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  • Claire Gaveau claire.gaveau@lnc.nc | Crée le 21.11.2021 à 07h17 | Mis à jour le 21.11.2021 à 17h17
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    Roger Kaddour, qui a également créé de nombreuses ligues sur le Caillou, a travaillé pendant plus de soixante ans pour le sport calédonien. "Une longévité exceptionnelle", salue Christophe Dabin, le président du CTOS. Photo T.M.
    Véritable pionnier, Roger Kaddour s'est éteint dans la nuit de vendredi à samedi à l'âge de 93 ans. Déterminé et ambitieux, considéré comme le "père des Jeux du Pacifique", il a fait passer le sport calédonien dans une autre dimension.

    Il y a des noms, comme ça, qui resteront gravés à jamais dans l'histoire du Caillou. Roger Kaddour en fait très certainement partie. Véritable pilier du sport calédonien, le "vieux Cagou", comme il était surnommé, est une figure emblématique de la Calédonie. "Résumer la vie et l'œuvre de Roger en quelques lignes est mission impossible tant il a fait, tant les belles histoires le concernant, tant les anecdotes sont nombreuses", explique ainsi le Comité territorial olympique et sportif (CTOS), qui a annoncé la triste nouvelle samedi.

    Passionné de tennis, de basket-ball ou encore de football, le jeune Roger est davantage attiré par la pratique sportive que par l'organisation. Mais il faut croire qu'il avait ça dans le sang alors que son père, Jules Kaddour, décédé en 1935 alors qu'il n'avait que 6 ans, était impliqué au côté de Numa Daly dans la création de l'Olympique de Nouméa en 1930.


    En 2019, lors des Jeux du Pacifique à Apia, Roger Kaddour avait été nommé "premier membre à vie" du Conseil des Jeux. Photo archives LNC

    "Oser et voir grand"


    Roger Kaddour a connu plusieurs succès, notamment à Vincennes, dans les courses hippiques. "Quand il a eu 50 ans, il s'était dit que s'il avait les moyens, il achèterait des chevaux de course. C'est ce qu'il a fait", raconte son petit-fils, Romain Babey. Photo DR

    Et au retour de ses études notariales en Métropole, Roger Kaddour, poussé par Numa Daly, travaille peu à peu à façonner la pratique sportive. Il crée le Comité territorial des sports en 1961, qui deviendra ensuite le Comité territorial olympique et sportif. Le point de départ d'un nouveau chapitre, d'une nouvelle histoire. Cette même année, avant même le lancement officiel du CTOS au mois de décembre, il est ainsi choisi par ses pairs pour représenter la Calédonie, aux côtés de Numa Daly et de Pierre Jeanson, lors des discussions au sujet de la création des Jeux du Pacifique, dont la première édition sera organisée à Suva, à Fidji, en 1963.


    Roger Kaddour, qui était "un grand grand gaulliste", avait été touché par la lettre du général de Gaulle, rencontré l'année précédente, avant l'ouverture des Jeux de 1966. Photo DR

    Il rédige alors la charte, faisant de lui le père fondateur des Jeux du Pacifique pour bon nombre de personnes.

    Comprenant l'importance d'une telle manifestation, il s'engage alors : "Promis, juré, il y aura une suite et partout dans le Pacifique... Mais, à Nouméa, il nous faudra bâtir des infrastructures qui nous manquent tant, et c'est là la bonne opportunité. Il va falloir oser et voir grand...", disait-il alors, selon des propos rapportés dans le livre Cœur de Cagou.


    Fidji, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Tahiti... Roger Kaddour, considéré comme le "père fondateur" des Jeux du Pacifique, était présent à chaque événement. Photo Claire Gaveau

    Le début de plusieurs mois de combat alors qu'il souhaite accueillir à Nouméa les IIes Jeux du Pacifique en 1966. "On ne comprenait pas à l'époque pourquoi avoir une piscine, il y avait la mer, pourquoi avoir une salle, on pouvait jouer au basket partout en plein air. C'était difficile de convaincre les gens, personne ne pouvait comprendre", détaillait-il dans nos colonnes en 2016.

    Reconnaissance éternelle


    Lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux du Pacifique en 1966, au stade Numa-Daly, la foule l'acclame, scande son nom. "Je suis submergé par l'émotion", racontait-il. Photo Claire Gaveau

    Il s'envole alors pour Paris, avec différents représentants politiques, et finit par rencontrer Maurice Herzog, alors secrétaire d'État à la Jeunesse et aux sports, pour obtenir les aides nécessaires à la construction de différentes infrastructures. "Les jeunes sportifs ne le savent sans doute pas mais nous lui devons tellement. C'est sa détermination à voir grand pour le sport calédonien qui lui a permis de trouver les soutiens au plus haut niveau de l'État et les financements pour construire le stade Numa-Daly, la piscine Jacques-Mouren, la salle omnisports de l'anse Vata et la salle Veyret, des équipements qui aujourd'hui encore sont utilisés au quotidien par des milliers de jeunes Calédoniens et champions en herbe", salue le CTOS.


    Dirigeant reconnu, Roger Kaddour n'en restait pas moins un sportif, comme ici avec son petit-fils Romain Babey, lors d'une course à Boulouparis. Photo DR

    L'histoire du sport calédonien restera à jamais marquée par Roger Kaddour, qui aura été "pendant plus de soixante ans", "un compagnon de route, un véritable père ou un grand-père" pour de nombreux sportifs calédoniens, qu'ils côtoyaient encore récemment au bord des terrains. Comme en 2019, aux Samoa, lors des Jeux du Pacifique d'Apia. Malgré ses 91 ans, il était encore du voyage pour vibrer derrière les Cagous et être nommé "premier membre à vie" du Conseil des Jeux. Une reconnaissance éternelle.

    REPERES

    La Maison du Sport à son nom

    Avant même sa disparition, le CTOS avait voulu rendre hommage au travail effectué par Roger Kaddour depuis toutes ces années en donnant son nom à la Maison du sport, située rue Duquesne dans le Quartier Latin, où siègent le CTOS et différentes ligues calédoniennes. "On l’avait renommé Maison du sport Roger Kaddour pour le cinquantième anniversaire du CTOS", rappelle Christophe Dabin. Cette année, la Ligue calédonienne de tennis, créée par Roger Kaddour en 1954, avait également décidé de nommer son nouveau terrain de paddel, au Ouen-Toro, du nom de l’ancien dirigeant calédonien.

    Un hommage en préparation

    Le CTOS réfléchit actuellement à rendre hommage à Roger Kaddour. Si les sportifs du Caillou ne pourront pas se réunir comme pour Charles Cali, l’ancien président du mouvement sportif décédé au mois d’août, une "journée en rouge et gris" pourrait prochainement être programmée afin de saluer la mémoire du "vieux Cagou".

    Homme d’affaires reconnu

    Roger Kaddour était également un homme d’affaires. Notaire de formation, après des études en Métropole, il ouvre en 1951 avec André Caillard une agence immobilière, encore connue aujourd’hui sous le nom de Caillard & Kaddour.

    "Tu as été et resteras un véritable guide"


    En 2003, Roger Kaddour avait reçu les insignes d’Officier de la Légion d’honneur à la mairie de Nouméa.

    Dès l’annonce de son décès, les hommages se sont multipliés sur les réseaux sociaux. "Bien avant tout le monde, Roger tu as eu l’ambition d’amener le sportif calédonien au plus haut niveau, en dépassant notre belle barrière de corail. Tu as non seulement réussi dans ta démarche, mais tu as aussi ainsi entraîné dans ton sillage des hommes qui comme toi vivaient avec ces valeurs du sport et cette ambition de surmonter les obstacles. Tu as été et resteras un véritable guide, celui qui donne envie, qui entraîne, qui fait rêver", écrit ainsi Gérard Winter, ancien conseiller technique au sein de la Ligue de tennis. "Puisse son image, sa gentillesse, sa discrétion, son altruisme et son engagement nous donner l’exemple de servir, de défendre les intérêts et l’image du sport calédonien", ajoute le judoka Abédias Trindade de Abreu. "Reconnaissance éternelle à notre vieux Cagou", lance Brigitte Delaveuve, président de la section basket de l’AS 6e Km.

    "C’était un bâtisseur"

    "Quand on connaît Roger, le sport était sa passion mais ça allait bien au-delà du sport", glisse de son côté Christophe Dabin, l’actuel président du CTOS. "C’était un bâtisseur", lance-t-il, évoquant les infrastructures construites pour les Jeux de 1966 puis pour les Jeux de 1987, où il était le président du comité organisateur. Avec le décès de Charles Cali en août, "ce sont deux monuments du mouvement sportif calédonien" qui se sont envolés, "surtout quand on voit la longévité de Roger". "Il a toujours recherché la proximité, l’unité et il a réussi à renforcer la cohésion des Cagous. Il était toujours là pour accompagner les sportifs, il n’a jamais laissé quelqu’un tomber. Sans forcément trop parler, juste par sa présence il apportait", poursuit encore le patron du sport calédonien, saluant la mémoire d’un "dirigeant océanien". "Au-delà de nos frontières, il était connu au niveau international. Il avait la gratitude et l’admiration de l’ensemble des dirigeants sportifs océaniens. C’était notre vieux Cagou", conclut-il.

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