fbpx
    Nouvelle Calédonie
  • Olivier Poisson | Crée le 04.10.2018 à 04h30 | Mis à jour le 04.10.2018 à 10h30
    Imprimer
    S’il a répondu à nos question depuis la Métropole, Olivier Sadran a expliqué s’être rendu à huit reprises sur le territoire. (Photo Frédéric Maligne)
    SOCIÉTÉ. Le président fondateur de Newrest a tenu à faire le point sur la crise qui touche actuellement les cantines du Grand Nouméa.Il n’entend pas voir sa société servir de bouc émissaire et estime qu’elle fait beaucoup pour moderniser l’outil et maintenir des emplois.

    Lorsqu’il évoque l’entreprise qu’il a créée, Olivier Sadran met tout de suite en avant son côté « familial » et son « excellente réputation » alors qu’elle sert quotidiennement plus d’un million de repas dont certains « à des conducteurs de train, des pilotes de ligne et même aux joueurs du PSG ».

    C’est dire si la crise qui touche son entreprise sur le Caillou, et dont « les répercussions se font ressentir bien au-delà du territoire », l’affecte : « Notre groupe vit très très mal cette crise qui met à mal notre notoriété ».

    Les attaques dont Newrest est la cible depuis les premières suspicions d’intoxications alimentaires d’écoliers lui paraissent injustes : « Jusqu’à présent, et je dis bien jusqu’à présent, aucune analyse ne nous met en cause. Nous ne sommes évidemment pas à l’abri, mais pour l’instant personne ne comprend réellement ce qui se passe. Les experts sont dubitatifs et il s’agit peut-être même d’actes de malveillance. C’est pour cette raison que je ne peux supporter que nous ne soyons en ce moment qu’une cible ».

    D’abord chez Vale NC

    Olivier Sadran tient à rappeler l’histoire de son entreprise en Calédonie : « Nous sommes arrivés en 2015 après avoir remporté un appel d’offres chez Vale qui avait alors, les cours du nickel état très bas, des difficultés économiques. Nous avons réussi à baisser les prix et la qualité de service est approuvée par Vale depuis. Nous avons ensuite répondu à un appel d’offres lancé par Sodexo qui voulait faire reprendre la Restauration française. Nous avons été les seuls à le faire parce que le marché était peu lucratif. Il faut aussi s’interroger sur les raisons qui ont poussé un grand groupe comme la Sodexo à quitter le territoire. Il y avait forcément déjà des problèmes ».

    Et des problèmes, le groupe Newrest en a rencontrés beaucoup en reprenant la Restauration française : « Nous avons trouvé un outil de production qui était dans un état de délabrement avancé. Nous avons pourtant accepté, à la demande de la DAE et du gouvernement, de baisser les tarifs de 2 % et de supporter économiquement le passage à la liaison froide tout en préservant les emplois. Nous avons aussi lancé plusieurs plans de formation et mis en place un plan d’investisssement conséquent ».

    Une modernisation indispensable aux yeux d’Olivier Sadran : « Le système de restauration scolaire en Calédonie est totalement obsolète. Il y a encore des liaisons chaudes qui obligent, et ce n’est pas très écologique, à faire plusieurs livraisons dans les écoles pour les différents produits. Nous sommes aussi obligés de faire de grands plats et les cantinières ont forcément du mal à répartir entre les enfants. Sans parler de ces mêmes plats qui doivent ensuite retourner vers la cuisine centrale. Nous avons prévu de faire de très importants travaux pendant les grandes vacances, pour près de 250 millions de francs, afin de valider la liaison froide qui est la seule garante d’une meilleure sécurité alimentaire. Les transports seront ensuite moins nombreux et se feront dans des camions frigorifiques. »

    Un expert attendu

    Et lorsqu’il est question de traçabilité des matières, le chef d’entreprises est aussi formel : « Nous faisons tous les contrôles nécessaires à partir du moment où les produits arrivent chez nous, mais nous ne sommes pas responsables des produits qui arrivent en Calédonie, c’est du ressort du gouvernement ».

    Le gouvernement, Olivier Sadran regrette de n’avoir pas pu le rencontrer : « Je suis venu huit fois sur le territoire depuis 2015. La dernière, c’était en août et la crise avait débuté. J’ai demandé à voir le président, mais il n’a pas pu me recevoir pour des raisons d’agenda. Ce que je regrette, tout comme le fait que lors de la dernière réunion, les institutions n’ont pas voulu que je participe en visioconférence, ni même que ma responsable de la sécurité alimentaire, qui a trente ans d’expérience, soit présente. Je suis par ailleurs surpris que nous n’ayons pu avoir aucun échange avec les médecins qui ont traité les enfants ».

