’obésité", fait remarquer Dominique Megraoua. La solution : taxer les produits concernés pour dissuader l’acte d’achat et valoriser les produits sains. La taxe sur le sucre, entrée en vigueur il y a six mois, va dans ce sens. Son rendement sera consacré à un travail "sur les 1 000 premiers jours de vie", annonce Claude Gambey, c'est-à-dire la protection maternelle infantile et la santé scolaire.

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