- Baptiste Gouret | Crée le 20.08.2025 à 12h40 | Mis à jour le 21.08.2025 à 17h31ImprimerLe ministre des Outre-mer, Manuel Valls, s’est rendu, comme le veut la pratique, au Sénat coutumier ce mercredi 20 août pour la première séquence de son déplacement de quatre jours en Nouvelle-Calédonie. Photo Baptiste GouretPour la première séquence de sa visite en Nouvelle-Calédonie, Manuel Valls s’est rendu au Sénat coutumier ce mercredi 20 août. L’occasion pour les sénateurs de faire part de leurs réserves concernant l’accord de Bougival, qu’ils estiment "déséquilibré". Le ministre a défendu ce compromis, qualifié d'"opportunité historique" et de seule option possible à ses yeux.
Encadrés par un important dispositif de gendarmerie, une dizaine de militants indépendantistes se sont réunis ce mercredi matin à l’entrée de Nouville, brandissant des drapeaux du FLNKS et une banderole "Non à Bougival" en attendant le passage de Manuel Valls. Un avant-goût de l’opposition d’une partie des indépendantistes, appelés à se mobiliser pacifiquement, à laquelle le ministre des Outre-mer devrait être confronté durant son déplacement de quatre jours en Nouvelle-Calédonie. Cinq semaines après la signature de l’accord de Bougival, Manuel Valls est de retour pour la quatrième fois sur le territoire afin de "conforter" ce compromis, désavoué depuis par le FLNKS et plusieurs institutions représentatives du monde kanak.

À l’entrée de Nouville, une dizaine de militants indépendantistes ont exprimé leur refus de l’accord de Bougival. Photo Baptiste GouretParmi elles, le Sénat coutumier, où le ministre était attendu pour entamer sa visite, ce mercredi. Son président n’a d’ailleurs pas manqué de le rappeler. "Nous avons constaté en l’étudiant que le projet d’accord est totalement déséquilibré", a fait remarquer Mahe Gowe au ministre, évoquant la "ligne de fracture" que le document aurait provoquée entre deux camps.
"Sortir du confort habituel de la confrontation"
L’accès à la pleine souveraineté, par le transfert des compétences régaliennes, est, selon lui, "verrouillé" par la règle des 36 élus du Congrès à rassembler, sur les 56 qui composent l’hémicycle. "Pourquoi avoir abandonné la voie claire de l’indépendance-association ?", a interrogé Mahe Gowe, en référence au projet porté en mai à Deva par Manuel Valls, mais rejeté par les délégations Le Rassemblement et Les Loyalistes.
Surtout, les représentants du Sénat coutumier ont indiqué regretter en particulier l’invisibilisation du peuple kanak dans l’accord, cité à une seule reprise dans le document. "Ce silence n’est pas un détail. Il est vécu comme une mise à l’écart de notre peuple, comme si nous étions effacés de notre propre histoire […] Aujourd’hui, avec l’orientation issue de Bougival, nous voyons se dessiner la même trajectoire d’incertitude, qui nous rappelle les temps sombres de 1984-1988", estime Mahe Gowe.

Manuel Valls et Mahe Gowe, président du Sénat coutumier, à l’arrivée du ministre au siège de l’institution, à Nouville, ce mercredi 20 août. Photo Baptiste GouretFace à ces critiques, le ministre des Outre-mer s’est livré à un exercice qu’il va devoir reproduire tout au long de la semaine : convaincre les indépendantistes qui veulent tourner la page de Bougival. Cet accord "est un pari inédit de la confiance et de l’avenir", a redit Manuel Valls aux sénateurs, en listant les grands principes qu’il porte (État de Nouvelle-Calédonie, nationalité calédonienne…). Le mécanisme de transfert des compétences régaliennes, vu comme une porte fermée à l’indépendance, "oblige simplement à trouver des majorités parfaitement atteignables" au Congrès, et à "sortir du confort habituel de la confrontation pour chercher le consensus".
L’accord de Kanaky, "c’est impossible"
Quant à la reconnaissance de l’identité kanak, elle est inscrite" "dès le début du texte" et "sa place, son rôle fondateur sont reconnus et doivent continuer à être honorés", a insisté le ministre, tout en vantant le "peuple calédonien" que doit participer à former ce compromis.
"L’accord de Bougival est une opportunité historique, saisissez-la", a lancé le ministre aux sénateurs, avant d’ajouter : "Je suis convaincu qu’il n’y a pas d’alternative crédible." Celle proposée par le FLNKS, lors de son congrès de La Conception, "n’est pas possible", a assuré Manuel Valls. La signature d’un "accord de Kanaky" le 24 septembre 2025 pour une accession à l’indépendance en 2027, "nous n’y arriverons pas". Le ministre des Outre-mer doit toutefois recevoir une délégation du FLNKS, en début d’après-midi au haut-commissariat. "Je suis très déterminé à mettre en œuvre l’accord de Bougival, mais aussi à écouter, à l’éclairer, à le compléter, à travailler ensemble."
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