    Pour autant, Olivier Sadran se dit très « respectueux des institutions » et n’entend pas entamer un bras de fer. Il espère pouvoir « collaborer avec toutes les parties » même s’il rappelle avoir porté plainte contre X, « pour le cas où il s’agirait de malveillance » et ne s’interdit pas de le faire en diffamation envers certaines « associations qui parlent sans savoir ».

    S’il est combatif face aux jugements qu’il juge hâtifs, Olivier Sadran entend aussi faire son mea culpa : « Nous avons fait plusieurs erreurs. En sous-estimant l’état de l’outil de production tout d’abord. Puis en voulant aller trop vite dans le changement, ce qui a amené deux jours de grève du personnel en début d’année qui ont posé problème. Nous en avons d’ailleurs tiré des conséquences en changeant de directeur ».

    Aujourd’hui, et alors que le gouvernement a annoncé avoir demandé une désinfection complémentaire de la cuisine centrale, Newrest a été obligé de placer 69 personnes au chômage partiel.

    « Au vu des analyses, nous trouverions pourtant cohérent de redémarrer la production », explique encore Olivier Sadran, qui a diligenté par ailleurs un spécialiste en microbiologie sur le territoire pour vérifier que rien n’avait échappé à sa société.

    Il conclut en expliquant comprendre les craintes des parents, mais assure que l’investissement de Newrest est « total » et qu’il est toujours décidé à faire les efforts financiers nécessaires pour proposer un outil moderne, et donc plus sûr, aux cantines et aux enfants. Mais avant tout, il veut « surtout que les employés de Newrest puissent retrouver leur fierté. » 

     

    A savoir

    « Faible présence de bactéries »

    De nouveaux résultats sont tombés hier. Selon les prélèvements du Sivap après désinfection des cuisines de Newrest, « une faible présence de bactéries a encore été constatée », note le gouvernement dans un communiqué. Un nettoyage « complémentaire » a donc été demandé avant d’autoriser la reprise de l’activité Newrest, à l’exception de la restauration scolaire.

    Si la piste bactérienne (recherche de staphylocoques et de bacillus cereus) n'est pas abandonnée, l'exécutif rappelle qu'il est « nécessaire de porter les efforts sur la piste toxicologique (recherche de produits toxiques, métaux lourds, produits vomitifs, etc.). » Des prélèvements ont donc été envoyés en Métropole pour « une large recherche de tout élément toxicologique susceptible d’expliquer les épisodes à répétition des toxi-infections alimentaires collectives. » A suivre.

    Repas suspendus jusqu'au 12 octobre

    Les services de cantine dans les écoles primaires et maternelles publiques sont suspendus jusqu’aux prochaines vacances, le vendredi 12 octobre dans les quatre communes du Grand Nouméa, selon une décision prise en concertation avec le gouvernement et la province Sud.

    La mairie de Nouméa, tout comme celle du Mont-Dore, indique que les repas non servis en septembre et en octobre seront remboursés aux parents. Côté organisation des déjeuners, rien ne change pour les quatre communes. Pour les six prochains repas, les parents peuvent « soit récupérer leurs enfants pour les faire déjeuner, et les ramener à l’école avant la reprise des cours », « soit leur déposer, uniquement à partir de 11 h 15, un déjeuner froid qui sera consommé sous la surveillance du personnel des cantines. » Pour les enfants qui restent à l’école sans avoir de déjeuner, une collation gratuite sera servie par la mairie, à partir de 11 h 45.

     

    Olivier Sadran : une carrière entière dans la restauration, et la passion du football

    Olivier Sadran a créé sa première entreprise de restauration pour les ouvriers du bâtiment en 1990. Elle sera par la suite revendue à la société Sodexo, l’un des leaders mondiaux du secteur. Il crée ensuite une société de traiteur, Catair, qu’il installe à l'aéroport de Toulouse Blagnac. Elle va rapidement se développer et s'étendre à d'autres plates-formes aériennes françaises. En 2000, la multinationale britannique Compass Group prend des parts de la société, puis organise un rapprochement avec sa filiale Eurest Inflight, spécialisée elle aussi dans les services de traiteur. Olivier Sadran prend la direction de l’ensemble. En 2005, Compass Group se sépare de ce secteur et la société est alors rachetée par sa direction et ses principaux cadres, devenant la société Newrest. Olivier Sadran en prend la direction. Il est également président de Bébébiz, acteur majeur dans la gestion des crèches de la région toulousaine. Il est surtout connu du grand public en tant que président, depuis 2001, du Toulouse Football Club, qui évolue en Ligue 1. Le Groupe Newrest compte 30 800 collaborateurs présents dans 49 pays, le chiffre d’affaires généré s’élève à 1,8 milliards d’euros en 2017 (216 milliards de francs). (Source Wikipédia)

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS