fbpx
    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 20.05.2025 à 16h10 | Mis à jour le 20.05.2025 à 16h13
    Imprimer
    Le secteur du BTP a été particulièrement affecté par les émeutes. Cela s’est traduit par un effondrement de la consommation de ciment en 2024 (- 34,3 %), atteignant son plus bas niveau depuis 1995. Photo Archives LNC / Niko Vincent
    L’Institut d’émission d’outre-mer a publié, le 7 mai, les dernières données des indicateurs économiques en 2024. Sans surprise, le document révèle un effondrement généralisé de l’économie calédonienne depuis les émeutes du mois de mai. Focus sur quelques secteurs clés particulièrement affectés.

    Une crise dans la crise pour le nickel

    Avant même la survenue des émeutes, le secteur du nickel affrontait déjà une crise majeure, début 2024. "Dans un contexte de cours mal orientés sur les marchés internationaux, les actionnaires industriels avaient annoncé fin 2023 leur volonté de cesser le financement de leurs usines métallurgiques sur le territoire", rappelle l’Institut d’émission d’outre-mer, dans sa synthèse annuelle publiée le 7 mai et qui met en lumière les dernières données disponibles des indicateurs économiques calédoniens.

    En février, l’usine du Nord (KNS) a été mise en sommeil à la suite du départ de Glencore, actionnaire principal. "Les émeutes ont ensuite cristallisé les difficultés du secteur", note l’IEOM, évoquant "blocages et destructions sur les sites miniers". L’extraction minière a ainsi fortement reculé (- 51,3 % de tonnes humides extraites en 2024).

    D’autre part, la production de Prony Resources a été interrompue pendant six mois, tandis que la SLN a dû réduire largement la puissance de ses fours face au manque d’approvisionnement en minerais suffisant. Ainsi, en 2024, la production métallurgique a reculé de 48,6 %, pour s’établir à 53 327 tonnes de nickel contenu.

    Quant aux exportations de produits métallurgiques, elles ont enregistré un repli de 45 % en volume sur l’année. À cela s’ajoute un cours du nickel en forte baisse. Entre 2023 et 2024, il a chuté de 22 % au London Metal Exchange (LME). "Cette tendance s’inscrit dans un contexte de forte croissance de la production indonésienne et chinoise et de hausse des stocks."

    L’effondrement du BTP

    L’activité du BTP était en baisse depuis plusieurs années. Mais 2024 a accéléré cette tendance. Ainsi, la consommation de ciment s’est effondrée l’an dernier (- 34,3 %), atteignant son plus bas niveau depuis 1995. "Les entrepreneurs interrogés par l’IEOM dans le cadre de son enquête de conjoncture font état d’une forte dégradation de leur activité en 2024 et de leurs prévisions d’investissement pour l’année à venir"; indique l’Institut. Paradoxalement, ce manque de dynamisme s’accompagne d’une forte baisse des défaillances d’entreprises en 2024 (- 45,1 %). Un chiffre qui s’explique par les mesures d’aide mises en place par les pouvoirs publics durant la crise.

    Crise et conditions climatiques affectent le secteur primaire

    Côté secteur primaire (agriculture, pêche…), la crise insurrectionnelle de mai 2024 n’est pas la seule responsable du ralentissement de l’activité. En effet, la sécheresse d’El Niño, mi-2023, suivie des fortes précipitations liées à La Niña de décembre à avril 2024, ont fortement affecté les professionnels du secteur. L’année 2024 s’est, en outre, distinguée comme la troisième la plus chaude jamais enregistrée en Nouvelle-Calédonie depuis le début des relevés météorologiques.

    Des conditions météorologiques extrêmes qui ont eu un impact direct sur la production maraîchère. "Les autorisations d’importations de légumes ont diminué pour la deuxième année consécutive (7 849 tonnes autorisées à l’importation en 2024 contre 10 411 tonnes en 2023), tout comme les volumes réellement importés (-20,7 %)", observe ainsi l’IEOM. D’autre part, "la filière viande a été confrontée à une double contrainte : d’une part, la sécheresse liée à El Niño a affecté le développement du bétail, et d’autre part, les perturbations causées par les émeutes de mai ont entravé le transport des animaux et entraîné un retard d’abattage. Les abattages de bovins ont donc chuté de 31,6 % sur l’année."

    En revanche, pour la filière aquacole, les chiffres sont plutôt encourageants : les exportations de crevettes ont bondi de 68,6 % en un an, tout comme celles de thon (+ 51 %). "Cependant, les professionnels du secteur décrivent des perspectives dégradées, tant sur l’activité que sur l’investissement et les effectifs, traduisant leur pessimisme", nuance l’IEOM.

    Des perspectives fragiles

    Le bilan économique de l’année 2024 est encore en cours d’évaluation, mais tout indique déjà "un effondrement sans précédent". "Destructions d’emplois, repli de la consommation, hausse des indicateurs de vulnérabilité des ménages, forte contraction de l’activité bancaire, dégradation du déficit commercial…", énumère l’IEOM. Quid de la suite ? "En 2025, la Nouvelle-Calédonie va devoir faire face à des défis majeurs", constate l’Institut.

    Déjà, "les professionnels interrogés, tous secteurs confondus, décrivent des perspectives très dégradées pour les prochains mois (prévisions d’activité en contraction, tensions sur la trésorerie, pessimisme sur l’évolution des effectifs et l’investissement…)". La situation des finances publiques, exsangues, vient s’ajouter aux difficultés économiques. Un des principaux enjeux, selon l’IEOM, réside dans la capacité de la Nouvelle-Calédonie à mener une réflexion stratégique autour du nickel, un secteur qui reste essentiel pour relancer l’économie du Caillou. L’autre défi incontournable : la poursuite des discussions politiques et institutionnelles, dont le récent échec "continue de peser sur des acteurs économiques considérablement fragilisés".

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS