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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 22.12.2025 à 15h10 | Mis à jour le 22.12.2025 à 15h10
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    La Chambre territoriale des comptes a publié un rapport, ce lundi 22 décembre, sur la politique de continuité territoriale menée par la Nouvelle-Calédonie ces cinq dernières années. Photo Archives LNC/Thierry Perron
    L’institution a publié un rapport, ce lundi 22 décembre, sur la politique de continuité territoriale menée par la Nouvelle-Calédonie. Le document met en évidence un manque de contrôle du dispositif de continuité pays, créé en 2012 pour prendre en charge une partie des déplacements des résidents des Îles vers la Grande Terre, ce qui engendre des surcoûts importants. Sa réforme, adoptée en juillet par le Congrès, ne va pas assez loin, juge la CTC. Explications.

    Une absence de vision, des dispositifs mal encadrés et une situation financière inquiétante. Dans un rapport publié ce lundi 22 décembre, la Chambre territoriale des comptes se montre très critique envers la politique de continuité territoriale, pilotée par l’Agence pour la desserte aérienne de la Nouvelle-Calédonie (Adanc). Le document de 105 pages dresse les conclusions d’une enquête menée par l’institution sur les exercices 2019 à 2024.

    Au cœur des reproches de la Chambre : la continuité pays, dispositif phare de la politique de continuité territoriale calédonienne. Conçu en 2012 afin de réduire le coût du transport aérien pour les îliens, victimes de la double insularité, il consiste à la prise en charge d’une partie du billet pour les résidents des îles Loyauté, de l’île des Pins et de Bélep souhaitant se rendre sur la Grande Terre. Entre 2019 et 2024, il représentait en moyenne 31 % des trajets, et jusqu’à 42 % en 2024. Imaginé comme un dispositif transitoire, il est toujours en place treize ans après sa création et soulève aujourd’hui de nombreuses critiques sur son caractère permissif.

    "Des abus"

    C’est justement ce qu’a soulevé la Chambre, qui note un nombre de titulaires bien supérieur à la population éligible – et même à la population des îles en général. "Les modalités d’obtention de la carte, notamment l’acceptation d’attestations d’hébergement, ont facilité des abus", juge la CTC. Ils sont aggravés par une "absence de mesures de contrôle" qui engendre un "surcoût injustifié" estimé à 100 millions de francs par an en 2023 et 2024.

    L’institution déplore également que la délivrance de la carte transport ait longtemps été gérée par Air Calédonie, avant que l’Adanc récupère cette mission en juillet 2025. Surtout, elle regrette qu’elle n’ait pas été déléguée aux communes, comme prévu lors de la création du dispositif, ce qui "aurait pu faciliter un meilleur contrôle". L’Adanc devra donc, à l’avenir, imaginer des "mesures réglementaires supplémentaires" afin d'"éviter les dérives financières observées". C’est justement l’ambition du projet de réforme validé par le Congrès le 31 juillet. Il prévoit de nouveaux critères d’éligibilité et la diminution du nombre de trajets par passager. Pas suffisant pour la CTC, qui propose également "la mise en place d’une condition de ressources" et "un ciblage des aides sur les déplacements répondant à des finalités précises".

    Manque de stratégie

    Le rapport de la Chambre territoriale des comptes s’intéresse également au financement des lignes dites "à faible trafic", deuxième outil clé de la politique de continuité territoriale calédonienne. Afin de maintenir des dessertes peu empruntées et structurellement déficitaires, l’Adanc a longtemps alloué des subventions à Air Calédonie et Air Loyauté pour l’exploitation des trajets interîles, ainsi que des lignes Nouméa-Koné, Nouméa-Koumac, Koumac-Bélep et Nouméa-Touho. Les crises successives (Covid et émeutes de 2024) ont entraîné progressivement leur fermeture. Reste qu’entre 2019 et 2024, l’Adanc a alloué plus d’1,7 milliard de francs aux compagnies aériennes domestiques, pour une fréquentation parfois dérisoire. En 2019 par exemple, la ligne Nouméa-Touho affichait un taux de remplissage de 11 %. "Un meilleur ciblage des aides publiques" est ainsi exigé par la CTC.

    Plus largement la Chambre regrette l’absence d’un "cadre stratégique formalisé". Elle pointe en particulier l’abandon du schéma global des transports et de la mobilité, finalisé en 2015 afin de consacrer une approche globale des enjeux de la mobilité, mais jamais appliqué. Ainsi, la Chambre estime que la définition d’une véritable stratégie de la desserte aérienne, soumise au Congrès, "apparaît indispensable".

    Elle s’inquiète également de la situation financière fragile de l’Adanc. Actionnaire des deux principales compagnies aériennes du pays (Aircalin et Air Calédonie), l’agence est confrontée à une diminution importante de ses recettes, majoritairement issues de l’affectation d’une part de la taxe générale sur la consommation (TGC). Celle-ci s’élevait à 1,9 milliard de francs en 2024, contre 2,7 milliards en moyenne entre 2019 et 2023. Cela est de nature à remettre "en question sa capacité à poursuivre ses interventions en faveur du transport aérien à la même hauteur que précédemment", souligne la Chambre.

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