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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 30.05.2025 à 05h00 | Mis à jour le 02.06.2025 à 13h47
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    La Chambre territoriale des comptes fait état d’une situation financière particulièrement favorable des casinos de Nouméa, dans un rapport rendu public mercredi 28 mai. Photo Archives LNC Thierry Perron
    Le secteur des casinos a fait l’objet d’un contrôle de la Chambre territoriale des comptes pour les exercices de 2019 à 2024. Dans un rapport rendu public mercredi 28 mai, la juridiction met en lumière un cadre juridique "succinct" dans lequel évoluent les deux établissements de Nouméa, mais note une activité bien encadrée et une situation financière favorable.

    C’est un contrôle inédit auquel ont été soumis les casinos de Nouméa. La Chambre territoriale des comptes a examiné, ces derniers mois, le fonctionnement des deux établissements de la capitale (le Grand Casino et le Casino Royal), les seuls du genre sur le territoire. "Compte tenu des singularités du cadre juridique des casinos en Nouvelle-Calédonie et des enjeux financiers qui s’attachent à ces établissements dans un contexte de dégradation des finances publiques locales, la Chambre a inscrit à son programme 2024 le contrôle des casinos de Nouméa pour les exercices 2019 et suivants, avec pour objectifs de dresser un bilan de l’activité de ces établissements, d’examiner la situation financière de leur société exploitante et d’analyser les retombées directes (financières notamment) ou indirectes de la présence des casinos", justifie la CTC, en introduction d’un rapport rendu public mercredi 28 mai.

    Un fonctionnement "relativement satisfaisant"

    En Nouvelle-Calédonie, la réglementation de ces établissements bien spécifiques, qui disposent du même exploitant (société Casino de Nouméa), est partagée entre l’État et les collectivités locales : le haut-commissaire fixe le cadre réglementaire, le gouvernement délivre les autorisations d’exploitation, la ville établit le cahier des charges et le Congrès l’adopte. Ces cahiers des charges établis pour les deux casinos de Nouméa "ont jusqu’à présent revêtu un caractère succinct et peu opérant, manquant de précision sur les engagements des exploitants, notamment en matière de développement touristique et culturel", relève la Chambre dans son rapport.

    Selon l’institution, la ville n’a pas effectué un "suivi rigoureux" de ces documents contractuels. Elle recommande ainsi l’élaboration d’un cadre plus "robuste", qui inclut "des engagements précis et un contrôle effectif par la commune", notant toutefois que le nouveau cahier des charges signé en 2024 entre la ville et le Grand Casino "va dans ce sens".

    La CTC a également examiné le montage juridique des deux établissements. Depuis 1995, ils sont gérés par la société Casino de Nouméa, contrôlée par la Société des hôtels de Nouméa (SHN), elle-même filiale de PromoSud, société d’économie mixte de la province Sud.


    Capture rapport CTC

    Un fonctionnement "relativement satisfaisant", estime la Chambre. "Le gérant dispose de pouvoirs étendus, les associés se prononcent régulièrement soit en assemblée générale soit par le biais de consultations écrites." Seul bémol : "le délai de communication des informations en amont de l’assemblée générale n’est pas toujours respecté" et la cogérance semble une forme "fragile". La CTC constate, d’autre part, que "l’immobilier des deux casinos est maîtrisé, la société Casino de Nouméa étant propriétaire des murs du Casino Royal et locataire de ceux du Grand Casino, pris à bail auprès d’une société civile immobilière émanation de la société d’économie mixte PromoSud".

    90 % du bénéfice tiré des machines à sous

    La Chambre territoriale des comptes s’est aussi intéressée aux résultats financiers des deux casinos de Nouméa. Entre 2019 et 2023, leur situation financière a connu une évolution favorable. "Les produits bruts des jeux fluctuent, mais montrent une tendance positive, avec une augmentation notable en 2023, exercice durant lequel ils ont atteint 5,26 milliards de francs", souligne la CTC. Dans ces résultats, l’activité des machines à sous représente à elles seules près de 90 % du produit brut. Seule activité déficitaire : la restauration. "Des investissements ont été réalisés pour diversifier l’offre de restauration, avec l’introduction du concept de 'Résidence des chefs' au Grand Casino", constate la Chambre.

    Côté gestion budgétaire, "la tenue des comptes est rigoureuse, avec une certification par les commissaires aux comptes et une approbation des résultats par l’assemblée générale", salue la CTC. "Les charges sont maîtrisées, principalement composées d’impôts et taxes et de charges de personnel. Les indicateurs financiers sont favorablement orientés : la capacité d’autofinancement a augmenté de 44 % entre 2019 et 2023, atteignant 1,18 milliard de francs en 2023." La trésorerie est largement excédentaire (plus d’un milliard de francs en 2022 et 2023). Des résultats "remarquables", commente la Chambre.


    Capture rapport CTC

    La principale bénéficiaire de ces finances excédentaires : la Société des hôtels de Nouméa, qui a reçu la coquette somme de 3,14 milliards de francs entre 2019 et 2023. Suffisant pour mener une politique d’investissement ambitieuse, qui n’est pourtant pas à la hauteur des objectifs fixés, analyse la Chambre, "le montant réel des investissements s’étant établi en moyenne à 59 % du budget alloué".

    Lutte contre l’addiction au jeu

    Les deux casinos "contribuent de façon très significative aux recettes fiscales des collectivités du territoire", signale la CTC. Les taxes sur les produits des jeux ont atteint 2,5 milliards de francs en 2023. Un montant en baisse en 2024 (1,84 milliard) en raison des émeutes. La principale institution à en bénéficier est la province Sud, qui a touché 8,8 milliards de francs de centimes additionnels versés par les casinos de Nouméa entre 2019 et 2024. La ville de Nouméa a, quant à elle, collecté deux milliards de francs de prélèvement sur le produit des jeux.

    Enfin, la CTC relève des mesures mises en place par les casinos pour "lutter contre l’addiction au jeu", basées sur la prévention, la sensibilisation et l’accompagnement. "Les résultats sont encourageants, mais nécessitent une mise en œuvre complète de l’axe prévention et accompagnement afin de mieux identifier les joueurs pathologiques."

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