- Anthony Tejero | Crée le 17.05.2025 à 11h22 | Mis à jour le 19.05.2025 à 15h33ImprimerLes députés LFI Mathilde Panot et Bastien Lachaud, ont organisé un temps d’échanges avec la presse à l’issue de leur visite de neuf jours en Nouvelle-Calédonie. Photo Anthony TejeroÀ l’issue d’un déplacement de neuf jours sur le Caillou, les députés insoumis Mathilde Panot et Bastien Lachaud ont tiré un bilan de leur visite, particulièrement "inquiets" de la crise sociale dans laquelle s’enlise "jour après jour" le pays, plaidant en faveur de "fonds d’urgence" de l’État. L’occasion, une fois n’est pas coutume pour les insoumis, de saluer la méthode de Manuel Valls qui a permis de remettre les politiques autour de la table et qui voit d’un bon oeil sa proposition de souveraineté partagée. Des élus qui demandent toujours la libération des "prisonniers politiques", notamment ceux détenus dans l’Hexagone.
Un déplacement de Koné à Lifou en passant par Saint-Louis
Alors que Mathilde Panot et Bastien Lachaud achèvent leur visite sur le Caillou, les députés insoumis ont organisé un temps d’échanges avec la presse, ce vendredi 16 mai, pour tirer un bilan de ce séjour qui intervient à un "moment important de l’histoire de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie", au-delà de la seule date anniversaire du déclenchement de la crise insurrectionnelle.
Pendant une semaine, les parlementaires ont ainsi sillonné le pays en se rendant à Lifou, à Koné, à Voh (dans l’usine du Nord fermée), à Canala et à Houaïlou, avant de descendre à Nouméa où ils se sont rendus au Camp-Est et où ils avaient prévu, avant de redécoller dans la nuit, de se déplacer dans certains quartiers populaires. Ils ont également profité de leur passage dans l’agglomération pour aller à Saint-Louis. Objectif affiché : "venir pour écouter" afin de "comprendre le territoire", assure Mathilde Panot.
Une crise sociale qui nécessite des "fonds d’urgence"
La "première alerte" et la priorité pour LFI concernent la crise sociale qui secoue le pays, et dont la fin du dispositif de chômage partiel en juin prochain, risque d’aggraver une situation déjà précaire pour des milliers de personnes. "Les vols alimentaires commencent à se multiplier. On est sur un territoire qui est en train de couler et tout le monde nous dit qu’il coule de plus en plus jour après jour", insiste Mathilde Panot, qui plaide en faveur d’un déblocage de "fonds d’urgence" pour la Nouvelle-Calédonie. Et ce, de la part de l’État, qui à travers son "passage en force" (sur la question du dégel électoral), est en partie "responsable" de la crise et doit ainsi "réparer les dégâts qu’il a provoqués".
À ce sujet, le groupe insoumis à l’Assemblée nationale compte faire pression pour que la deuxième tranche du prêt de l’État dont le taux est jugé "très élevé" et qui est prévue d’ici juillet, puisse être transformée en subventions. "C’est l’une des choses qui pourraient être imaginées pour aider immédiatement la Kanaky-Nouvelle-Calédonie. Et c’est évident qu’on interpellera le gouvernement à notre tour sur le sujet", assure la porte-parole de LFI car "l’État doit comprendre que nous ne sommes pas sur une situation qui peut encore attendre quelques semaines et qui pourrait être assortie de nombreuses conditionnalités (comme la mise en place rapide de réformes, N.D.L.R) car elle pose un vrai risque de bombe sociale. Cette crise n’est pas tombée du ciel et l’État doit assumer sa responsabilité".
Avenir institutionnel : Valls a "repris le chemin de la partialité de l’État"
Si le "conclave" de Deva, s’est soldé par un échec des négociations puisqu’aucun accord n’en est ressorti, les insoumis voient plutôt d’un bon oeil la méthode engagée par Manuel Valls et donc son projet de souveraineté partagée mis sur la table. "Évidemment, ce n’est pas notre rôle, en tant que parlementaires français, de dire ce à quoi doivent aboutir les discussions ou de nous positionner sur les unes ou les autres de ces positions", juge bon de rappeler Mathilde Panot. Néanmoins, la chef de file insoumise "observe", avec son homologue, "en tant que fervents opposants politiques" au ministre, que "par le biais de Manuel Valls, tout le monde s’est remis autour de la table, ce qui est une étape importante sur les discussions." Et ce, d’autant plus qu’au sujet de la proposition du représentant de l’État, à savoir la souveraineté partagée, "on a les trois cinquièmes du Congrès (dont le camp indépendantiste, Calédonie ensemble et l’Éveil océanien, N.D.L.R.) qui avaient un accord pour partir en discuter, ce qui est une base qui est intéressante pour la poursuite" des négociations, que ces députés appellent de leurs vœux ces prochaines semaines, car "il faut tout faire pour trouver un accord".
En d’autres termes, la méthode du ministre, radicalement différente de celle de ses prédécesseurs, semble bonne pour LFI. "Nous constatons que depuis le troisième référendum, depuis la nomination de Madame Backès (en tant que secrétaire d’État, N.D.L.R), depuis le passage en force sur la réforme du corps électoral, ce qui pose problème, c’est le gouvernement (national), qui d’une certaine manière a rompu son rôle d’impartialité et a importé le problème de Kanaky-Nouvelle-Calédonie en Hexagone en en faisant un sujet politique, dénonce Bastien Lachaud. Aujourd’hui, Manuel Valls a réussi à rompre ce cycle infernal et à reprendre, d’une certaine manière, le chemin de l’impartialité."
La libération des "prisonniers politiques" est "indispensable"
Sans surprise, les deux députés insoumis plaident pour la libération des "prisonniers politiques" de la CCAT, dont ils contestent également la légitimité de leur envoi dans des centres de détention de l’Hexagone.
"Transférer à 17 000 kilomètres un prisonnier fait partie d’une histoire qui renvoie à une certaine forme de brutalité et à une manière coloniale de faire les choses. Quand vous regardez dans l’histoire longue, à chaque fois qu’il y a eu des rébellions ou des révoltes, on a pris les gens et on les a emmenés très loin. C’est cette brutalité à laquelle cela renvoie et c’est comme ça que c'est perçu en Kanaky-Nouvelle-Calédonie", analyse Mathilde Panot, pour qui ce transfert pose aussi des problèmes au regard du droit international, notamment sur le respect de droits fondamentaux comme les visites de la famille et des proches aux détenus.
Dans ce contexte, les députés jugent "indispensable" leur libération. "Dans tous les échanges que nous avons eus, tant en province des Îles qu’en province Nord ou à la tribu de Saint-Louis, la question des prisonniers politiques est revenue. Donc on voit bien que c’est là un profond traumatisme qu’il convient de résoudre pour qu’on puisse passer à autre chose, estime Bastien Lachaud. D’une certaine manière, il faut essayer de passer l’éponge et d’avancer. C’est ce qui s’est fait en 1988, c’est comme ça, aussi, que l’on peut réussir à construire du vivre ensemble et un destin commun, en tirant un trait et en faisant le pari de l’intelligence."
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