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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 07.11.2025 à 07h00 | Mis à jour le 29.11.2025 à 17h34
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    La Newstil compte investir un milliard de francs sur un nouveau navire de fret pour ravitailler les îles. Photo Newstil
    Seul le navire de fret de la CMI relie actuellement les îles Loyauté et l’île des Pins, depuis les liquidations, entre 2022 et 2024, de deux (la Stiles et Transweb) des trois compagnies existantes. Porté par des investisseurs privés, un projet de création d’une nouvelle compagnie, intitulée Newstil, pourrait bientôt voir le jour afin de "renforcer la connectivité des îles" et "préserver leur équilibre économique".

    Le marché du fret maritime pourrait bientôt s’étoffer. Alors que les îles sont désormais approvisionnées par un seul navire, l’Isan, affrété par la Compagnie maritime des îles (CMI), un projet de création d’une nouvelle entité est actuellement sur les rails, porté par un groupe d’investisseurs privés. Le nom a déjà été trouvé et déposé : la Newstil. Son lancement doit permettre de renforcer les liaisons entre la Grande Terre et les îles, qui se sont affaiblies ces dernières années.

    La disparition, entre 2022 et 2024, de Transweb et de la Société de transports des îles (Stiles), deux compagnies historiques minées par les dettes à la suite de défaillances techniques répétées, a en effet considérablement réduit les dessertes. Elles se limitent désormais à une rotation par semaine pour Lifou et Maré, et une tous les quinze jours pour Ouvéa et l’île des Pins.

    Désenclavement et développement économique

    "Ce n’est pas suffisant", estime Loïc L. (il n’a pas souhaité donner son nom), un des porteurs du projet et futur directeur d’armement de la Newstil. L’arrivée d’un nouveau bateau, acquis par la CMI, d’ici la fin de l’année, ne représente pas, à ses yeux, une solution satisfaisante. "La direction de la CMI a annoncé qu’il sera principalement dédié aux dessertes internationales, pas aux îles", justifie Loïc L. Le Karaka, un "landing craft" de 68 m attendu pour mi-décembre à Nouméa, va en effet permettre la reprise des dessertes entre la Nouvelle-Calédonie et le Vanuatu, stoppée en 2015. Pour autant, le directeur de la CMI, Thomas Quiros, dément fermement les propos du directeur d'armement de la Newstil : "Nous allons doubler le nombre de touchers sur les îles avec l'arrivée du nouveau bateau."

    Outre ce "monopole de la CMI" qui serait "dangereux", cette situation fragilise, selon les responsables de la Newstil, l’équilibre économique des Loyauté comme de l’île des Pins. "Le risque, c’est une désertification de ces territoires", craint Loïc L. Au contraire, l’installation d’une deuxième compagnie pourrait, selon lui, garantir un désenclavement et un développement économique des îles, tout en sécurisant les liaisons, menacées par d’éventuelles pannes de l’Isan. Si le lancement de l’activité de la Newstil est prévu "en janvier 2026", les dessertes devraient être assurées, dans un premier temps, non pas par un navire de fret, mais à l’aide d’une barge transportée par un remorqueur. Un contrat d’affrètement a déjà été conclu avec la compagnie spécialisée Reviso.

    Une convention d’occupation temporaire convoitée

    Une solution temporaire, en attendant l’arrivée d’un véritable navire, un "landing craft" aux dimensions similaires à celui de la CMI, capable de transporter près de 2 000 tonnes de marchandise, que la Newstil veut faire construire. Le chantier prendra "entre dix et dix-huit mois". La compagnie espère pouvoir l’exploiter fin 2026 ou début 2027. "À l’origine, on cherchait à racheter le Laura III", le bateau exploité par l’ex-Stiles, qui n’a plus quitté le quai des caboteurs depuis mi-2024. Mais "il a atteint un prix trop élevé aux enchères".

    Reste un ultime paramètre, dont dépend l’avenir de la compagnie : l’obtention d’une convention d’occupation temporaire (COT) au quai des caboteurs, là où opérait justement la Stiles. La Newstil est suspendue à la décision du port autonome, qui doit se pencher sur sa demande la semaine prochaine. La compagnie a déjà essuyé deux refus, en décembre 2024 et janvier 2025, en raison de la présence du Laura III, qui rendait l’endroit inexploitable. Les porteurs du projet ont été contraints de reporter le démarrage de l’activité. Alors que le Laura III s’apprête à quitter l’endroit, après son acquisition aux enchères "par une compagnie étrangère", annonce le futur directeur d’armement, "on espère que le port autonome va nous octroyer l’emplacement", convoité également par la CMI. "Ce qu’on souhaite, c’est que nos deux compagnies travaillent ensemble dans l’intérêt des habitants des îles", souligne Loïc L.

    Une quarantaine d’emplois

    La création de la Newstil devrait également générer des emplois, à Nouméa mais aussi aux îles. Une vingtaine de salariés seront nécessaires, les premiers mois, pour charger et décharger la barge. "On va privilégier les anciens de la Stiles encore disponibles, qui possèdent un vrai savoir-faire", promet Loïc L., lui-même ancien capitaine d’armement de la société liquidée en juillet 2024. Vingt autres emplois, surtout du personnel navigant, seront créés à l’arrivée du futur navire de fret.

    La nouvelle compagnie a, d’autre part, déjà "investi près de 40 millions de francs" dans l’achat de matériel, notamment des chariots élévateurs. Le coût du futur navire, lui, s’élève à un milliard de francs. Les investisseurs attendent la réponse du port autonome concernant la convention d’occupation temporaire pour engager la somme. "On parle beaucoup en ce moment de relance économique et du besoin d’investissements, c’est là-dessus que travaille la mission interministérielle de Claire Durrieu, note Loïc L. C’est exactement ce qu’on propose."

    Une liaison inter-îles à l’étude

    À moyen terme, la Newstil prévoit également d’exploiter un autre navire afin de réaliser des liaisons entre les trois îles Loyauté et l’île des Pins, sans passage par Nouméa. Un service qui n’existe pas encore, et participerait à la volonté de désenclavement de ces territoires victimes de la double insularité. "Aujourd’hui, si Ouvéa veut envoyer du fret à Lifou, la marchandise repasse par Nouméa", fait remarquer Loïc L., futur directeur d’armement de la Newstil. Cette nouvelle connexion pourrait également profiter à Tiga, rarement desservie par voie maritime.

    Il s’agirait, également, de proposer une liaison entre Thio et les Loyauté pour l’envoi de fret, mais également de passagers – douze personnes maximum. "On voit que le Coss est régulièrement mobilisé pour venir au secours de personnes qui tentent cette traversée, il y a un vrai besoin", estime Loïc L.

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