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    Grand Nouméa
  • Baptiste Gouret | Crée le 17.02.2025 à 14h19 | Mis à jour le 17.02.2025 à 14h21
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    Le collège Portes-de-Fer accueille désormais les élèves de Rivière-Salée, dont l’établissement a été détruit durant les émeutes. Photo Baptiste Gouret
    Privés de leur collège, détruit aux premiers jours des émeutes, 150 élèves de Rivière-Salée font leur rentrée cette semaine à Portes-de-Fer. Les familles ont dû s’organiser, notamment pour relier l’établissement situé à 4 km de leur quartier, et alors que le réseau de bus est désormais très limité. Certaines ont fait appel à des transporteurs privés, quand d’autres ont dû se résoudre à emmener leurs enfants à pied. Reportage.

    La cour du collège Portes-de-Fer fourmille d’enfants, de parents et d’enseignants, en ce lundi de rentrée scolaire. La matinée a beau être réservée aux élèves de 5e, la récente augmentation des effectifs se fait déjà sentir. L’établissement a gagné 300 élèves en un an (dont la moitié accueillie dans les locaux de l’école Marguerite-Arsapin). Tous sont des enfants de Rivière-Salée, privés de leur collège, incendié et saccagé aux premiers jours des émeutes, et désormais inscrits à Portes-de-Fer en attendant une reconstruction encore très incertaine.

    Cette délocalisation, amorcée dès le mois de juin 2024, n’en finit pas de poser des problèmes aux familles d’un quartier particulièrement sinistré depuis la crise insurrectionnelle. Principal casse-tête : le transport. Le nouveau réseau de bus, très limité, ne propose aucune liaison directe entre Rivière-Salée et le collège Portes-de-Fer, situé à 4 km.


    Frédéric Kaqea a découvert le nouvel établissement dans lequel étudiera son fils, Michel, élèves de 5e scolarisé l’an dernier au collège de Rivière-Salée. Photo Baptiste Gouret

    Frédéric et Salomé Kaqea ont donc fait appel à "un transporteur de la famille" pour conduire chaque jour leurs deux enfants, inscrits en 6e et en 5e, au collège. Une dépense supplémentaire de 22 000 francs par mois pour la famille de Rivière-Salée. "Ça va passer", estime le couple, après un calcul minutieux de leur budget. À terme, Frédéric a bien l’intention d’acheter une voiture. "Ce sera beaucoup plus simple."

    Plus les moyens de payer le bus

    "On s’est longtemps demandé comment on allait faire pour venir", raconte pour sa part Wilfried, adossé à la grille de l’établissement. Papa d’un garçon de 12 ans qui fait sa rentrée en 5e, l’habitant de Rivière-Salée a finalement inscrit son fils sur le réseau Lyvaï. Après plusieurs mois de tractations des habitants et des associations du quartier, le transporteur privé a été le seul à accepter d’ouvrir une ligne quotidienne entre Rivière-Salée et Portes-de-Fer. "On a payé 11 000 francs d’inscription, et ensuite c’est 7 000 francs par mois", détaille Wilfried, rassuré par une solution qui a éloigné le spectre redouté des trajets à pied quotidiens.


    Albert, habitant de Pierre-Lenquette, est venu au collège à pied avec ses enfants tandis que Wilfried, qui vit à Rivière-Salée, a inscrit son fils au réseau de bus mis en place par Lyvaï. Photo Baptiste Gouret

    Un sort auquel Albert et ses trois enfants ont dû se résoudre. Ils viennent de la cité Pierre-Lenquette, à Montravel. Un quartier dans lequel les bus Tanéo n’entrent plus depuis les émeutes. Pour rejoindre le collège, la ligne la plus proche est celle du Néobus, qui s’arrête devant l’ancienne usine Le Froid. "Mais c’est quasiment aussi long d’aller à l’arrêt de bus que de venir à pied", explique Albert, qui vient d’achever, avec ses filles, les trente minutes de marche qui séparent l’établissement scolaire de leur domicile. "Je les ai accompagnées pour la rentrée, après elles feront le trajet seules", ajoute le père de famille, sans dissimuler son "inquiétude". "On espère trouver rapidement un transporteur qui accepte de passer par Montravel, mais il faudra quand même voir quel budget ça représente."

    Le manque d’alternative n’est en effet pas la seule explication à la multiplication des familles qui empruntent le chemin de l’école, du collège ou du lycée à pied. "On sait que certains n’ont plus les moyens de payer le bus", déplore Francis Maluia, responsable du collectif Solidarité RS, fondé au lendemain des émeutes. Dans son quartier, de nombreux parents n’ont pas adhéré au réseau mis en place par Lyvaï.


    Alain Courjault, président de l’Association de parents d’élèves, organisait la distribution des kits de fournitures scolaires, en ce lundi de rentrée. Photo Baptiste Gouret

    "On avait 25 enfants inscrits vendredi", révèle Patricia Lecomte, gérante de Lyvaï. Très loin des "150 à 200 gamins dont on nous avait parlé". La preuve "que les gens n’ont plus de sous", juge également cette dernière.

    "Un seul et même collège"

    Sous le hall du collège, les bénévoles de l’Association de parents d’élèves (APE) du collège Portes-de-Fer, aidés par quelques enseignants, distribue les derniers kits de fournitures scolaires aux retardataires, ce lundi matin. Un ensemble de cahier, de feuilles et d’accessoires indispensables, vendus 6 000 francs. "Un prix très intéressant", assure Alain Courjault, président de l’APE. Face à la hausse soudaine des effectifs, l’association a elle aussi dû se réorganiser. "Il a fallu être prévoyants, notamment d’un point de vue financier : on avait le budget pour 400 élèves, et là on passe à 700", fait remarquer le président de l’APE. L’autre défi : maintenir le lien avec les parents des 150 élèves de 4e et 3e accueillis dans les locaux de l’école Marguerite-Arsapin. "On envisage d’y ouvrir une permanence."


    La principale, Claudette Nemorin (à droite), lors de l’accueil des élèves de 5e et de leur famille, lundi 17 février, au collège Portes-de-Fer. Photo Baptiste Gouret

    Un enjeu partagé par la direction de l’établissement, qui doit maintenir une continuité administrative et pédagogique malgré les cinq kilomètres qui séparent les deux bâtiments. "Mais ça reste un seul et même collège, il n’y a pas deux établissements", insiste Claudette Nemorin, principale du collège Portes-de-Fer, qui se rendra à l’école Arsapin ce lundi après-midi pour accueillir les élèves. Le caractère inédit autant qu’instable de la situation n’a pas réussi à entacher une rentrée "qui s’est déroulée dans une bonne atmosphère", se félicite-t-elle. "On se prépare depuis le mois d’août." Quant au collège, construit en 2003, il est dimensionné pour recevoir jusqu’à 800 élèves. "Il va falloir prendre de nouvelles habitudes, mais je ne suis pas inquiet, indique Alain Courjault. Il y a tout ce qu’il faut ici."

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