- Julien Mazzoni | Crée le 07.02.2025 à 14h35 | Mis à jour le 07.02.2025 à 16h34ImprimerVisite de Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, au centre de détention du Camp-Est. Photo Anthony TejeroLe tribunal administratif s’est penché jeudi 6 février sur une plainte de neuf détenus du Camp-Est qui réclamaient des indemnités. S’ils ne vont probablement pas obtenir gain de cause, leur avocat a rappelé les conditions indignes dans lesquelles ils sont détenus.
Régulièrement condamné pour les conditions indignes dans lesquelles sont incarcérés les détenus du Camp-Est, l’État était de nouveau attaqué devant le tribunal administratif de Nouméa le jeudi 6 février. Cette fois-ci, neuf détenus demandaient à la justice de se pencher sur leur demande d’indemnisation en raison du préjudice moral résultant de leurs conditions de détention.
Le tribunal s’était déjà prononcé en 2023 et avait condamné l’État à leur verser une indemnité. "Aujourd’hui, on demande à la juridiction de trancher sur le fond et de prendre en considération l’aggravation de la situation depuis le 13 mai", explique Stéphane Bonomo, leur avocat.
"La vie y est insupportable"
La rapporteure publique a adressé une fin de non-recevoir à la demande des neuf détenus. Selon toute probabilité, le juge devrait suivre ses conclusions. Il n’en reste pas moins que les conditions de vie des détenus de l’établissement pénitentiaire se sont encore dégradées depuis mai 2024.
"Nous sommes venus expliquer que le préjudice continue et s’aggrave, explique Stéphane Bonomo. Nous ne sommes pas d’accord sur le calcul du quantum d’indemnisation." Ses clients réclamaient des sommes allant de 1,8 à 4,6 millions de francs. L’indemnité à laquelle peuvent prétendre les détenus est fixée par la jurisprudence à 200 euros par mois (22 000 francs), mais selon l’avocat, "pour un détenu qui passe plusieurs années dans des conditions indignes, le quantum devrait être fixé aux alentours de 30 000 francs. Nous sommes venus rappeler que les travaux ne sont pas faits et qu’aujourd’hui, les détenus vivent à cinq par cellule, sans aération, avec des toilettes défectueuses, des cafards, des scolopendres… Certains sont piqués plusieurs fois par semaine. La vie y est insupportable et les travaux qui devaient être faits n’ont pas été réalisés dans leur intégralité."
"Entassés dans des containers"
Depuis le déclenchement des émeutes en mai 2024, des milliers d’interpellations ont donné lieu à des incarcérations. Le 15 mai, une mutinerie avait même éclaté au sein de la prison, incendiant 70 cellules, réhabilitées pour la plupart depuis. La surpopulation qui était déjà insupportable, aussi bien pour les détenus que pour le personnel (plus de 600 détenus pour 400 places début 2024) s’est encore aggravée. "Certains prisonniers sont encore actuellement entassés dans des containers maritimes à cinq ou six par cellule. Il ne faut pas oublier que l’on parle de vies humaines", se désole Stéphane Bonomo.
Jimmy* (prénom modifié) a passé près de trois ans derrière les murs du Camp-Est. Libéré en début d’année, il confirme l’état de délabrement de la maison d’arrêt. "C’est sale, tout est dégradé, on le signale souvent aux surveillants mais ils ne peuvent rien faire à part constater. On nous entasse comme des animaux. Quand tu vis dans des conditions comme ça avec une demi-heure de promenade par jour, c’est vraiment dur. Alors ils nous donnent des médicaments pour nous calmer, mais ça suffit pas, beaucoup se scarifient ou essaient de se suicider."
Lors de sa venue sur le Caillou en novembre dernier, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaëlle Braun-Pivet avait visité la prison de Nouville. Les conditions de détention et de travail du personnel l'avaient indignée, insistant sur l’urgence de construire une nouvelle prison, annoncée en février 2024 par le garde des Sceaux de l’époque, Éric Dupond-Moretti. Les travaux devraient débuter en 2028 pour une livraison en 2032. Pas sûr que surveillants et détenus tiennent jusque-là.
MERCI DE VOUS IDENTIFIER
Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.X
J'AI DÉJA UN COMPTEJE N'AI PAS DE COMPTE- Vous n'avez pas encore de compte ?
- Créer un nouveau compte
Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement. -
-
DANS LA MÊME RUBRIQUE
-
VOS RÉACTIONS
- Les transports aériensà consulter ici