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    Nouvelle Calédonie
  • Charlie Réné avec M.C. | Crée le 17.04.2018 à 04h25 | Mis à jour le 17.04.2018 à 15h10
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    En 1960, la salle du service des paquets est pleine. Tous sont inspectés, triés et la destination y est précisée. Voilà quelques semaines, l’OPT a ouvert un nouveau centre de tri équipé de machines très modernes à Ducos. Photo OPT-NC
    SOCIÉTÉ. C’est en 1958 qu’est créé l’Office des postes et télécommunications de Nouvelle-Calédonie. L’établissement public, qui doit se trouver cette année un nouveau cap, compte bien marquer cet anniversaire.

    « À 60 ans, normalement, il est temps de penser à la retraite… ironise Gaël Yanno. Mais rassurez-vous, l’OPT en est encore loin. » Le président du conseil d’administration de l’Office lançait, hier, les célébrations des 60 ans d’existence de l’établissement public. Un anniversaire qui est l’occasion, bien sûr, de communiquer, pour « rappeler aux Calédoniens le chemin parcouru ensemble » (lire, ci-contre). Mais il est aussi l’occasion de faire le point sur une entreprise « structurante », comme le rappelle le directeur général Philippe Gervolino, qui note que l’OPT est « sûrement une de celles, si ce n’est la seule, à être présente dans les 33 communes du pays. »

    Soixante bougies, donc, qui s’accumulent depuis la signature à Paris, de deux décrets, fin 1956 et début 1957. À une époque marquée par les premières mesures de décentralisation et par les poussées autonomistes dans de nombreuses colonies, ces décrets réorganisent les services postaux d’outre-mer : à chacune un office local des postes et télécommunications autonome, sous la tutelle, tout de même, d’un office national à Paris. La Nouvelle-Calédonie a eu le sien le 1er janvier 1958.

     

    La poste est née un siècle plus tôt

    Mais quand l’OPT naît, la Poste, elle, a déjà 99 ans sur le Caillou. Dès 1859, est lancée, sous l’autorité du Port, la Direction des postes, une première « agence » à l’actuelle rue de la République, une première ligne de courrier entre Nouméa et Canala, entre lesquelles des « porteurs », pas encore facteurs, font circuler à pied des boîtes scellées contenant le courrier. S’y ajoutent bientôt les tours de côtes, qui ne s’arrêteront qu’en 1948, les messageries automobiles, au début du XXe, le transport aérien à partir de 1931… Ainsi, juste avant la création de l’Office, les « PTT » qui gèrent aussi la radiotélégraphie intérieure, disposent d’un réseau d’une trentaine de bureaux de poste, d’une flotte de camions, et voient circuler plusieurs dizaines de milliers de lettres chaque année. Pour Paris, la création de l’Office « doit permettre d’améliorer la rentabilité avec des méthodes plus souples et plus commerciales » et « faciliter l’accès des fonctionnaires autochtones à tous les échelons de la hiérarchie ».

     

    « Nouvelle jeunesse » ?

    Plus souple financièrement, l’OPT peut aussi emprunter, ajuster ses tarifs et planifier ses investissements. D’ailleurs, « la période de mise en place et d’organisation fut aussi celle de la modernisation », note Georges Kling, qui en fut le premier directeur. Téléphones automatiques, machines à affranchir, centre des chèques postaux apparaissent en quelques mois… « Pour son centenaire, le vieux service des Postes semblait vouloir faire peau neuve », continue l’auteur de l’Histoire de la Poste et des timbres en Nouvelle-Calédonie.

    60 ans plus tard, les dirigeants de l’OPT, établissement public à caractère industriel et commercial de la Nouvelle-Calédonie, promettent une « nouvelle jeunesse » à l’Office. « L’environnement très stable de 1958 n’existe plus, note Gaël Yanno, le président du conseil d’administration. Il faut que l’OPT fasse les bons arbitrages pour rester compétitif ». Philippe Gervolino, « regarde dans le rétroviseur » avec satisfaction : « Entre les 100 à 150 personnes de 1958 aux 1 200 d’aujourd’hui, quel chemin parcouru ! ».

     

    En 2018, l’heure de « faire des choix »

    Pour l’OPT, cette année 2018 est charnière. Après OPT 2017, un nouveau plan stratégique doit fixer le cap jusqu’en 2023.

