- Baptiste Gouret | Crée le 12.06.2025 à 05h00 | Mis à jour le 16.06.2025 à 14h21ImprimerJennifer Tahmumu s’est installée à Koné en 2014, pour travailler à l’usine KNS. Licenciée en mars de cette année, elle a retrouvé un poste dans l’administration publique il y a deux mois, mais garde l’espoir d’un redémarrage du complexe métallurgique. Photo Baptiste GouretÀ la suite de l’arrêt de l’activité en septembre 2024, l’usine du Nord s’est séparée de 1 200 salariés, contraints de quitter la région ou de se reconvertir. Une simple parenthèse pour certains d’entre eux, convaincus que le site industriel de Vavouto trouvera un repreneur. Témoignages.
Devant la galerie dépeuplée du centre commercial Teari, Jennifer Tahmumu pose un regard désabusé. "C’est mortel ici." Ce qui était, il y a encore quelques mois, un des principaux lieux de rencontres de Koné est devenu l’illustration d’une région qui se vide. "Avant, c’était le rush, on voit clairement que la population a chuté", constate l’ancienne salariée de l’usine KNS. L’arrêt de l’activité du complexe métallurgique de Vavouto, en septembre 2024, a entraîné le licenciement de 1 200 salariés et plongé la zone VKP dans la torpeur.
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Superviseuse adjointe au bureau des permis, passage obligatoire pour tout visiteur de l’usine, Jennifer Tahmumu a fait partie de la vague de licenciements de mars, celle qui concernait les salariés protégés. La représentante du personnel a senti venir la fermeture de l’usine, décidée par Glencore, actionnaire à 49 %, en août 2024. "On s’y attendait."
Un espoir partagé
"Ça ne s’est pas joué du jour au lendemain", abonde Clovis Gopea. Au départ, pourtant, le chef d’atelier, entré en 2014 à KNS, voit dans les rumeurs qui circulent une énième "phase de discussions avec les investisseurs qui se jouait à peu près chaque année depuis 10 ans pour savoir s’ils étaient prêts à réinjecter de l’argent". Mais assez vite, début 2024, "on a compris que c’était sérieux", raconte Clovis Gopea. La suite : une mise en sommeil de six mois, amorcée en février, pour laisser le temps de trouver un repreneur. "Ça a été très compliqué de mobiliser les équipes, ce n’est pas évident de maintenir une motivation quand on nous répète que ça va fermer et qu’on apprend des choses par les médias", souligne l’ancien chef d’atelier. Puis, il a fallu "se rendre à l’évidence" : l’usine Koniambo Nickel, un projet vieux de 30 ans, allait s’arrêter brusquement.
L’usine a été mise en sommeil en février 2024, avant de stopper entièrement son activité six mois plus tard. Photo Baptiste GouretDeux options s’offraient alors aux salariés licenciés : quitter la région en quête d’un poste dans l’industrie métallurgique ou se réinventer. "On a tout construit ici depuis 14 ans, on ne voulait pas quitter Koné", explique Jennifer Tahmumu, dont le mari a, lui aussi, perdu son emploi à la suite de la fermeture de KNS.
Volonté politique
Parent de quatre enfants, le couple a rapidement réagi. Jennifer Tahmumu a retrouvé un travail dans l’administration en s’appuyant sur sa formation de comptable, tandis que son mari s’est consacré à la construction d’une maison à Maré, d’où il est originaire, parfaite alternative à une vie à Koné qui deviendrait trop précaire. Mais le plan principal n’a pas changé : reprendre leurs postes respectifs à la relance de l’usine KNS. "Il y a vraiment un espoir partagé que ça redémarre, affirme Jennifer Tahmumu. KNS, c’est une histoire, un combat. Il y a des gens qui ont œuvré pour le rééquilibrage de ce pays, on se doit de garder l’espoir."
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Clovis Gopea partage le même enthousiasme. "J’ai confiance, je crois à une reprise, même si ça doit mettre des années." L’ancien salarié de 36 ans profite de cette parenthèse pour se "rapprocher de mes trois enfants", qui vivent dans la maison familiale de Neouta, à Ponérihouen. En parallèle, il s’est lancé dans la location de matériel de construction et d’entretien à Voh, où il vit une partie de la semaine. "Mais si ça reprend à KNS, j’y retourne. C’est notre outil à nous, on a acquis une certaine rigueur et une expérience, il faut continuer dans ce sens." Pour les deux salariés interrogés, le complexe métallurgique de Vavouto dispose d’un "potentiel énorme", ce qui rend son abandon à leurs yeux inenvisageable. "Ce projet est né d’une volonté politique. Il en faudra autant pour qu’il renaisse."
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