- Baptiste Gouret | Crée le 13.02.2025 à 17h30 | Mis à jour le 13.02.2025 à 17h30ImprimerEn l'absence de Sonia Backès, en déplacement à Paris, Philippe Blaise, premier vice-président, a présidé l'assemblée de province Sud qui se tenait ce jeudi 13 février. Photo Baptiste GouretLes économies attendues s’élèvent à 365 millions de francs. Un effort nécessaire, a insisté l’exécutif provincial, accusé ces derniers jours de vouloir "punir" les populations océaniennes défavorisées. L’opposition y voit surtout un "choix politique".
À quatre jours de la rentrée scolaire, la province Sud a entériné, ce jeudi 13 février en assemblée, la baisse substantielle de son budget consacré à l’enseignement. Comme annoncé il y a trois semaines, l’exécutif provincial a soumis au vote des conseillers une délibération, adoptée à la majorité, visant à "adapter la gamme des bourses et aides scolaires" pour l’année 2025. Concrètement, l’aide à la rentrée scolaire et l’aide au transport journalier ou périodique ne seront pas versées cette année, tandis que la prise en charge des repas pour les élèves boursiers sera réduite de 100 francs.
Des mesures qui vont concerner environ 12 000 élèves du primaire et du secondaire. Les économies attendues s’élèvent à 365 millions de francs en 2025, soit une baisse de 34 % du budget. Seuls responsables, selon la Maison bleue, de ces coupes drastiques : les auteurs des violences survenues le 13 mai 2024.
"Ethniciser ces décisions est insupportable"
"Cette délibération est malheureusement une conséquence directe des exactions provoquées par la CCAT qui ont mis l’économie calédonienne à terre l’année dernière", a affirmé Marie-Jo Barbier, présidente de la commission de l’enseignement de la province Sud. Gil Brial, deuxième vice-président de la province Sud, ne dit pas autre chose : "Ce sont des choix de pragmatisme, liés à des pertes de recettes fiscales de l’ordre de 30 % depuis les émeutes du 13 mai." Un effort nécessaire, assure ce dernier, particulièrement remonté contre les accusations de "politique punitive" formulées à l’encontre de l’exécutif ces dernières semaines.
Dans une déclaration liminaire, Gil Brial s’en est ainsi pris au Collectif urgence sociale, qui dénonce des mesures dirigées contre la population kanak et les habitants des quartiers défavorisés. "C’est l’ensemble de la population, quelle que soit sa couleur de peau, qui est touchée par ces baisses. Ethniciser ces décisions est insupportable", s’est emporté le deuxième vice-président, listant les coupes budgétaires qui affectent les autres secteurs d’intervention de la province Sud : "moins 52 % d’aides de soutien à l’économie, moins 50 % de dotations aux sociétés d’économie mixte, une baisse de 50 % du budget de la culture, la suppression des subventions pour le Festival cinéma de La Foa et les Francofolies… Là, on n’entend pas le collectif."
Un effort "plus important que nécessaire"
Si la colère contre la baisse des aides s’est exprimée dans la rue, ce jeudi, lors d’un rassemblement organisé devant le haut-commissariat, l’opposition a également fait part de ses inquiétudes pendant l’assemblée de province. "Vous tracez une trajectoire, je la respecte, mais je ne la partage pas", a souligné Vaimu’a Muliava, du groupe Éveil océanien, qui préfère parler de "choix politique" plutôt que de pragmatisme financier.
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L’élu dénonce notamment "la soudaineté" de ces décisions, qui interviennent quelques jours avant la rentrée, et "la méthode" employée qui va forcément entraîner, selon lui, "un sentiment de répression sociale" chez une partie de la population. "Il y avait d'autres lignes budgétaires où on pouvait faire le prélèvement des 300 millions", juge Ithupane Tiéoué, de la liste FLNKS Sud, qui espère "une correction dans les mois à venir si les finances venaient à se rehausser".
Philippe Dunoyer, élu Calédonie ensemble, a quant à lui déploré le caractère définitif des suppressions d’aides. "On avait demandé, sans succès, que les baisses soient mesurées et s’adaptent aux différentes situations." Des coupes sans nuance qui représentent par ailleurs un effort plus important que nécessaire, fait remarquer ce dernier. "Le poste diminue de 35 % alors que le budget lui est en baisse 10 %. Et, dans tous les autres secteurs, les dépenses baissent de 20 à 22 %." A l’arrivée, "ce sont des enfants et des familles parmi les plus défavorisées qui sont touchées."
Clic & mouv' s’élargit… au détriment de "Vacances pour tous"
Les élus provinciaux étaient également invités, ce jeudi matin, à se prononcer sur l’évolution du dispositif Clic & mouv'. Lancé en mars 2023, il consiste en une allocation annuelle de 15 000 francs attribuée à tous les jeunes âgés de 11 à 17 ans, et à utiliser auprès des organismes adhérents, à savoir des associations culturelles, sportives, etc. En 2023, 6 255 jeunes en avaient profité, pour un montant total de 81 millions de francs.
L’exécutif de la province Sud a souhaité revoir ce dispositif pour l’élargir aux enfants âgés de 5 à 10 ans. Ces derniers pourront donc profiter d’un crédit de 15 000 francs, qui ne pourra toutefois être utilisé uniquement dans le cadre d’une inscription dans un centre de vacances et de loisirs lors des périodes de vacances scolaires.
"Une mauvaise nouvelle"
De quoi justifier, pour la province Sud, la disparition de "Vacances pour tous", qui permettait aux familles d’enfants boursiers de bénéficier d’une réduction des tarifs lors d’une inscription en centre. La suspension, prévue pour deux ans, a pour ambition "de continuer à apporter un soutien aux familles pour le financement des activités liées à l’épanouissement et au bien-être de l’enfant tout en maîtrisant davantage les dépenses de la collectivité publique", justifie l’exécutif. Ce basculement répond aussi à un objectif de "simplification et de rationalisation" des différents dispositifs provinciaux.
Reste que cette "fusion" va représenter un manque à gagner considérable pour certaines des familles les moins bien loties, note Philippe Dunoyer (Calédonie ensemble). "La disparition de 'Vacances pour tous' est une mauvaise nouvelle, car l’accompagnement représentait 4 000 francs par jour dans les centres de vacances et 12 000 francs dans les centres de loisirs, cet argent-là va manquer."
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