Au moins une jeune calédonienne sur trois a déjà été en situation de précarité menstruelle. Cette donnée, collectée lors d’enquêtes menées par le vice-rectorat et la province Sud entre 2023 et 2024, est suffisamment parlante pour lancer des actions concrètes. Après le gouvernement, qui a doté onze lycées en distributeurs de serviettes hygiéniques gratuites, c’est au tour de la province Sud d’en installer dans les collèges.

Jeudi 30 octobre, des élus provinciaux se sont rendus au collège de Kaméré pour inaugurer le premier distributeur de protections hygiéniques gratuit. "Parce que lutter contre la précarité, c’est lutter contre le décrochage scolaire et les inégalités, c’est donner les mêmes chances de réussite à chaque jeune fille, et leur permettre de poursuivre une scolarité dans la dignité, la confiance et l’égalité," a déclaré Gil Brial, deuxième vice-président de la province Sud, chargé du secteur de la condition féminine et de l’égalité. 35 établissements de la province vont être équipés de ces distributeurs.

1,3 million de francs sur une vie

Dans son guide "Lutter contre la précarité menstruelle", la collectivité détaille quelques chiffres qui alertent sur la gravité de la précarité menstruelle en Nouvelle-Calédonie. Ainsi, parmi la population adulte, une femme sur 10 de plus de 15 ans a déjà rencontré des difficultés à se fournir en protections hygiéniques. Le budget pour en acheter représenterait près d’1,3 million de francs sur toute une vie. Un coût important, qui constitue "une injustice fondamentale entre les personnes menstruées et les autres qui accentue les inégalités de revenus et plus généralement les inégalités de genre," affirme le guide.

Si l’installation de distributeurs est un premier pas pour combler cette différence sociale et de genre, un gros travail reste encore à faire, tant sur l’information sur les règles, que sur les équipements sanitaires pour de bonnes conditions d’hygiène. Ce qui fait parfois défaut dans les établissements scolaires, dans les lieux publics et professionnels. Et qui permettrait de participer à normaliser cet événement biologique encore largement tabou.