    Déjà prolongé d’un an, le plan OPT 2017 s’achève ces mois-ci pour l’Office. Depuis 2013, la feuille de route a organisé le déploiement de la fibre optique (10 % des abonnés aujourd’hui reliés), le passage à la 4G (230 sites mobiles équipés sur les 370 de l’OPT), les rénovations d’agences, la multiplication des guichets automatiques (75 aujourd’hui), ou encore la sécurisation des connexions par la « boucle Nord » ou le second câble international, dont le prestataire doit être choisi en juin… « C’était un plan très orienté vers l’équipement, résume Gaël Yanno, le président du conseil d’administration. Mais, aujourd’hui, on connaît une pression dans tous les métiers : il faut faire des arbitrages, des choix importants. »

    Le premier doit concerner la branche services financiers, très déficitaire : repoussée d’année en année, l’idée d’une banque postale « doit être tranchée ». « Pas question de renvoyer ça à plus tard, pointe-t-il, rappelant que les retours des autorités financières sont attendus. C’est en 2018 que nous allons décider. »

    Des arbitrages, il devrait y en avoir aussi du côté des services postaux, touchés par une baisse du nombre de courriers mais dynamisés, côté colis, par le e-commerce et dans les télécom, principale source de chiffre d’affaires pour l’OPT. Comment s’adapter face à la « compétition » des services de contournement comme Skype, Snapchat ou WhatsApp, jusqu’à quand tiendra le monopole dans le secteur ? « L’OPT se doit d’avoir le comportement d’une entreprise concurrentielle », répond Gaël Yanno. Le plan stratégique 2019-2023 qui doit, bien sûr, être formulé avec le gouvernement est attendu d’ici la fin de l’année. Les syndicats, se disent déjà méfiants à l’annonce des grandes orientations.

     

     

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    C’est le nombre d’agences de l’OPT, qui visite aussi 272 tribus avec la poste mobile deux fois par semaine, et compte 110 000 utilisateurs de l’Internet mobile.

     

    Repères

    Film, jeux… Offensive de communication

    « Un anniversaire cela se fête. » Pour l’OPT, pas question de laisser passer ses 60 ans : l’Office s’apprête à lancer une grande campagne de communication qui joue sur « la mémoire collective de tous les Calédoniens ». Sa pièce maîtresse : un film de 45 secondes, signé Alan Nogues, qui suit l’histoire d’une famille calédonienne au travers de ses rapports au courrier, au téléphone ou à Internet. Le message : « Vous vivrez toujours de grands moments, nous serons toujours là pour vous aider à les partager. » Télé, ciné, réseaux sociaux… Ce spot « 100 % local », de la musique aux acteurs, sera visible partout et doit être complété par des jeux en ligne. En milieu d’année l’OPT organisera ainsi un concours invitant les participants à recréer leurs photos du passé. L’animation devrait aussi s’organiser dans les agences, où décorations et cadeaux ont été créés pour l’occasion.

     

    Monopole : au moins jusqu’à 2023

    « Aménageur du territoire », l’OPT s’est vu, au fil des ans, conforté dans un monopole de télécommunications : l’Office construit, gère et entretient les réseaux, vend du débit à l’ensemble des fournisseurs d’accès Internet et est le seul opérateur téléphonique, fixe ou en mobile. Jusqu’à quand ? Au moins jusqu’à 2023 d’après la déclaration commune signée en fin d’année dernière avec le gouvernement. Mais cette déclaration n’engage a priori que l’exécutif actuellement en place.

     

    L’OPT, avant et après…

    ■ 4 août 1859 : premier courrier régulier entre Port de France (Nouméa) et Canala
    ■ 1872 : début du service de cabotage autour de la Grande Terre, futur « Tour de côte »
    ■ 1876 : Une dizaine de bureaux de postes, premiers vendeurs de timbres
    ■ 1879 : Service des postes et télécommunications (PTT)
    ■ 1883 : Premiers casiers personnels à la poste de Nouméa (50 F/an)
    ■ 1893 : Arrivée du télégraphe avec un câble sousmarin relit Ouaco à Bundaberg en Australie
    ■ 1904 : Débuts des messageries automobiles
    ■ 1925 : Premières communications radiotélégraphiques pointe de l’Artillerie
    ■ 1948 : Station de Nouméa du Réseau Général Radioélectrique géré par les PTT
    ■ 1er janvier 1958 : Création de l’Office des postes et télécommunications de Nouvelle-Calédonie.
    ■ 1959 : début de la radiotéléphonie en Calédonie : pour la première fois, on peut parler avec la Métropole. Mise en service des machines à affranchir et des CCP
    ■ 1970 : développement des réseaux hertziens sur la côte Ouest
    ■ 1976 : Station de télécommunications par satellites de l’île Nou
    ■ 1988 : La Nouvelle-Calédonie compétente en matière de télécommunications et postes intérieurs
    ■ 1999 : le Congrès demande le transfert de la compétence postes et télécommunications extérieures
    ■ 2001 : débuts de l’ADSL
    ■ 1er janvier 2003 : la gestion de l’OPT est confiée à la Nouvelle-Calédonie
    ■ 2008 : Mise en service du câble sous-marin Gondwana, qui relie le Caillou à l’Australie. La connexion internet ne passe plus par satellite.
    ■ 2011 : Lancement de la 3G pour les Jeux du Pacifique
    ■ 2015 : Lancement de la 4G ■ 2016 : plan de déploiement de la fibre optique
    ■ 2018 : Inauguration du nouveau centre de traitement postal à Ducos

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